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La Russie menace de ne pas prolonger son traité nucléaire avec les États-Unis

Le président de la Russie, Vladimir Poutine
Le président de la Russie, Vladimir Poutine Photo: AP Photo/Dmitri Lovetsky, Pool

Le président russe Vladimir Poutine a menacé jeudi de laisser expirer en 2021 l’important traité de contrôle des armements nucléaires stratégiques START avec les États-Unis, si ces derniers ne montrent pas l’intention de le prolonger.

«Si personne ne souhaite prolonger l’accord START, alors nous ne le ferons pas […] Nous avons dit 100 fois que nous y étions prêts», a déclaré M. Poutine lors d’une rencontre avec des responsables d’agences de presse en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest).

«Jusqu’à présent, personne ne négocie avec nous. Le processus de pourparlers formels n’est toujours pas lancé, bien que tout expire en 2021», a ajouté M. Poutine.

Ce traité bilatéral de réduction des armes stratégiques, dont le dernier volet baptisé «New START» a été signé en 2010, maintient les arsenaux nucléaires russe et américain bien en deçà du niveau de la Guerre froide. Il arrive à échéance en 2021, dans une période de fortes tensions entre les deux plus grandes puissances nucléaires.

Si le traité expire sans l’adoption d’une nouvelle version, «il n’y aura plus aucun instrument limitant la course aux armements, avec par exemple l’envoi d’armes dans l’espace», a poursuivi le président russe, avertissant que «au dessus de la tête de chacun de nous se tiendront des armes nucléaires».

«Nous avons de nouveaux systèmes capables de garantir la sécurité de la Russie sur une période assez longue», a affirmé M. Poutine, assurant que son pays a «dépassé ses concurrents en terme de création de systèmes hypersoniques».

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait estimé en avril que la Chine devrait se joindre au prochain traité START, auquel ne sont pour le moment astreints que Moscou et Washington.

La Russie et les États-Unis ont déjà suspendu cette année leur participation au traité de désarmement nucléaire INF portant sur les armes à portée intermédiaire (de 500 à 5 500 km) signé pendant la Guerre froide, s’accusant mutuellement de le violer.

Dans ce contexte, Vladimir Poutine a donné l’ordre de mettre au point de nouveaux types de missiles terrestres dans les deux ans et a menacé fin février, dans un discours devant le Parlement russe, de déployer les nouvelles armes «invincibles» mises au point par son pays pour viser les «centres de décision» dans les pays occidentaux.

«Dans la réalité actuelle, il n’y a pas la moindre chance de parvenir à quelque nouvel accord que ce soit», a estimé auprès de l’AFP l’expert russe Alexandre Khramtchikhine.

L’absence de négociations sur la prolongation du traité START suscite aussi l’inquiétude chez les rivaux démocrates de Donald Trump aux États-Unis. Huit membres du Congrès l’ont exhorté mercredi dans une lettre à ne pas commettre une «erreur grave pour la stabilité stratégique et la sécurité» du pays.

Si le traité expire, «la Russie sera en mesure d’accroître rapidement la taille de son arsenal nucléaire, forçant les États-Unis à mener une extension coûteuse et inutile de notre propre triade nucléaire afin de maintenir la parité stratégique», indique la lettre.

Selon le centre de recherche Arm control Association, les Etats-Unis comptent 6 550 têtes nucléaires, et la Russie 6 850.

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