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Soudan: un accord de partage du pouvoir signé

Le général Mohammed Hamdan Dagalo et Ahmad al-Rabiah, leader du mouvement pro-démocratie Photo: Mahmoud Hjaj/AP
Rédaction - Agence France-Presse

Les généraux au pouvoir et les meneurs de la contestation au Soudan ont signé mercredi un accord sur le partage du pouvoir, qualifié de «crucial», après des mois de manifestations marqués par la destitution du président Omar el-Béchir et une répression brutale.

Tôt mercredi, après des négociations qui ont duré toute la nuit, les deux parties ont paraphé une «déclaration politique», premier pas vers un gouvernement civil, principale revendication des contestataires.

Des discussions doivent encore avoir lieu dans les prochains jours sur d’autres points, notamment sur l’«immunité absolue» réclamée par les militaires au pouvoir et rejetée par le mouvement de contestation.

Un Conseil souverain composé de cinq militaires et six civils sera chargé de mener la transition pendant un peu plus de trois ans. Les militaires présideront cette instance pendant les premiers 21 mois, les civils prendront la relève pour les 18 mois restants.

A l’issue de la rencontre dans un hôtel de luxe de Khartoum, le numéro 2 du Conseil militaire au pouvoir, Mohamed Hamdan Daglo dit «Hemeidti», également commandant des redoutées Forces de soutien rapide (RSF), a salué un moment «historique».

Après avoir apposé ses initiales sur le document, il a déclaré que cette signature ouvrait «une nouvelle ère prometteuse de collaboration entre les forces armées, les RSF et les dirigeants de la glorieuse révolution soudanaise».

«Aujourd’hui, nous nous sommes accordés sur la déclaration politique», a indiqué pour sa part Ibrahim al-Amin, un des meneurs de la contestation. «Pour le document constitutionnel, nous reprendrons les négociations vendredi», a-t-il ajouté.

Alors que les généraux quittaient l’hôtel, des employés de l’hôtel et des journalistes ont scandé «gouvernement civil». Des dizaines de personnes rassemblées dans le quartier ont repris ce slogan de la contestation.

En début d’après-midi, quelques dizaines d’étudiants ont scandé à tue-tête «révolution» et «gouvernement civil» devant leur université à Khartoum.

«En tant que citoyens, nous sommes plutôt satisfaits par cet accord. Mais nous voulons aussi venger nos martyrs», lance une étudiante, Iman Tayfor, en allusion aux manifestants tués pendant la répression du mouvement de contestation.

«On ne se taira pas tant que le gouvernement ne sera pas entièrement donné aux civils», renchérit un de ses camarade, Ahmed Abdlehalib.

Le Conseil militaire et l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, «ont conclu un accord très important qui constitue une étape cruciale vers une réconciliation globale», s’est félicité le médiateur de l’Union africaine (UA), Mohamed El Hacen Lebatt, après avoir paraphé le document.

L’ALC et le Conseil militaire, qui a succédé le 11 avril à M. Béchir destitué après 30 ans au pouvoir, s’étaient accordés le 5 juillet sur le principe d’un partage du pouvoir, grâce à une intense médiation de l’UA et de l’Ethiopie.

Mais les pourparlers sur des détails de l’accord avaient été repoussés à plusieurs reprises ces derniers jours.

Selon le mouvement de contestation, les généraux ont réclamé une «immunité absolue» en lien avec la répression des manifestations qui secouent le pays depuis le 19 décembre, une demande inacceptable pour les manifestants.

Le 3 juin, des hommes armés avaient dispersé dans le sang les milliers de manifestants campant devant le siège de l’armée à Khartoum. Cette opération, dont les responsables n’ont pas été officiellement désignés, avait fait des dizaines de morts selon un comité de médecins proche de la contestation, et des centaines de blessés.

Ces dernières semaines, les contestataires ont réclamé que les responsables de la répression soient jugés.

«Il n’y a pas de différend sur l’immunité», a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi.

Outre l’immunité, restent encore en suspens la question de la création d’un Parlement de transition et celle du retrait des milices encore présentes à Khartoum et dans d’autres villes.

Lundi, des rassemblements spontanés avaient eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale soudanaise après la mort d’un homme tué par balle dans le sud-est du pays. Le décès s’est produit alors que des habitants réclamaient le départ de leur ville des forces paramilitaires des RSF.

Considérés comme un avatar des milices arabes Janjawids qui ont terrorisé le Darfour dans le conflit qui ravage cette province de l’ouest depuis 2003, les RSF sont accusées d’être responsables de la répression du sit-in le 3 juin.

«Hemeidti» a nié, dénonçant une tentative de ternir l’image de ses forces.

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