Hong Kong: la police se défend après un tir de sommation
La police de Hong Kong a défendu lundi le recours à des canons à eau et le tir d’un coup de semonce la veille après plus de deux mois de manifestations pro-démocratie, expliquant avoir fait face à des protestataires «extrêmement violents».
Les affrontements de dimanche à Tsuen Wan, dans la banlieue de l’ex-colonie britannique, ont été parmi les plus violents depuis le début en juin du mouvement contre le gouvernement local soutenu par Pékin.
Ce territoire semi-autonome traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 et les tensions ne montrent guère de signes d’affaiblissement.
«Des manifestants extrêmement violents ont dévié du parcours initial, obstruant les routes, vandalisant les magasins et les tunnels, lançant des cocktails Molotov, des briques et divers projectiles sur les policiers», a dit lundi la police dans un communiqué.
À la nuit tombée dimanche, un groupe d’officiers de police s’est retrouvé coincé par des manifestants armés notamment de briques et qui les menaçaient, a poursuivi la police.
Un policier est tombé au sol sous une pluie de coups d’«émeutiers» ayant «la claire intention de le tuer», a déclaré lundi après-midi au cours d’une conférence de presse Mak Chin-ho, un haut responsable de la police.
«Un officier a alors effectué un tir de sommation en l’air», a-t-il ajouté, six de ses collègues dégainant leurs armes par sécurité.
C’est, semble-t-il, la première fois qu’une balle est tirée depuis le début de la crise.
La police a également défendu le recours la veille à des canons à eau. Les forces de l’ordre avaient jusqu’ici toujours affirmé ne vouloir utiliser cette technique de dispersion qu’en cas de «perturbation à grande échelle de l’ordre public».
Courants dans de nombreux pays, ils constituent une grande nouveauté à Hong Kong, où ils n’avaient encore jamais été employés contre des manifestants.
En outre, la police a condamné fermement les manifestants ayant «délibérément blessé des policiers», soulignant que 21 membres des forces de l’ordre ont été blessés dans ces échauffourées.
Plusieurs dizaines de contestataires, dont un âgé de 12 ans, ont été interpellés pour rassemblement illégal, possession d’armes et agression de la police.
Plus tôt lundi, la police avait appelé le public «à se dissocier clairement» des manifestants violents, promettant «des mesures implacables» pour traduire les contrevenants en justice.
«L’antagonisme est trop grand dorénavant entre le mouvement pro-démocratie et la police pour être résolu», a déclaré lundi à l’AFP un manifestant de 20 ans et présent à la manifestation de la veille.
L’après-midi de dimanche avait commencé par une marche autorisée de milliers de Hongkongais pacifiques sous leurs parapluies à travers Tsuen Wan.
En début de soirée, des heurts se sont produits entre des manifestants radicaux, – vêtus de noir, équipés de casques et masques à gaz – et les forces de l’ordre, échangeant cocktails Molotov contre gaz lacrymogènes.
Né de l’opposition à un projet de loi – désormais suspendu – visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, le mouvement s’est mué en une campagne plus large en faveur d’un système plus démocratique.
Depuis juin, le gouvernement central basé à Pékin a eu recours à tout un éventail de méthodes, allant de l’intimidation à la propagande en passant par la pression économique, pour tenter de contenir la contestation sur ce territoire qui est aussi un centre financier international.
La désinformation est cependant présente dans les deux camps, y compris celui des manifestants, où manipulations, rumeurs et théories du complot fleurissent.
Samedi, Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif hongkongais, qui a récemment évoqué la recherche d’un «dialogue», a rencontré des personnalités politiques et du monde de l’éducation pour discuter de la situation.
«Mais peut-on nommer une seule personne en mesure de représenter honnêtement et véritablement les protestataires dans la rue? Non. Pas une seule», a déclaré à la presse lundi le parlementaire James To Kun-sun, qui soutient le mouvement.
La tournure violente des événements de la veille a secoué lundi la Bourse de Hong Kong, qui a lâché près de 2%.