Rencontre rapprochée avec un astéroïde
La Terre et l’humanité doivent leur existence à des collisions avec des astéroïdes et des comètes survenues il y a très longtemps. Bien qu’ils soient maintenant moins nombreux, les astéroïdes géocroiseurs nous rappellent que ce phénomène est toujours possible.
Vendredi à 14 h 25, heure de l’Est, l’astéroïde géocroiseur 2012 DA14, passera à seulement 28 000 km de la surface de notre planète – un record de proximité! Depuis qu’on a entrepris le suivi systématique des objets géocroiseurs, au cours des années 1990, aucun objet de cette taille n’est passé si près de la Terre.
Mettons les choses en perspective : 2012 DA14 mesure environ 50 m de diamètre (la moitié d’un terrain de football), et on estime sa masse à 130 000 tonnes. Il passera à la vitesse de 13 km par seconde entre la surface terrestre et l’orbite des satellites météo! La probabilité que cet astéroïde percute un satellite est toutefois extrêmement faible.
D’ailleurs, même s’il passera très près de nous, nous ne saurons pas que 2012 DA14 est là. Il est beaucoup trop petit pour être visible à l’œil nu; et son déplacement dans le ciel sera extrêmement rapide – deux fois le diamètre de la pleine Lune à chaque minute – que seuls les observateurs expérimentés seront en mesure de le suivre au télescope.
Un «zéro» sur l’échelle de Turin
2012 DA14 inquiète-t-il les astronomes? Pas vraiment. Il n’obtient d’ailleurs qu’une cote de zéro sur l’échelle de Turin. Cette échelle compte 10 degrés et permet d’évaluer le risque que représente un objet géocroiseur, sur une période de 100 ans, en termes de probabilité de collision et d’énergie d’impact. Au degré zéro de l’échelle, le risque de collision est nul; au niveau «10», l’impact est une certitude et les conséquences dévastatrices. Dans le cas de 2012 DA14, son zéro sur l’échelle de Turin nous permet de pousser un soupir de soulagement : il ne constitue pas une menace dans l’immédiat, ni même dans un avenir prévisible. Mais cette évaluation ne concerne que cet astéroïde…
Qu’arriverait-il si un tel objet percutait la Terre? Des astéroïdes rocheux de cette taille frappent notre planète en moyenne tous les 1 200 ans.
Le dernier a explosé au-dessus de la Sibérie en 1908 : l’énergie libérée, l’équivalent d’une bombe de 5 mégatonnes, a nivelé la taïga sur 2 000 km2! Fort heureusement, l’incident s’est produit dans une région presque inhabitée et n’a pas fait de victime. Il y a 50 000 ans, un astéroïde métallique ayant une taille similaire et une vitesse comparable a percuté le sol de l’Arizona; il y a creusé un cratère d’impact large de 1 200 m et profond de 170 m.
La traque se poursuit
Grâce à la technologie moderne, nous sommes aujourd’hui beaucoup mieux équipés pour faire face aux astéroïdes ou aux comètes qui pourraient menacer la Terre. Dans le monde, des observatoires sont dédiés au repérage de nouveaux géocroiseurs, par exemple l’Observatoire astronomique de La Sagra, dans les montagnes d’Andalousie, en Espagne, où 2012 DA14 a été détecté.
Parallèlement, divers scénarios sont étudiés afin de dévier la trajectoire de géocroiseurs menaçants… pourvu qu’on les découvre suffisamment à l’avance.
Pour le moment, le passage exceptionnellement rapproché de 2012 DA14 nous rappelle que notre système solaire n’est pas aussi paisible qu’on voudrait bien le croire, et que nous devons demeurer vigilants.