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Brésil: les leaders amazoniens s’unissent contre Bolsonaro

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Raoni Metuktire Photo: John Lamparski/Getty Images
Rédaction - Agence France Presse

Avec le cacique Raoni en fer de lance, des dizaines de leaders amazoniens et représentants d’autres communautés amazoniennes sont réunis en pleine forêt cette semaine pour former une union sacrée contre la politique environnementale du président brésilien Jair Bolsonaro.

Accusant les ONG étrangères de vouloir «confiner les indigènes comme dans un zoo», le chef de l’État a notamment l’intention d’autoriser prochainement les activités minières dans les territoires réservés aux autochtones.

Mais la plupart des leaders indigènes ne l’entendent pas de cette oreille et comptent bien se mobiliser pour faire face à ce projet qui selon eux menacerait leur mode de vie traditionnel, tout en attisant les conflits fonciers en Amazonie.

Recherche de soutiens

«Je ne veux plus que personne ne meure devant moi, je ne veux pas que tout le monde s’entretue, les blancs contre les indigènes», a affirmé le chef emblématique Raoni Metuktire, lors de cette réunion organisée dans le village de Piaraçu, dans l’État brésilien du Mato Grosso (ouest), en présence de quelques journalistes, dont l’AFP.

Cette localité n’a pas été choisie par hasard: elle se trouve loin des grands centres urbains, sur les rives du fleuve Xingu, en pleine forêt vierge.

Depuis mardi et sous un soleil écrasant, les réunions débutent dès les premières heures de la journée sur la place centrale du village.

Certains indigènes entonnent des chants de guerre, d’autres s’alignent pour des danses traditionnelles, le corps peint en rouge et noir.

Le contraste des couleurs est saisissant, entre le rouge de la terre, le bleu du ciel et le vert émeraude de la forêt.

Le cacique Raoni, âgé de 89 ans, a l’intention d’apporter en personne au Congrès à Brasilia le texte qui sera rédigé à l’issue de la réunion prévue jusqu’à vendredi.

«Là-bas, je vais demander à Bolsonaro pourquoi il dit tant de mal des indigènes», a-t-il conclu, tout en soulignant l’importance d’aller «chercher des soutiens politiques» en Europe, où il se rend régulièrement.

Fin août, il avait notamment rencontré le président français Emmanuel Macron à Biarritz (sud-ouest), en marge du sommet du G7, en pleine polémique sur les feux de forêt en Amazonie.

En septembre, Jair Bolsonaro avait vivement pris à partie le cacique lors de son discours à l’assemblée générale de l’ONU, considérant que «le monopole de Raoni sur l’Amazonie est terminé». Bolsonaro «doit partir», avait rétorqué celui-ci.

Une situation préoccupante

Au-delà des leaders indigènes, cette réunion regroupe également des représentants d’autres communautés traditionnelles vivant dans la forêt, comme c’était le cas dans les années 80, avec l’Alliance des Peuples de la forêt formée par Chico Mendes, célèbre militant écologiste blanc assassiné en 1988.

«Il y a plus de 30 ans, une grande Alliance des Peuples de la forêt avait été formée. La situation politique de l’époque était aussi préoccupante que celle d’aujourd’hui», a rappelé lors de la réunion à Piaraçu Angela Mendes, fille de celui qui est vu par de nombreux activistes comme un martyr de la cause amazonienne.

«Nous vivons un moment dramatique, presque une situation de guerre», a affirmé Sonia Guajajara, coordinatrice de l’Association des peuples indigènes du Brésil (APIB).

Dans son État natal du Maranhao (nord-est), quatre indigènes ont été assassinés en six semaines.

«Nous n’acceptons pas de négocier nos territoires et nos vies pour résorber une crise économique que nous n’avons pas provoquée», a poursuivi Sonia Guajajara, candidate à la vice-présidence à l’élection d’octobre 2018 pour le parti de gauche Psol.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite, il y a un an, la déforestation a presque doublé en Amazonie.

Les données préliminaires recueillies par satellite par l’Institut de recherches spatiales INPE montrent une augmentation de 85% des zones déboisées en 2019 par rapport à l’année précédente.

«Bolsonaro, pourquoi tu ne nous respectes pas? Pourquoi veux-tu en finir avec les indigènes», s’est écriée à Piaraçu la leader kayapo Tuira, avant d’entonner un chant aigu dans sa langue.

À l’aube de ses 90 ans, Raoni, lui, espère que la relève est prête à continuer son combat: «je suis vieux, fatigué», soupire-t-il, après quelques pas de danse sur la place centrale.

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