Destitution: l’accusation boucle l’exposé de ses griefs
Les procureurs démocrates bouclent vendredi leur présentation du dossier d’accusation contre Donald Trump au quatrième jour d’un procès en destitution au Sénat où, malgré la portée historique des débats, pointe une certaine lassitude.
Après de longues heures à la barre, les sept élus de la Chambre des représentants reprendront la parole à la mi-journée pour dérouler leurs griefs contre le président des États-Unis, le troisième seulement à subir une telle épreuve.
Ils céderont la place samedi à la défense, qui disposera à son tour de 24 heures sur trois jours pour demander l’acquittement immédiat du locataire de la Maison Blanche. Compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat (53 élus sur 100), ils est quasi certain de gagner son procès.
En pleine campagne de réélection
Les démocrates espèrent toutefois écorner son image, alors qu’il est en pleine campagne de réélection.
«Vous ne pouvez pas faire confiance à ce président pour qu’il fasse ce qui est bon pour ce pays», par contre il fait «ce qui est bon pour Donald Trump», a lancé le procureur en chef Adam Schiff dans une conclusion tard jeudi.
«Il doit être destitué car le bien et la vérité comptent. Sinon nous sommes perdus», a ajouté l’élu démocrate dans une envolée empreinte d’émotion.
Le leader des sénateurs démocrates Chuck Schumer a reconnu jeudi que ce discours «poignant» «s’adressait au bon sens des Américains».
Avant de participer au rassemblement annuel des militants anti-avortements, qui lui permet de cimenter sa base électorale, Donald Trump s’est plaint d’avoir «eu à endurer des heures et des heures de mensonges, de fraudes et de tromperies».
«Le coup monté de la destitution perturbe les élections de 2020», a-t-il reconnu sur Twitter, avant de se plaindre du calendrier: «mes avocats vont être obligés de commencer samedi, ce qu’on appelle la Vallée de la Mort en télé!»
L’un d’eux Jordan Sekulow – fils de l’avocat personnel de Donald Trump Jay Sekulow – a déclaré sur la chaîne Fox qu’ils allaient «attaquer toutes les inexactitudes» des procureurs. «On va plaider que le président était totalement dans son droit, tel que garanti par la Constitution», a-t-il ajouté.
L’Ukraine au coeur de la destitution
Donald Trump se retrouve en procès en destitution parce qu’il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le démocrate Joe Biden, son adversaire potentiel à la présidentielle, et qu’il a au même moment gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre avec la Russie.
Pour les démocrates, il a utilisé les moyens de l’État pour faire pression sur Kiev afin de «salir» son rival «en d’autres termes, de tricher à l’élection», selon les mots d’Adam Schiff. Et une fois «démasqué», il a gêné l’enquête du Congrès, lui reprochent-ils encore.
La Chambre des représentants, aux mains des démocrates, a donc mis le président Trump en accusation le 18 décembre pour «abus de pouvoir» et «entrave au travail du Congrès». Ce second chef sera au coeur des débats vendredi.
Pour ses partisans, l’impétueux président était dans son droit en demandant à l’Ukraine d’enquêter sur les affaires du fils de Joe Biden, Hunter, dans ce pays gangrené par la corruption.
«Quand il s’agit de l’instance du président Trump» à demander une enquête sur les Biden, «je pense qu’il a raison», a encore déclaré vendredi l’influent sénateur républicain Lindsey Graham.
Fair-play, il a reconnu qu’Adam Schiff «avait fait du bon boulot», mais il lui a reproché d’avoir assuré que le président servait ses intérêts plus que ceux de l’Amérique: «cette décision revient aux électeurs».
D’autres sénateurs républicains ne se sont pas montrés aussi élégants, affichant clairement leur lassitude face à des arguments qui, de l’aveu même d’Adam Schiff, «se répètent» parfois.
Ils ont été vus haussant les épaules, ricanant ou piquant du nez pendant la présentation des démocrates. L’un d’eux a même écrit un grand «SOS» sur une feuille blanche lisible depuis la tribune réservée à la presse.
D’autres se sont régulièrement échappés dans l’antichambre de l’hémicycle, en violation des règles strictes du procès qui leur interdisent de parler, sortir de la salle d’audience, ou consulter leurs portables.