Les démocrates prient le Sénat de condamner Trump à la destitution
Les procureurs démocrates ont imploré lundi les sénateurs américains d’exercer leur « devoir » et de condamner Donald Trump à la destitution, dans un ultime réquisitoire qui semble voué à l’échec à deux jours du probable acquittement du président à l’issue de son procès.
«Personne n’est au-dessus des lois en Amérique, pas même le président», a lancé l’élu démocrate Jason Crow à l’adresse des cent sénateurs chargés de juger le locataire de la Maison-Blanche.
«Votre devoir impose que vous le déclariez coupable» d’abus de pouvoir et d’entrave au travail du Congrès, a-t-il poursuivi, en rappelant que la chambre haute du Congrès avait été conçue pour être «sage», «impartiale», «au-dessus des querelles partisanes».
Le président Trump «a violé son serment», mais «il n’est pas trop tard pour que nous honorions le nôtre», a renchéri Adam Schiff, qui exerce le rôle de procureur en chef à ce procès historique.
Cet appel n’a toutefois aucune chance de porter ses fruits: la Constitution américaine impose une majorité des deux tiers du Sénat (67 sièges sur 100) pour destituer un président. Or, Donald Trump peut a priori compter sur le soutien indéfectible des 53 élus républicains.
Même si un élu ou deux créaient la surprise en faisant défection, l’hôte de la Maison Blanche est assuré d’être acquitté mercredi à 16h, ce qui lui permettra de se tourner résolument vers sa campagne de réélection.
D’ici là, les sénateurs, contraints au mutisme depuis l’ouverture de son procès il y a près de trois semaines, pourront expliquer leur vote dans des allocutions d’une dizaine de minutes qui risquent d’exposer crument les profondes fractures entre démocrates et républicains.
«Mascarade»
Dans un télescopage de l’actualité, ces interventions précèderont le traditionnel discours sur l’état de l’Union, que Donald Trump prononcera au Congrès mardi soir devant l’ensemble des parlementaires américains.
La soirée s’annonce tumultueuse: le président pourrait en profiter pour se poser à nouveau en victime, attaquer ses rivaux et vanter son bilan. Son opposition pourrait lui offrir un accueil turbulent.
«J’espère que les républicains et les Américains réalisent que cette mascarade totalement partisane est exactement cela: une mascarade», a tweeté lundi l’impétueux président, en avant-goût de son discours.
Dénonçant les «démocrates de gauche radicale qui ne font rien», il s’est à nouveau emporté contre le «lanceur d’alerte», à l’origine de son procès.
L’été dernier, un membre de la communauté du renseignement avait officiellement fait part de ses inquiétudes après avoir eu vent d’un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Lors de cet échange, Donald Trump avait demandé à Kiev d’enquêter sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l’affronter à l’élection présidentielle du 3 novembre. Or, au même moment, la Maison-Blanche avait gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en lutte contre des séparatistes pro-russes.
«Tricher»
Ce signalement a déclenché l’ouverture d’une enquête en destitution à la Chambre des représentants, contrôlée depuis janvier 2019 par les démocrates. Pour les démocrates, celle-ci a prouvé que le président avait abusé des pouvoirs de l’État pour «salir» son rival et «tricher».
Les preuves sont «accablantes», a redit lundi Adam Schiff.
Si le président n’est pas destitué, «comment pouvons-nous être sûr qu’il ne recommencera pas», «que la prochaine élection sera libre et équitable?», s’est interrogé lundi Hakeem Jeffries, un autre des procureurs démocrates.
Mais les sénateurs républicains ne l’entendent pas de cette oreille. Certains ont bien reconnu ces derniers jours que le président avait sans doute commis ce qui lui est reproché, mais pour eux, cela ne justifie pas de le destituer à neuf mois du scrutin.
«Laissons les électeurs décider», a également martelé à l’envi l’avocat de la Maison-Blanche Pat Cipollone, qui doit boucler son plaidoyer lundi.
Les sénateurs républicains ont déjà donné raison à Donald Trump vendredi en refusant – avec deux défections seulement – de convoquer des témoins à ce procès. Pour cette raison, les démocrates avancent que le verdict n’aura «aucune valeur».