Irlande: une réunification est-elle possible?
La percée historique du Sinn Fein aux législatives irlandaises a remis sur le tapis son objectif prioritaire: la tenue d’un référendum sur la réunification de l’Irlande. L’île est aujourd’hui divisée entre la République au sud et la province britannique au nord.
L’île a été attachée à la Grande-Bretagne en 1801, après avoir été envahie à de multiples reprises. Par les Vikings, les Normands ou encore les Britanniques.
Mais nombre d’Irlandais continuent à faire campagne pour l’indépendance. Un groupe de catholiques, l’Armée républicaine irlandaise (IRA), lance une lutte armée en 1919.
Deux ans plus tard, Londres, mis sous pression, partage l’île. Le sud devient un État libre irlandais à majorité catholique et l’Irlande du Nord obtient une majorité protestante.
Mais la question de la souveraineté reste entière. À partir des années 1970, le conflit entre partisans et adversaires de la domination britannique fait 3500 morts.
L’accord de paix du Vendredi Saint en 1998 met fin à ces Troubles.
L’accord reconnait «la légitimité du choix librement exercé par une majorité de la population d’Irlande du Nord» en faveur d’un maintien dans le Royaume-Uni. Ou bien, à l’inverse, d’une union avec l’Irlande.
Il reconnait qu’une majorité est favorable au maintien dans la couronne britannique à l’époque. Mais stipule toutefois que si un référendum aboutit à un résultat différent, alors Londres devra s’incliner et légiférer pour permettre une réunification.
Référendum dans les 5 ans à venir
La Grande-Bretagne doit organiser un référendum s’il parait vraisemblable qu’une majorité des votants est favorable à la réunification.
Le Sinn Fein, dirigé par Mary Lou McDonald, estime que le gouvernement de Dublin devrait se préparer à organiser un tel scrutin dans les cinq ans à venir.
Le Fine Gael du premier ministre Leo Varadkar est favorable à une Irlande unie. Il tempère toutefois dans son programme électoral en avertissant qu’à l’heure actuelle, cela créerait des divisions.
Son rival de centre-droit Fianna Fail, qui a soutenu le gouvernement Varadkar, est pour l’unification. À condition qu’elle ne soit pas réalisée «d’une manière agressive et partisane».
Selon un sondage réalisé par le conservateur britannique Michael Ashcroft en septembre 2019, l’Irlande du Nord est divisée en 2. 45% voteraient pour le maintien dans le Royaume-Uni. 46% pour le rattachement à la République d’Irlande. Le reste étant encore indécis.
En mai 2018, un sondage de la Queen’s University à Belfast affirmait que seuls 21% des Irlandais du Nord souhaitaient une Irlande unie. Et 50% voulaient rester dans la couronne. Mais ses auteurs avertissaient que le Brexit et la future relation entre l’UE et le Royaume Uni pourraient influer sur ce résultat.
Depuis, l’accord de Brexit conclu entre Londres et l’UE a bien réglé la question de la frontière. Celle-ci doit rester ouverte entre les deux entités. Mais les futures relations commerciales n’ont pas encore été définies.
Côté République, le soutien à la réunification est massif. Selon un sondage Panelbase réalisé pour le Times en début du mois, 4 Irlandais sur 5 y sont favorables, dont 40% dans la décennie à venir.
Le Premier ministre Boris Johnson ferraille déjà contre la demande de référendum sur l’indépendance du gouvernement écossais et défend fermement la place de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.
Interrogé sur le sujet après les élections en Irlande, son porte-parole s’est borné à répondre: «l’accord du Vendredi Saint est très clair sur les conditions qui doivent être réunies pour une consultation» sur la réunification.