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Coronavirus: le laboratoire de Wuhan dément toute responsabilité

Wuhan
Laboratoire P4, Institut de virologie de Wuhan Photo: Hector RETAMAL/AFP

Le laboratoire chinois à Wuhan pointé du doigt par des médias américains comme possible source du nouveau coronavirus a catégoriquement démenti toute responsabilité dans la pandémie du COVID-19, malgré les doutes émis par des pays occidentaux et de nouvelles menaces du président Donald Trump contre Pékin.

La pandémie a fait près de 161 000 morts dans le monde, dont près des deux tiers en Europe, depuis son apparition en Chine en décembre dans la ville de Wuhan (centre), selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche à la mi-journée.

Les États-Unis, le pays le plus touché tant en nombre de morts (au moins 38 664 selon l’université Johns Hopkins) que de cas (au moins 732 197), ont mis en cause de façon répétée la Chine pour avoir «dissimulé» le nombre réel de victimes comme la gravité de l’épidémie.

Dans un nouvel épisode de l’affrontement entre les deux pays et adversaires géopolitiques, le directeur du laboratoire pointé du doigt par des médias américains comme une possible source du COVID-19 a démenti: «c’est impossible que ce virus vienne de chez nous», a déclaré dans une interview à la chaîne étatique CGTN, Yuan Zhiming, directeur de l’Institut de virologie de Wuhan, dénonçant des accusations «sans preuves» et «pour tromper les gens».

Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme par un animal. Un marché de Wuhan a été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants. Mais la présence à quelques kilomètres de là de cet Institut de virologie alimente les spéculations sur une fuite depuis ces installations sensibles.

L’épidémie «aurait pu être arrêtée en Chine avant qu’elle ne commence et elle ne l’a pas été. Et maintenant, le monde entier souffre à cause de cela», a de nouveau vilipendé samedi Donal Trump. Et de mettre en garde: «S’ils étaient sciemment responsables, oui, alors il devrait y avoir des conséquences».

Pâque chez les Orthodoxes

Après les catholiques, les protestants et les juifs, plus de 260 millions de chrétiens orthodoxes — qui vivent principalement en Europe orientale et en ex-URSS — ont à leur tour vécu dimanche une Pâque confinée, mais avec des règles de distanciation parfois élastiques.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui conteste activement la gravité de l’épidémie, s’est rendu dans une chapelle à la campagne, critiquant «ceux qui ont fermé aux gens la voie vers l’église». Des fidèles se sont également rassemblés en Géorgie, en Ukraine ou en Bulgarie.

En Roumanie, en Serbie, en Albanie, en Macédoine du Nord ou au Liban, les églises sont en revanche restées fermées. En Grèce, des milliers de policiers soutenus par des hélicoptères et des drones tentaient d’éviter les départs en vacances.

En Russie, Kirill, le chef du Patriarcat de Moscou, a assuré une messe à huis clos dans la principale cathédrale de la capitale. «Cette terrible maladie a touché nos gens», a-t-il affirmé lors d’un prêche télévisé, mais «nous sommes ensemble: une grande famille de fidèles orthodoxes».

Pour l’exemple, le président Vladimir Poutine a fêté Pâques dans une petite chapelle de sa résidence officielle. De nombreux lieux de culte sont toutefois restés ouverts dans l’immense Russie, qui compte 42 853 cas de coronavirus, dont 361 mortels.

Concert

Célébration planétaire d’un autre genre, mais toujours confinée, des dizaines de stars ont donné dans la nuit de samedi à dimanche un concert virtuel «géant» et inédit, en soutien aux personnels soignants qui luttent contre l’épidémie.

Les Rolling Stones, Taylor Swift, Billie Eilish, Elton John, Jennifer Lopez, Celine Dion, ou encore Paul McCartney ont joué, chacun dans l’intimité de leur salon, célébrant les «héros» des hôpitaux.

Initié par la chanteuse Lady Gaga, le concert «One World: Together At Home» («Un monde, ensemble chez soi») a permis de récolter quelque 35 millions de dollars (plus de 32 millions d’euros), alors qu’au moins 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de l’humanité, vivent désormais confinées.

1000 morts «officiels» en Afrique

Ailleurs dans le monde, le seuil des 1000 morts officiellement recensés a été franchi en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Egypte, au Maroc et en Afrique du Sud.

Les Maliens votaient dimanche pour élire leur Parlement, sous la menace du coronavirus, en plus des violences jihadistes. Malgré les mesures d’hygiène mises en place autour du scrutin, marchés, mosquées et transports en commun n’ont pas désempli.

Derrière les États-Unis, l’Italie avec 23 227 décès et l’Espagne avec 20 453 morts sont les pays les plus atteints, suivis de la France (19 323) et du Royaume-Uni (16 060).

En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent déconfinement comme l’Autriche ou le Danemark. Berlin a jugé la pandémie désormais «sous contrôle» en Allemagne.

Le gouvernement israélien a approuvé l’assouplissement de certaines restrictions à partir de ce dimanche, dans le cadre d’un plan «responsable et progressif».

Mais pour l’OMS, la pandémie est loin d’être jugulée, avec des «chiffres constants ou accrus» dans l’est de l’Europe et au Royaume-Uni.

Santé mentale

Avec le confinement prolongé se pose de plus en plus la question de l’impact sur la santé mentale, les spécialistes observant «une augmentation inquiétante de l’anxiété et de la dépression». En maison de retraite «on peut aussi mourir de solitude», rappelle une soignante en Belgique.

Pour l’universitaire franco-israélienne Eva Illouz, la pandémie a «détruit» les rites de la mort, introduisant une «fracture abyssale dans la façon de mourir».

«(…) C’est comme si le malade était soigné par des astronautes et perd tout contact humain pendant les jours où il voit sa mort approcher», analyse la sociologue.

«D’où le caractère insoutenable de la ‘mort Corona’, une mort qui détruit les structures symboliques fondamentales de la mort», ajoute-t-elle, appelant, alors que l’heure du déconfinement approche, à une «nouvelle éthique de la responsabilité», car «les individus devront assumer leur responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis des autres».

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