Coronavirus: l’ONU appelle à ne pas négliger l’aide humanitaire
Alors que la pandémie de la COVID-19 devrait entraîner la famine pour 130 millions de personnes supplémentaires, le directeur du Programme alimentaire de l’ONU, David Beasley, presse les leaders politiques de ne pas négliger l’aide humanitaire pendant la crise, sinon quoi la situation pourrait s’aggraver.
«Si nous n’avons pas l’argent nécessaire, ça créera beaucoup d’instabilité, des conflits, et les coûts seront beaucoup plus importants par après», a souligné l’ancien gouverneur de la Caroline du Sud, dans une entrevue accordée au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) mardi.
Il enjoint les gouvernements à travers la planète de ne pas confronter la lutte contre le coronavirus aux besoins d’aide alimentaire et humanitaire.
«On doit être capable d’adresser les deux enjeux, sans les opposer les uns aux autres. C’est pour ça qu’on doit comprendre comment faire rouler l’économie et garder la chaîne en mouvement», renchérit M. Beasley.
De 135 à 265 millions
Les Nations Unies estiment qu’environ 135 millions de personnes souffraient de famine avant l’arrivée du coronavirus. À cause du coronavirus, ce nombre bondit aujourd’hui à 265 millions. Environ 30 millions de personnes dépendraient à 100% du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU.
«On fait face à une panne des chaînes d’approvisionnement, ce qui impacte particulièrement les États fragiles», observe le diplomate. Aux États-Unis et au Canada, les gens paniquaient parce qu’ils n’auraient plus de papier de toilette ou de protéines, alors qu’on parle de chaînes d’alimentation hyper-sophistiquées. Imaginez ce qui se passe présentement au Niger, au Burkina Faso, au Mali.»
«Si on perd le financement ou la chaîne d’approvisionnement, environ 300 000 personnes vont mourir [de faim] chaque jour. En comparaison, on a eu un peu moins que 300 000 morts avec la COVID jusqu’ici.» -David Beasley, directeur du PAM de l’ONU
Le Canada, un joueur clé pour l’ONU?
En 2016, le gouvernement Trudeau a donné plus de 299 M$ à l’ONU pour son programme alimentaire, dont 158 M$ sont allés directement dans l’aide humanitaire. Ce qui fait du Canada l’un des joueurs-clés dans le combat contre la famine dans le monde.
«On dépend du Canada», a d’ailleurs laissé entendre David Beasley mardi. Il cite au passage les contributions de l’Allemagne, des États-Unis et de l’Angleterre au PAM dans les dernières années.
Fin avril, l’ONU affirmait que plus de 625 M$ ont été mis à la disposition des organisations humanitaires dans le monde, dont 95 M$ provenaient du Fonds central de réponse d’urgence. En plus de fournir nourriture, eau et assistance, ces travailleurs luttent activement contre la pandémie.
«Ils installent des stations de lavage des mains, lancent des campagnes d’information publique. Et ils veillent à ce que l’assistance et le personnel humanitaires continuent d’atteindre les communautés les plus vulnérables », souligne le général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, dans un communiqué.