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Croissant chiite contre arc sunnite

Photo: Getty

Les musulmans se font la guerre. En Irak surtout, où des attentats ont lieu quotidiennement entre chiites et sunnites, mais aussi au Pakistan, où le rituel sanglant ne connaît aucune pause.

Si dans ce pays la communauté chrétienne a été frappée hier par un double attentat, la guerre fratricide entre les deux branches de l’islam fait moins parler d’elle. Et pourtant…

Al-Jazeera English a choisi ces derniers jours de la sortir des oubliettes de l’actualité internationale. Le reportage Sectarian Divide, présenté sur son site internet dans le cadre de l’émission 101 East, met l’accent sur le calvaire des 600 000 Hazaras pakistanais.

Ils font partie des 20 % de chiites que compte le Pakistan (180 millions d’habitants). Après l’Iran, c’est la plus grande communauté au monde de cette branche minoritaire de l’islam. Le mois dernier, une «usine à voitures piégées» ayant servi lors d’attaques contre les Hazaras, a été découverte à Quetta, capitale de la province du Baloutchistan, où ils vivent majoritairement.

La cassure sectaire au Pakistan – pays se positionnant comme le champion de l’islam sunnite – se retrouve dans tous les pays musulmans ayant une minorité chiite. Celle-ci est souvent méprisée, parfois persécutée, toujours mise au ban de la société.

En Syrie, la guerre civile prend une tournure religieuse. Les sunnites sont les plus farouches adversaires de Bachar al-Assad, un alaouite (minorité issue d’une branche du chiisme).

Le Liban voisin n’est pas épargné. Plus du quart de sa population est chiite. Avec les sunnites, les tensions montent dangereusement.

En Irak, l’un des rares pays arabes où les sunnites sont minoritaires, la guerre confessionnelle risque de provoquer son éclatement. Dans le petit Bahreïn (1,2 million d’habitants), les chiites sont également majoritaires et cherchent à se débarrasser de la famille royale sunnite. Au départ politique, le conflit se confessionnalise.

La guerre entre sunnites et chiites, qui depuis la mort de Mahomet en 632 ne s’entendent pas sur le nom de son successeur, c’est un peu comme celle entre catholiques et protestants dans l’Europe du XVIIe siècle.

Les tensions actuelles au sein de l’islam sont exacerbées par la rivalité entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite. Les deux cherchent à exercer leur leadership dans le monde musulman. C’est le croissant chiite (Téhéran-Bagdad-Damas et le sud du Liban) contre l’arc sunnite (majorité des pays arabo-musulmans).

L’Iran, par exemple, cherche à exploiter les «printemps arabes» qui ont bourgeonné dans des pays majoritairement sunnites. La carte géopolitique du Moyen-Orient est en train de se redéfinir à l’ombre de la rivalité millénaire entre les frères ennemis de l’islam.

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