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Tragique ironie en Irak

Photo: Getty

Où se trouve le «Djihadistan»? S’il n’existe pas sur la carte politique du monde arabe, le «mini-État» qui chevauche la Syrie et l’Irak grandit tous les jours grâce à la force de frappe d’islamistes encore plus radicaux qu’Al-Qaïda.

Regroupés dans l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), les «fous de Dieu» sont désormais aux portes de Bagdad. Comment en est-on arrivé là?

Tout a commencé avec la décision de Washington, après l’invasion de l’Irak en mars 2003, de décapiter l’état-major de Saddam Hussein, majoritairement sunnite. Par vengeance, bon nombre de hauts gradés sont aujourd’hui à la tête des ultra-islamistes.

Parallèlement, depuis le départ des soldats américains il y a plus de deux ans, les désertions dans l’armée irakienne ont été nombreuses, et les brigades sunnites (100 000 au total) financées par le Pentagone pour lutter contre Al-Qaïda ont cessé de l’être. L’EIIL les a accueillies à bras ouverts, et le sectarisme prochiite du gouvernement de Nouri al-Maliki n’a fait qu’accroître l’hostilité de la minorité sunnite irakienne.

Aucune surprise donc de voir les villes du nord-ouest tomber comme des châteaux de cartes. Le groupe islamiste contrôle désormais en Irak un territoire aussi grand que celui d’Al-Qaïda sous le règne des talibans en Afghanistan. La boucle est bouclée. Tragique ironie. À quoi ont donc servi les invasions de ces deux pays, les milliers de morts et les centaines de milliards de dollars engloutis?

L’EIIL – dirigé par Abou Bakr Al-Baghdadi, un nom de guerre, dont la tête est mise à prix par Washington – rêve d’instaurer un califat régi par la charia (la loi islamique) sur les territoires (gorgés de pétrole) qu’il contrôle déjà en Irak et en Syrie.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L’Iran ne peut rester les bras croisés et voir le seul grand pays arabe à majorité chiite voler en éclats.

Téhéran et Washington pourraient même être des alliés pour combattre l’EIIL en Irak.

Les États-Unis affirment ne pas vouloir renvoyer leurs boys. Les 4400 soldats américains morts en Irak et les 800G$ disparus dans ses sables paralysent toute décision de Barack Obama, dont l’inaction en Syrie a également grandement profité à l’EIIL.

Il y aura sans doute des bombardements aériens pour empêcher l’entrée des djihadistes dans Bagdad. Mais après? Pour Obama, la guerre en Irak a pris fin avec le retrait des troupes américaines le 31 décembre 2011. Fort bien. Mais, au moins 20 000 Irakiens sont morts ces deux dernières années. Autant qu’en Syrie. La violence sectaire dans ces deux pays laisse froids Obama et tous les dirigeants occidentaux.

Le chaos géopolitique au cœur du Moyen-Orient finira par les rattraper.

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