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Coup d’œil sur la nourriture du futur

Photo: collaboration spéciale
Daniel Casillas - Metro World News

Les scientifiques explorent de nouvelles façons de nourrir la planète, notamment pour réduire l’impact écologique de l’industrie alimentaire.

Depuis des années, les gourmands ont pu profiter de nourriture sans fin dans les buffets à volonté. Mais cette façon de s’empiffrer sera peut-être bientôt chose du passé. En effet, le monde scientifique s’affaire à développer une alimentation du futur basée sur nos besoins nutritionnels, qui devrait remplacer le «tout-ce-que-vous-pouvez-manger» par le «tout-ce-que-vous-devriez-manger».

La plus grande compagnie d’alimentation du monde, Nestlé, travaille à mettre au point une machine à aliments instantanés qui procurera aux utilisateurs leur dose quotidienne de vitamines et de minéraux. «Ces produits se déclineront en pilules, en poudres ou sous forme liquide, et tous seront fabriqués par une machine à la maison», s’enthousiasme Hilary Green, directrice des communications du département de recherche et de développement de Nestlé. Cependant, il faudra des années avant qu’une machine «Nespresso» alimentaire abordable atterrisse sur les tablettes, selon le groupe.

Manger dans le seul but d’absorber la dose nécessaire de nutriments est la philosophie de Rob Rhinehart, un ingénieur de 25 ans qui travaille dans la Silicon Valley. Cet homme est l’inventeur de Soylent, une potion censée remplacer un repas complet et qui satisferait tous les besoins nutritionnels du corps humain. «J’émets l’hypothèse que le corps n’a pas besoin de la nourriture elle-même, seulement des éléments chimiques qu’elle contient», explique Rhinehart sur son blogue personnel.

L’imprimante 3D Foodini, quant à elle, est arrivée sur le marché cette année. Elle utilise des capsules contenant divers ingrédients pour imprimer différentes couches de nourriture et produire des repas de pâtes, des hamburgers ou du chocolat. Foodini est aussi connecté sur l’internet, explique Lynette Kucsma, cofondatrice de Natural Machines – la firme derrière Foodini –, ce qui permet aux utilisateurs d’imprimer leur dîner en un simple clic sur leur tablette ou leur ordinateur. L’imprimante 3D de Natural Machines, vendue 1300$, est beaucoup plus abordable qu’un prototype semblable utilisé par la NASA et qui permet, pour 125 000$, de produire de la pizza dans l’espace.

Les considérations écologiques sont au cœur de ces démarches pour réinventer la manière de se nourrir au XXIe siècle. Les biologistes Cor van der Weele et Johannes Tramper, de l’Université de Wageningue, en Hollande, utilisent des cellules animales pour «élever» de la viande «écologique». Cette façon de produire de la viande rendrait obsolètes les grands élevages de bétail, dont les effets sont néfastes pour l’environnement. «Parce qu’elle permettra de réduire les territoires consacrés nécessaire à la production de viande, la viande de culture cellulaire pourra améliorer la situation alimentaire mondiale», croient les chercheurs.

Le prix de la nourriture du futur peut sembler astronomique, mais des experts croient qu’il faut s’engager dans cette voie coûte que coûte. L’adepte des technologies du futur Scott Gray estime que notre manière de penser notre rapport à la nourriture est sur le point de changer et qu’il faut demeurer ouvert aux innovations technologiques. M. Gray indique à Métro qu’il y aura «amplement de nourriture disponible à l’avenir si nous adoptons ces innovations et abandonnons notre peur de l’inconnu», indique M. Gray.

Problèmes alimentaires mondiaux

  • La faim. Plus de 842 millions de personnes dans le monde ont faim et souffrent de malnutrition; 60% d’entre elles sont des femmes, selon l’ONU.
  • Le gaspillage. La quantité de nourriture gaspillée est ahurissante. Cette année, par exemple, elle représente environ un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine, soit 1,3 milliard de tonnes.
  • Contamination. La production de nourriture est responsable de l’émission de 13 à 30% des gaz à effet de serre dans le monde.
  • Maltraitance animale. De nombreuses organisations de défense des droits des animaux dénoncent les conditions d’élevage du bétail destiné à la consommation, notamment dans les fermes à production intensive où les bêtes sont entassées les unes sur les autres.

food_01nestleL’appareil nourricier de Nestlé
L’Institut de la santé de Nestlé mène présentement des recherches approfondies afin d’identifier les besoins spécifiques en micronutriments des individus. Ces informations contribueront à fournir une base scientifique pour une alimentation plus ciblée dans un avenir rapproché. Les produits créés pourraient se présenter sous forme de liquides, de poudres ou de comprimés, et seraient préparés à domicile.

Laboratories Analyse Meat And Sausage SamplesLa viande de culture
La viande produite à partir de de cellules souches animales, cultivées en laboratoire est une alternative réalisable à l’élevage et à l’abattage de bétail. Théoriquement, la technique a le potentiel de soulager considérablement la crise alimentaire mondiale, puisqu’elle nécessite seulement une petite fraction des territoires actuellement consacrés à la production de viande.

food_03foodiniLe Foodini (cuisiner avec une imprimante 3D)
L’imprimante Foodini est munie d’un écran tactile qui permet à l’utilisateur de sélectionner la nourriture à imprimer. Une fois la recette choisie (sur l’écran tactile, l’ordinateur ou la tablette), l’imprimante indiquera quel aliment ajouter dans les capsules, et l’impression commencera.

food_04soylentSoylent
Ce super aliment (classé comme un aliment et non un supplément alimentaire par la Food and Drug Administration américaine) a été conçu comme un repas de base pour tous les adultes. Chaque portion de Soylent fournit une nutrition maximale et demande un effort minimal. Pas besoin de le réchauffer ou de le cuisiner, et il a une excellente durée de vie.

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Analyse
Entrevue avec Dan Abelow, inventeur américain, conférencier et consultant en technologie

Que pensez-vous de ces machines qui créent de la nourriture? Y voyez-vous réellement des possibilités prometteuses pour l’avenir?
Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette technologie d’impression 3D. Il faudra des années avant qu’elle se retrouve dans les magasins. À chaque étape, la qualité et la demande pour un tel produit détermineront sa portée et la vitesse avec laquelle il sera commercialisé.

Est-ce que des technologies similaires sont présentement développées?
Comme c’est le cas pour beaucoup d’avancées technologiques, la NASA finance la recherche sur la nourriture par imprimante 3D pour ses missions spatiales de longue distance. Quand ce type d’impression sera prêt, on peut se fier à la NASA pour transférer cette nouvelle technologie vers le développement commercial.

Cette technologie pourra-t-elle contribuer à lutter contre la faim dans le monde?
Il y a plusieurs avancées qui pourraient arriver à terme en même temps, comme la réduction du gaspillage alimentaire dans les pays en développement. Une des plus importantes avancées est probablement la longue durée de vie des aliments en poudre et des huiles utilisées par les imprimantes 3D, qui peuvent se conserver jusqu’à 30 ans. Les mentalités ont évolué avec les générations. Nous sommes passés des aliments frais aux mets transformés. Si nous nous tournons vers la nourriture imprimée, nous pourrons éliminer beaucoup de gaspillage. Nous pourrons donc nourrir bien plus de gens avec les denrées disponibles.

Croyez-vous que les plats des grands chefs peuvent être remplacés par des liquides nutritifs ou des comprimés?
Comme toutes les technologies, la nourriture imprimée prendra des décennies avant d’atteindre les plus hauts standards d’aujourd’hui. Mais dans 5 ou 10 ans, sa qualité sera peut-être assez bonne pour qu’elle se retrouve sur le marché de masse.

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