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Gâchette facile contre les Afro-Américains

Photo: The Associated Press

Kathryn Johnston, soupçonnée de vendre de la drogue, aurait fêté son centenaire cette année. Mais il y a huit ans, trois policiers d’Atlanta l’ont abattue chez elle. Une fois n’est pas coutume, ils ont été condamnés et incarcérés.

C’est l’un des rares cas connus où des membres des forces de l’ordre aux États-Unis n’ont pas joui de l’impunité après avoir tué des suspects noirs. Il faut dire que Jason Smith, Greg Junnier et Arthur Tesler avaient maquillé leur «crime» en cachant de la marijuana chez l’Afro-Américaine de 92 ans. Elle n’avait aucune substance illicite à son domicile, contrairement à ce que croyaient les policiers qui l’abattirent quand, surprise par leur intrusion, elle leur tira dessus avec un vieux revolver.

Près de 400 Américains tombent tous les ans sous les balles des policiers. Au moins 30% sont Noirs. Ils ne représentent pourtant que 13% de la population. Ils se sentent visés et accusent la police d’être une force d’occupation dans leurs quartiers défavorisés.

Bien sûr, un jeune issu de la bourgeoisie noire a moins de risque de se faire interpeller – ou descendre – par la police que son «frère» tirant le diable par la queue.

Il y a aussi un problème social dans les villes américaines.

Il y a aussi un problème de formation des policiers. Ils ont la gâchette facile, surtout en présence d’Afro-Américains. Michael Brown à Ferguson, Eric Garner à New York et la semaine dernière Rumain Brisbon à Phoenix, ne portaient pas d’arme quand ils ont été tués.

«Les choses s’enveniment!» résume Charles Gallagher, sociologue à l’université La Salle de Philadelphie (échange de courriels). Les milliers d’Américains manifestant contre la brutalité policière le croient aussi.

Rarement condamnés, les policiers responsables de la mort de Noirs non armés prononcent souvent le mot «peur» pour être blanchis quand ils dégainent trop rapidement. Il est vrai que, dans un pays armé jusqu’aux dents, il y a de quoi être sur le qui-vive. Une cinquantaine de policiers en service sont d’ailleurs abattus tous les ans.

Bien sûr, il y a des policiers noirs qui tuent des Blancs. Mais c’est l’exception qui confirme la règle. Le dernier cas remonte au 2 octobre 2012 quand Travis Austin a mortellement blessé Gilbert Collar, un jeune drogué de 18 ans. Austin est toujours en poste à Mobile (Alabama).

Dans tous les cas, explique Gallagher, «les Noirs sont deux fois plus nombreux que les Blancs à être en faveur du contrôle des armes à feu».

Pour lui, un Blanc [membre du Tea Party, par exemple] «descendant dans la rue principale avec un fusil pour défendre son droit d’être armé est considéré comme un patriote rebelle, alors qu’un Noir qui manifeste armé pour dénoncer les débordements de la police sera accueilli par la Garde nationale».

Décidément, rappelait le New York Times samedi, «parler de race n’a jamais été un sujet de conversation facile en Amérique».

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