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Michel Rocard, un grand ami du Québec, s'éteint

Michel Rocard. Bikas Das / The Associated Press Photo: Bikas Das

PARIS – L’ancien premier ministre de la France et grand ami du Québec Michel Rocard est décédé samedi à l’âge de 85 ans, ont rapporté plusieurs médias français.

Militant socialiste de longue date, M. Rocard a été premier ministre sous François Mitterrand de 1988 à 1991. Les Français lui doivent notamment le Revenu minimum d’insertion (RMI) et la Contribution sociale généralisée (CSG).

Devenu membre du Parti socialiste en 1974, il a occupé plusieurs autres postes politiques, dont ceux de ministre de l’Aménagement du territoire de 1981 à 1983 et de l’Agriculture de 1983 à 1985. Il démissionnera parce qu’il s’opposait à l’instauration du mode de scrutin proportionnel.

Michel Rocard a été maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1977 à 1994, année où il a quitté cette fonction pour entrer au Parlement européen comme député. Il y restera jusqu’en 2009.

En 2009, le président Nicolas Sakorzy l’a nommé ambassadeur chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique. Il préside aussi une conférence d’experts sur l’institution d’une Contribution climat énergie.

Né à Courbevoie en 1930, il était diplômé de l’Institut de politique de Paris et de l’École nationale d’administration.

Ordre du Québec

Grand défenseur de la souveraineté du Québec, M. Rocard a été reçu officier de l’Ordre du Québec en 2001 en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au développement des relations entre Québec et Paris.

Sur le site Internet de l’Ordre, il est écrit que «Michel Rocard a contribué de façon remarquable au développement du rôle international du Québec et au maintien des liens privilégiés entre les deux gouvernements».

«Le Québec a besoin d’amis, vous l’avez dit, et plus encore dans un proche avenir. Mais nous en avons. Et vous comptez parmi les plus grands. De l’appui que vous apportez, le Québec ne cessera de se souvenir», avait déclaré le premier ministre de l’époque, Bernard Landry, lors de la remise de la décoration.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a offert ses condoléances aux proches de M. Rocard sur Twitter.

Émue par la nouvelle, l’ancienne ministre péquiste Louise Beaudoin, qui l’a rencontré à de très nombreuses reprises, a déclaré que Michel Rocard avait été «un acteur incontournable des relations France-Québec, et plus particulièrement avec la famille souverainiste».

Les liens entre Michel Rocard et les mouvements indépendantistes québécois remontent au début des années 1970. Il avait notamment accueilli M. Landry et Mme Beaudoin, tous deux délégués par le Parti québécois pour «établir des contacts initiaux entre nos mouvements respectifs, encore dans l’opposition», comme le racontait en 2001 l’ancien premier ministre québécois.

En 1980, Michel Rocard s’est prononcé en faveur du «oui» lors du référendum. M. Landry révélait, en 2001, que le politicien français avait même contribué à la rédaction de certains passages du livre blanc sur la souveraineté-association.

Louise Beaudoin se souvient encore de la «très belle lettre» que Michel Rocard avait écrite à René Lévesque, alors premier ministre du Québec, après la défaite pour «l’encourager à continuer».

Bernard Landry en citait un passage en 2001: «Vous avez déjà mesuré que l’avenir du Québec dépend des Québécois seuls. Mais cela n’enlève rien ni aux sentiments personnels ni à l’approbation que beaucoup d’entre nous portent à votre cause».

Michel Rocard renouvela son appui aux forces souverainistes lors du référendum de 1995.

En 1987, il a publié un livre, «Le Coeur à l’ouvrage», dans lequel il recommande aux entrepreneurs de son pays «d’utiliser systématiquement ce merveilleux relais sur le continent américain que représente le Québec, beaucoup plus habitué que nous à pénétrer le marché de son voisin méridional».

Deux ans plus tard, en 1989, M. Rocard, alors premier ministre, a reçu, en visite officielle, son homologue québécois Robert Bourassa.

Après avoir été écarté de ses fonctions par le président Mitterand, il était venu au Québec. «Certains d’entre nous lui avaient écrit une petite chanson qui s’appelait « Un socialiste errant » au lieu du « Canadien errant »», a raconté Mme Beaudoin à La Presse canadienne.

En 2013, il avait reçu un doctorat honoris causa de l’Université Laval de Québec. «Il en avait été honoré et très flatté», se souvient Mme Beaudoin.

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