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Carole, le marnou

Foulard lumière
Catherine Éthier - Métro

Arabesque solstice et orteils vernis. J’envoie, d’un geste gracile, une nappe baroque voler en l’air, comme le font les crêpes, délicatement déposée sur une table au son de La Paloma, une Paloma extérieure, champêtre et qui ouvre les festivités au soleil couchant. Et pourquoi la Paloma se fait-elle vibrer glotte et rondelle? Parce que vous êtes merveilleux.

Chaque année, à cette période approximée, j’ai rendez-vous doux avec les garnottes du trottoir, que je kicke d’un franc coup de mocassin en maudissant ceuzécelles qui déménagent en laissant derrière eux une chatte espagnole nommée Louise. Une croquette répondant au doux nom de Gilbert. Ou ce formidable banquet de frisettes laineuses prénommé Carole et qui manifeste un vague intérêt quand vous faites aller votre cuiller sur sa canisse de minou-délice (au diable les «Ti-gus», «Médor» ou les «Guerloune» de jadis; l’animal de compagnie d’aujourd’hui hérite désormais de sobriquets de tenancière de bungalow des années 1960, et c’est sarabande à mon tympan).

Chaque année, à ce moment précis de bals déménageurs, l’histoire se répète.

Chaque année, donc, à ce moment précis de bals déménageurs, l’histoire se répète. On change pour plus grand, mais ah! c’est-tu assez plate, le «plus grand» est beau beau beau, mais tout animal de compagnie, même le plus fin ou le plus coiffé d’un canotier canin, y est hélas proscrit. Je ne m’aventurerai pas dans ce volcan de colle chaude dans lequel on s’empêtre en hurlant, le moment venu de, DÉJÀ, trouver un appartement qui a de l’allure et qui, EN PLUS, accepte les animaux. Cette règle devrait être proscrite, honnie, éradiquée par le feu. Mais il est de ces dividus dépourvus de cœur, et dont le rat si «fun!» et si intelligent à Pâques devient soudain machine à crotte-pet parce qu’il ne convient plus au nouveau boudoir sur Laurier. Vous connaissez l’histoire.

On annonçait cette semaine que le taux d’occupation des refuges animaliers est (toujours, mais), cette année, exceptionnellement alarmant. Les pense-petit qui considèrent leur animal comme un pouf qui jure dans le décor scandinave y prennent grande bouchée. Mais les cœurs brisés, des personnes âgées surtout, qui doivent quitter maison et qui n’ont d’autre choix que de compter sur les refuges pour trouver précieuse famille à Sylvie-le-bichon-maltais, aussi. Et cette famille, c’est vous. Vous qui choisissez d’aller trotter au chenil, à la SPCA ou au refuge du coin pour voir si le regard d’une petite créature ne se tricoterait pas au vôtre. Sans connaître son histoire. Sans savoir s’il craint le facteur ou s’il apprécie les spaghettis.

Ces belles bêtes, aimées toute leur vie par leur papa ou leur maman qui, WOUPPE, n’est soudain plus là, sont immensément chanceuses d’atterrir dans votre salon. Dans le creux de votre cou et sur vos petites cuisses de jeans un peu fébriles de ne pas avoir connu ce vieux chat gripette à sa naissance. Un chat qui, même si abonné au Bel-âge des mines, fera, à coup sûr, fleurir votre cœur (et possède certes en sa besace de chat mûr une collection d’histoires salées qui vous feront glousser). Vous êtes essentiels. Merci. Petit son de cuiller sur une canisse de gâteries à vous. La bise.

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