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Chômage élevé malgré la pénurie

décrochage

Malgré le manque criant de main-d’œuvre, environ 15 % des jeunes Canadiens de 25 à 29 ans n’ont pas d’emploi.

C’est ce que révèle le dernier «Aperçu du marché du travail», publié par le Congrès du travail du Canada.

Le nombre de ces jeunes, qu’on a surnommé les NEET (ni en emploi, ni aux études, ni en formation) est resté obstinément élevé depuis la récession de 2008-2009; parmi les 25 à 29 ans, on compte plus de 300 000 NEET chaque année depuis 10 ans.

Selon Statistique Canada, en 2018, un jeune Canadien âgé de 25 à 29 ans sur sept ne travaillait pas, soit environ 15 % de ce groupe d’âge.

Plus de la moitié des NEET étaient devenus des inactifs, ce qui signifie qu’ils avaient abandonné leur recherche d’emploi.

Un fait étonnant

Voilà qui est surprenant, pour dire le moins. Alors que les employeurs se plaignent de ne pas trouver de candidats pour leurs postes et implorent le gouvernement d’agir pour réduire les pénuries de main-d’œuvre, un jeune de 25 à 29 ans sur 7 ne travaille pas.

Comment expliquer cette contradiction? Une des explications souvent avancées est que les jeunes ont des attentes irréalistes face au marché du travail.

On oublie, évidemment, que nous avons créé chez eux ces attentes pour soutenir leur motivation à l’école.

Nous leur avons promis un avenir professionnel tout rose, puisque les boomers allaient bientôt prendre leur retraite et libérer pour eux plein de beaux postes intéressants.

Or, que découvrent-ils lorsqu’ils se présentent sur le marché? 

Plusieurs des emplois qui leur sont offerts ne demandent que peu de formation et sont mal rémunérés, souvent dans le secteur de la vente et des services.

Bien sûr, des pénuries existent ailleurs (fabrication, santé, services professionnels), mais plusieurs d’entre eux ne possèdent pas le profil de formation nécessaire pour occuper ces postes, et les conditions de travail dans ces catégories d’emplois ne sont pas réjouissantes également.

Pas surprenant alors que certains, se sentant floués, décident de ne pas occuper les «petits» emplois disponibles et de ronger leur frein ou leur amertume.

Conditions de travail

Une autre explication est que les jeunes évitent le marché du travail.

Admettons-le, si travailler a toujours été difficile, l’emploi est devenu un calvaire pour plusieurs.

Les horaires atypiques, les petits salaires et la précarité détruisent la vie de plusieurs travailleurs, et les jeunes en sont bien conscients.

Si, par bonheur, on décroche un emploi bien rémunéré, les exigences sont telles qu’il devient impossible d’avoir une vie en dehors du boulot.

Ajoutons à cela que plusieurs jeunes ont peur de l’échec.Il ne faut donc pas se surprendre que certains remettent à plus tard leur entrée sur un marché aussi difficile.

Plusieurs autres montreront une attitude ambiguë devant la recherche d’emploi et donneront l’impression de chercher du boulot sans y mettre trop d’efforts.

Ces stratégies d’évitement permettent de gérer l’anxiété que provoque le besoin de travailler.

Les NEET ne sont donc pas de jeunes paresseux, comme on le dit souvent. Ils réagissent de façon très humaine à un marché du travail difficile que nous, leurs aînés, avons créé pour eux.

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