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Explosion des plaintes de fraude liées aux cryptoactifs

Presque un appel sur deux reçus par l'Autorité des marchés financiers (AMF) provient de personnes ayant déjà investi de l’argent sur une plateforme de cryptoactifs, et qui réalisent qu’elles sont probablement dans une arnaque. Photo: iStock, Iantfoto.

Le nombre d’appels pour plainte de fraude liées aux cryptoactifs et à la cryptomonnaie placés au Centre d’information de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a été multiplié par 10 entre 2020 et 2022, une hausse qui inquiète les autorités provinciales.

Métro a échangé avec Hélène Guilbault, enquêteuse coordinatrice experte des cyberenquêtes à l’AMF, pour savoir comment s’y prendre si l’on souhaite investir en cryptoactifs, et quoi faire si l’on est victime de fraude.

Plaintes reçues au Centre d’information de l’AMF.

2020: 41 appels

2021: 272 appels

2022: 474 appels

2023: En moyenne 10 à 15 appels par semaine

Source: Autorité des marchés financiers (AMF)

Comment expliquez-vous l’augmentation rapide des appels de plainte pour fraude à l’AMF?

Les cryptoactifs sont de plus en plus adoptés par les utilisateurs. Ça se discute partout: sur les médias sociaux, entre investisseurs, et même des influenceurs commencent à s’y intéresser. Certains utilisateurs ont perdu de l’argent, d’autres en ont gagné. Les victimes de fraude sont aussi de plus en plus jeunes, donc, cela touche un large public. S’il y a une augmentation importante des utilisateurs de cryptoactifs, alors les fraudes augmentent aussi.

Qui sont ces «fraudeurs» et comment s’y prennent-ils?

Aujourd’hui, on peut créer un site internet depuis n’importe où sur la planète. Chaque semaine, des sites se ferment et s’ouvrent. Ce qu’on voit énormément comme moyen de fraude, c’est justement par le biais de plateformes en ligne, comme des sites internet, qui sont souvent basées à l’extérieur du Canada, dans des paradis fiscaux.

Ces personnes contactent les utilisateurs et les investisseurs grâce à des pop-ups, des textos, des courriels ou encore sur les réseaux sociaux. Ils proposent aux utilisateurs d’investir des fonds, qui représentent au début des petites sommes, mais qui par la suite augmentent.

Ce que l’on a remarqué, c’est qu’ils étaient très professionnels. Certains ont même des services à la clientèle en français pour s’adresser aux Québécois.

Comment éviter les fraudes liées au cryptoactifs?

Il faut commencer par s’informer, et ne pas faire confiance à des personnes qu’on ne connait pas. Par exemple, il faut vérifier les coordonnées de la soi-disant entreprise, car souvent, elles n’ont jamais les mêmes coordonnées (s’il s’agit d’une fraude). Pour trouver le nom de l’entreprise, on peut se rendre sur le site du Registraire des entreprises du Québec (REQ) et vérifier si elle existe bel et bien.

On peut aussi porter plainte lorsque l’on est victime d’une fraude, soit à la police, soit à l’AMF. Le plus tôt on porte plainte, le mieux c’est. De notre côté, on fera de notre mieux pour tenter d’arrêter la fraude et de bloquer les fonds. On peut aussi dénoncer les transactions à son institution financière pour qu’elle puisse les bloquer. Mais pour éviter d’en arriver là, il faut être vigilant. Si c’est trop beau pour être vrai, c’est le premier des drapeaux rouges.

Est-ce facile de retrouver qui est à l’origine de la fraude?

Ce n’est pas toujours facile de les retrouver, surtout lorsque c’est une entreprise étrangère. On utilise des outils de traçage pour tenter de les localiser et voir où les cryptomonnaies ont été déposées. On collabore avec la police, des centres antifraudes, mais aussi avec des pays étrangers pour obtenir l’information dont on a besoin.

Ce que l’on souhaite faire, c’est surtout de la prévention pour éviter que ça arrive et que le mal soit déjà fait.

Les cryptoactifs, c’est quoi?

Les cryptoactifs sont des actifs virtuels permettant aux utilisateurs de réaliser des transactions en les utilisant comme mode de paiement. Ils n’ont pas cours légal au Canada, et aucune institution financière n’intervient lors des transactions. Le Bitcoin, le plus connu des cryptoactifs, n’est par exemple pas émis par une banque centrale ou un gouvernement.

Source: Autorité des marchés financiers (AMF)

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