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Le syndrome du choc toxique, une infection rare, mais grave

syndrome choc toxique
Le syndrome du choc toxique peut s’avérer extrêmement grave, voire mortel Photo: 123RF

La majorité des notices de tampons périodiques mettent en garde contre le syndrome du choc toxique (SCT), cette infection généralisée que l’on risque si on les porte trop longtemps. Qu’en est-il exactement? Métro s’est entretenu avec  Dr Philippe Morency-Potvin, microbiologiste infectiologue au CHUM.

«Le choc toxique est une infection généralisée causée par une bactérie appelée staphylocoque doré [ou Staphylococcus aureus] qui diffuse des toxines dans le sang de sa victime. Cette bactérie se développe dans les environnements humides et peu oxygénés, les tampons menstruels en sont un bon exemple», explique Dr Morency-Potvin.

Il précise que les bactéries responsables du SCT sont naturellement présentes dans le corps (vagin, mais aussi nez, bouche ou plaies) de nombreuses personnes, mais ne prolifèrent pas forcément. Le système immunitaire se charge généralement de les neutraliser.

Mais bien que très rare, le SCT peut s’avérer extrêmement grave, voire mortel. Dr Morency-Potvin rappelle donc l’importance de sensibiliser les jeunes filles, en leur expliquant que ce n’est pas le port d’un tampon qui les expose à ce risque, mais le fait de le garder trop longtemps et ainsi créer un environnement propice.

Le port d’un tampon au-delà de la durée indiquée sur sa boite d’emballage, en moyenne 4 à 6 heures, multiplierait donc les risques de développer un SCT. La plupart des médecins déconseillent d’ailleurs fortement de les porter la nuit, les serviettes absorbantes constituant une solution plus sécuritaire.

Des symptômes variés

«Les signes d’un choc toxique ne sont pas toujours faciles à identifier. Les victimes nous arrivent avec une pression artérielle très faible, de la fièvre, une défaillance de certains organes majeurs tels que le foie ou les reins, et aussi du système cardiovasculaire qui peut provoquer l’enflure des membres et une gangrène des extrémités, mentionne Dr Morency-Potvin. L’autre caractéristique clinique possible est une éruption cutanée qui peut ressembler à coup de soleil, la peau est toute rouge.»

Cette multitude de symptômes témoigne d’une infection généralisée du corps que le système immunitaire n’arrive pas à combattre. Elle nécessite des soins d’urgence, car ses séquelles peuvent s’avérer extrêmement graves, voire mortelles. «Le traitement est une combinaison d’antibiotiques, pour soutenir le corps le temps que les organes éliminent les toxines», précise l’expert.

Victime d’un syndrome choc toxique en 2012, la mannequin américaine Lauren Wasser milite sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes filles aux risques liés au port prolongé des tampons périodiques. Si elle a survécu à cette infection, elle a toutefois dû se faire amputer des deux jambes. «Un tampon m’a presque tuée», écrivait-elle en janvier 2019 sur son compte Instagram, au réveil de l’opération d’amputation de sa deuxième jambe, témoignant d’un parcours aussi courageux que douloureux.

Son message et celui des experts de la santé est simple: l’utilisation de protections périodiques doit toujours se faire selon les indications sanitaires préconisées sur l’emballage et si des symptômes de fièvre, de forte tension, d’éruption cutanée ou d’autres faits anormaux se manifestent, il est nécessaire de consulter rapidement.


«Et la coupe menstruelle?»

De plus en plus adoptée pour ses avantages sanitaires, écologiques et économiques, la coupe menstruelle n’en demeure pas moins un corps étranger qui retient le sang à l’intérieur du vagin, créant un environnement humide et privé d’oxygène, propice au développement d’un SCT. Bien qu’aucune étude scientifique n’ait été émise pour en connaître le pourcentage de risque exact, Dr Philippe Morency-Potvin conseille de prendre les mêmes précautions que lorsqu’on utilise un tampon: ne pas porter la coupe au-delà du temps recommandé sur l’emballage et bien se laver les mains avant de la manipuler.

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