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Les lignes d’écoute sous pression

Certaines lignes d’écoute manquent de bénévoles. Photo: Archives/Métro Média

Alors que Montréal passe en zone rouge, les lignes d’écoute, surchargées depuis le début de la pandémie, se préparent à faire face à un volume d’appel accru.

«Plusieurs me mentionnent qu’ils n’ont jamais eu autant d’appels. Les effets du confinement nous font croire que ça ne va pas aller en diminuant», exprime Pierre Plourde, coordonnateur à l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec.

Chez Écoute Entraide, le volume d’appel a doublé depuis le début de la pandémie; du côté de Tel-Aide, les appels ont augmenté de 25% depuis mars.

Ce plus grand volume d’appels s’accompagne également d’une plus grande lourdeur dans leur contenu, note Jonathan Brazeau, coordonnateur chez Écoute Entraide. «La grosse différence, c’est qu’il y a une détresse plus profonde qu’on ressent dans chaque appel».

Pour Dr. Luigi De Benedictis, psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, la pandémie a causé une grande fatigue psychologique chez les gens.

Ainsi, les impacts que pourrait avoir un reconfinement sur la santé mentale de la population l’inquiètent particulièrement.

«Déjà, les patients qui ont des problèmes de santé mentale sont fragiles dans des situations comme ça. Des personnes qui n’ont pas de problème de santé mentale risquent d’en développer si jamais il y a un reconfinement », s’inquiète-t-il.

Manque de bénévoles

Face au volume d’appels croissant, certaines lignes d’écoute, comme Écoute Entraide, ont un besoin accru de bénévoles.

Par ailleurs, la lourdeur des appels en décourage certains. «On a perdu beaucoup de bénévoles, parce que c’est difficile à entendre. Les gens veulent quand même continuer, mais à un moment donné c’est trop. Donc il y a des gens soient qui lâchent, ou qui s’inscrivent moins souvent», exprime M. Brazeau.

Pour sa part, Anne Lagacé Dowson, directrice générale de Tel-Aide, considère que l’organisme a un nombre de bénévoles suffisant, du moins pour l’instant. Si la pandémie dure longtemps, la donne pourrait changer, croit-elle.

Moins d’activités, moins de services

Pour Jonathan Brazeau, il est clair que l’annulation d’un grand nombre d’activités depuis le début de la pandémie – qu’il s’agisse de groupes de soutien ou d’activités organisées par les municipalités – a eu un impact majeur sur la santé mentale des gens.

«Parfois, c’était l’équilibre dans leur santé mentale», mentionne-t-il.

Dr. Luigi De Benedictis s’inquiète pour sa part de l’impact qu’aura eu la première vague sur certaines personnes qui avaient déjà un suivi en santé mentale.

Selon lui, plusieurs professionnels ont été redirigés temporairement durant la première vague, notamment vers les urgences ou les CHSLD.

«Les gens qui étaient déjà fragiles le sont devenus davantage. Au moment où ils avaient besoin de services, on n’a pas été en mesure de leur donner. Peut-être que les services étaient mal adaptés, ou étaient en mutation. Peut-être aussi les gens eux-mêmes considéraient que c’était mieux de ne pas consulter pour des raisons sanitaires», soulève-t-il.

Demander de l’aide

Dr. De Benedictis croit cependant que l’accalmie après la première vague aura permis de mieux préparer les services pour la seconde, notamment avec la mise sur pied des services de soutien à distance.

Il enjoint, par ailleurs, toute personne qui souffre à prendre cette détresse au sérieux. «C’est vrai que c’est important de respecter les règles sanitaires, mais en même temps, quand ça ne va pas bien, les services sont là», rappelle-t-il.

Pour sa part, l’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec publiera un webinaire et des conférences pour initier les personnes à l’écoute active de leurs proches sur ses réseaux sociaux le 24 octobre.

«L’écoute comporte des défis. C’est d’être là, de comprendre la personne, des fois en silence.», souligne Pierre Plourde.

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