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Équiterre demande une attaque frontale contre les VUS

Un cycliste circule sur une piste cyclable près d'une série de VUS stationnés, alors qu'Équiterre demande une attaque frontale contre ce type de véhicule
Les VUS sont les véhicules les plus populaires depuis plusieurs années. Photo: Josie Desmarais/Métro

Équiterre demande aux gouvernements du Québec et du Canada de s’attaquer de front à la popularité des véhicules utilitaires sport (VUS), une des principales menaces à l’atteinte de leurs cibles climatiques.

Dans un nouveau rapport dévoilé mercredi, le groupe environnemental cherche entre autres à mettre en lumière l’impact de la préférence croissante de la population canadienne pour les véhicules énergivores et surdimensionnés, dont les VUS.

Intitulé Comprendre la hausse des camions légers au Canada afin de renverser la tendance, le document regroupe huit études menées en partenariat avec le CIRANO, HEC Montréal et la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal.

Depuis 2015 au Québec, on vend plus de camions légers (VUS, camionnettes et fourgonnettes) que de voitures, tandis qu’au Canada, on bat un nouveau record de vente chaque année, indique l’analyste en mobilité chez Équiterre, Andréanne Brazeau. «La normalisation des camions légers, confirmée par l’augmentation de 306% de leur nombre sur nos routes entre 1990 et 2018, explique justement cette hausse en grande partie», ajoute-t-elle.

Les gros véhicules, dont les VUS, sont tellement populaires qu’ils nuisent aux efforts d’électrification, avance Équiterre. «Au Québec, pour chaque véhicule électrique vendu, 11 camions légers sont vendus. En fait, ils sont la principale cause de la hausse des émissions de GES du Québec depuis 2014», précise Andréanne Brazeau. 

Pour les experts d’Équiterre, le danger de la popularité des VUS est clair. «C’est presque assurément la plus grande menace à l’atteinte de nos cibles climatiques, avec l’exploitation des énergies fossiles.» 

Les autres dangers des VUS

Outre les impacts environnementaux, l’augmentation des VUS a une incidence sur l’espace disponible en milieu urbain, la circulation et sur la sécurité routière et les finances personnelles, révèle également le rapport. 

En près de 20 ans, l’espace total occupé par les véhicules de promenade dans la grande région de Montréal a grimpé de 45,5 %, passant de 1338 à 1948 hectares sous l’effet combiné de l’augmentation du nombre de véhicules par ménage et de la présence accrue de véhicules plus gros dans le parc automobile. «C’est donc l’équivalent d’environ 17 parcs La Fontaine qui a été perdu», fait remarquer Mme Brazeau.

De plus, la longueur des véhicules composant le parc automobile a un impact sur la fluidité de la circulation.

Par ailleurs, la littérature indique que plus un véhicule est lourd, plus la fréquence des collisions et le risque de mortalité des personnes impliquées dans une collision sont élevés.


Sept recommandations d’Équiterre

Devant ces constats, Équiterre émet sept recommandations aux gouvernements du Canada et du Québec pour qu’ils agissent immédiatement et concrètement s’ils veulent être pris au sérieux dans la lutte à la crise climatique. 

  1. Reconnaître la hausse des camions légers comme un enjeu de santé publique et de sécurité publique
  2. Former un comité consultatif indépendant pour mieux encadrer le secteur et accompagner le gouvernement
  3. Répertorier les accidents de la route en fonction du type de véhicule conduit
  4. Mettre en place des mesures permettant de réduire l’offre de gros véhicules
  5. Mettre en place des mesures permettant de réduire la demande de gros véhicules, comme d’instaurer un système de redevance-remise, continuer à augmenter le prix du carbone et lancer un programme national de mise au rancart des véhicules énergivores
  6. Accroître progressivement la réglementation entourant la publicité automobile. 
  7. Déployer des campagnes de promotion de la mobilité durable


Appelé à réagir, le ministère de l’environnement et à la lutte aux changements climatiques dit vouloir prendre connaissance du rapport avant de le commenter.

«Comme gouvernement, l’électrification des transports est une priorité. Pour réduire les GES, nous misons plutôt sur l’électrification de tous les véhicules sur nos routes et non pas sur l’interdiction d’un certain type de véhicule qui répond à des besoins importants pour plusieurs familles du Québec. Nous souhaitons également rappeler que nous serons le premier état en Amérique du Nord à interdire l’achat de véhicule à essence et hybrides rechargeables neuf dès 2035», souligne toutefois son attachée, Rosalie Tremblay-Cloutier. 

De son côté, le ministre des transports, François Bonardel, n’a pas souhaiter commenter le rapport.

«Le gouvernement est engagé sur la voie de l’électrification des transports avec des mesures fortes comme l’arrêt de la vente de véhicules à essence en 2035. Le ministre de l’Environnement a présenté récemment un projet de loi sur le rehaussement des cibles de véhicules zéro émission», a cependant tenu à rappeler son attachée de presse, Claudia Loupret.

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