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Champignons, virus, bactéries: voici ce qu’a trouvé une microbiologiste dans les spas…

Primrose Freestone, University of Leicester - La Conversation

Pendant des siècles, les humains se sont baignés dans des eaux publiques. Parfois pour se laver, mais plus souvent pour le plaisir. Dans la Grèce antique, les bains étaient pris dans de l’eau douce, ou dans la mer, perçue comme un lieu sacré dédié aux dieux locaux et s’y baigner était considéré comme un acte de culte.

Ce sont toutefois les Romains qui ont créé des aqueducs d’État pour permettre la construction de bains publics à grande échelle. Ceux-ci étaient principalement utilisés pour la relaxation, mais aussi pour des plaisirs intimes. Eh oui, c’est souvent dans les bains publics que les Romains s’adonnaient à des actes coquins, parfois avec les esclaves préposés aux bains.

Deux millénaires plus tard, nous aimons toujours les bains publics, même si beaucoup de gens ont désormais leur propre spa, ou jacuzzi, dont les ventes ont connu une forte hausse pendant la pandémie.

Pour ceux qui n’en ont pas à la maison, il y a la salle de sport ou le spa du coin. Et de nombreux hôpitaux en possèdent un. En effet, les jacuzzis sont communément utilisés à des fins thérapeutiques pour soulager et traiter l’inflammation des articulations chez des personnes atteintes de rhumatisme ou d’arthrose. L’usage d’un spa est souvent considéré comme une expérience de luxe, à la fois relaxante et régénératrice.

La chaleur de l’eau du bain dilate naturellement les vaisseaux sanguins, ce qui aide les muscles à se détendre et soulage les articulations douloureuses. En plus d’être apaisantes physiquement, l’eau chaude bouillonnante et la compagnie de personnes qui partagent l’expérience avec nous peuvent également engendrer un bien-être psychologique.

Bactéries, virus et champignons

Il ne faut toutefois pas oublier que quand on entre dans un jacuzzi, tout ce qu’on a sur notre peau se dépose dans l’eau chaude qui tourbillonne autour de nous. Cela inclut les quelque 100 mg de matières fécales qui se trouvent généralement entre nos fesses. Ainsi, lorsqu’on se détend dans l’eau chaude, il est fort probable qu’on respire ou avale les bactéries, les virus et les champignons du corps de son compagnon de jacuzzi.

Plus il y a de personnes dans le bain, plus le taux de matières fécales et de sueur (et d’urine si quelqu’un a fait pipi dans l’eau) est élevé. Et ces dépôts servent de nutriments aux bactéries.

Une femme prend des photos dans un jacuzzi
« J’adore quand on échange des matières fécales. ». (DGLimages/Alamy Stock Photo)

Comme on recommande aux propriétaires de jacuzzi de ne changer l’eau que tous les trois mois environ, les bactéries se développent. Pour la sécurité microbiologique, la plupart de bains à remous qui font recirculer l’eau sont équipés de filtres qui éliminent les microbes et leur eau est traitée avec des microbicides (pour éliminer les germes) tels que le chlore, le brome ou d’autres désinfectants qui contrôlent le nombre de bactéries.

Ces produits chimiques sont toxiques et peuvent irriter la peau et les yeux. C’est pourquoi il est conseillé de prendre une douche après le bain à remous (avant aussi). La température de l’eau dans un jacuzzi (environ 40 °C) peut également causer des problèmes de santé potentiellement graves, comme une surchauffe du corps, qui peut entraîner une sensation de faiblesse ou même une perte de conscience, voire la noyade.

C’est particulièrement risqué pour les femmes enceintes et les enfants, ainsi que les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, qui doivent toujours consulter leur médecin avant d’utiliser un jacuzzi. C’est pourquoi l’on conseille de ne pas faire des séances de plus de 15 minutes dans un spa et jamais sans surveillance.

Sale ou dégoûtant ?

Si les bains à remous privés sont relativement sûrs d’un point de vue microbiologique, les jacuzzis publics (dans des hôtels ou spas) peuvent être contaminés par des bactéries infectieuses (germes), surtout si l’eau est recyclée.

Le problème provient du fait que les usagers ne respectent pas les consignes d’hygiène personnelle et que le traitement de l’eau est inadéquat. Les bains publics mal entretenus peuvent causer des épidémies d’infections dues à des bactéries associées au corps humain qui survivent dans l’eau.

Parmi celles-ci figurent E.coli, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa et Legionella pneumoniae. Ces agents pathogènes du jacuzzi peuvent provoquer des infections intestinales, des diarrhées, des septicémies, des infections cutanées, des infections des voies urinaires et respiratoires, telles que la maladie du légionnaire. La bactérie Legionella se retrouve régulièrement dans les gouttelettes d’eau présentes dans la vapeur des jacuzzis, et l’inhalation de cette vapeur contaminée peut causer une pneumonie potentiellement fatale.

Le risque d’infection lié aux spas est si important que les Centers for Disease Control américains ont publi des recommandations sur la manière de s’en prémunir.

Si l’on souhaite quand même profiter d’un bain à remous, peut-on vérifier s’il est sans danger pour la santé ? Certains signes manifestes nous permettent de savoir qu’un jacuzzi est rempli de germes. Lorsque de l’urine et d’autres fluides corporels tels que la sueur se mélangent au chlore utilisé pour désinfecter l’eau des jacuzzis, cela crée un irritant, un produit chimique à l’odeur âcre appelé chloramine, qui provoque des douleurs aux yeux quand on se baigne dans une piscine publique.

Plus il y a de personnes qui laissent leurs fluides corporels dans l’eau, plus l’odeur de la chloramine (semblable à celle de l’eau de Javel) sera forte et plus il y a de risques que le jacuzzi ne contienne pas assez de désinfectant et trop de bactéries. Par conséquent, si une forte odeur se dégage du jacuzzi, il vaut peut-être mieux ne pas y entrer, même si l’eau semble propre et claire, bien que l’eau finit par devenir plus trouble quand elle n’est pas suffisamment traitée.

Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of Leicester

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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