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Chronique d’une catastrophe annoncée

Photo: Getty Images

CHRONIQUE – «Sauver notre monde» ou «condamner l’humanité à un avenir infernal». Ces mots, c’étaient ceux d’António Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, il y a environ un mois. C’est que la ville de Glasgow accueillera, du 31 octobre au 12 novembre prochains, la COP26, soit la conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques.

Essentiellement, il s’agit de la plus importante conférence sur le climat depuis celle ayant permis la signature de l’Accord de Paris, en 2015. Cette fois-ci, les États membres ont plusieurs objectifs, notamment celui de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Dépasser cette température serait plus que catastrophique pour le monde. Les effets du réchauffement climatique se font déjà ressentir un peu partout à travers la planète; on n’a qu’à penser aux inondations à New York, aux tornades en Outaouais ou encore aux incendies qui ont ravagé la Colombie-Britannique.

D’ici les 10 prochaines années, si nos dirigeants ne font pas preuve de courage politique et de vision, les conséquences seront irréversibles. Le premier ministre du Québec, François Legault, doit d’ailleurs se rendre à Glasgow. Espérons que nous n’aurons pas trop honte, considérant qu’il tient mordicus à son projet de 3e lien entre Québec et Lévis, qui est, selon plusieurs experts, tout sauf bon pour l’environnement. Cette conférence aurait pu être une excellente occasion pour lui d’enterrer ce projet.

Pour de nombreux militants écologistes, ce ne sont pas de belles promesses qu’il faut. Ce sont surtout des actions concrètes. C’est bien beau de viser la carboneutralité d’ici 2050, mais encore faut-il se donner les moyens de ne pas rater ces objectifs.

Je me demande régulièrement ce qu’il reste véritablement de l’ouragan Greta Thunberg à la suite de son passage historique qui avait mobilisé plus de 500 000 personnes dans les rues de Montréal en 2019. Si je compare le sentiment d’urgence qui a mobilisé nos élites lors de cette pandémie qui a bouleversé nos vies au début de l’année 2020, celui que génère la crise climatique semble beaucoup plus diffus et abstrait.  

Il faudrait aussi jeter les bases d’une véritable justice climatique et sociale. Ce sont les plus vulnérables et les communautés les plus appauvries et marginalisées qui souffriront en premier lieu des conséquences du réchauffement climatique. Au détriment de nos collectivités tout entières. Continuer dans la même direction nous mène tout droit «dans le champ» et dans un mur.

À mon sens, au-delà des gestes individuels, la solution passe aussi par le fait de mettre les très grands pollueurs à genoux, puisqu’en 2017, le Carbon Majors Report du Carbon Disclosure Project indiquait que seulement 100 entreprises étaient responsables de plus de 71% des émissions de gaz à effet de serre.

Est-ce que l’on parviendra à faire en sorte que cet exercice ne soit pas un échec? Permettez-moi d’en douter. L’ampleur de la tâche donne le vertige. Mais ce serait bête d’arrêter d’essayer de changer la donne. Après tout, le vieil adage dit que «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir». Un discours défaitiste n’aide la situation en rien.

Le sort du monde repose donc, quelque part, sur cette conférence. On espère qu’elle accouchera de mesures radicales et ambitieuses plutôt que d’une souris. C’est aussi à nous, citoyens, de faire comprendre à nos élites que demain ne peut plus attendre. Pour nombre d’écoanxieux parmi nous, il ne s’agit pas seulement des prochaines générations, mais aussi de nous, qui verrons ces bouleversements de notre vivant. Selon les Nations Unies, il y aura 150 millions de victimes des catastrophes naturelles (ou plutôt, causées par l’humain) d’ici 2030. Sauver notre monde, sincèrement, c’est maintenant ou jamais.

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