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Toit à moi: acheter 1000 condos pour contrer l’itinérance

Une jeune employée du Chaînon enlace une des premières locataires à bénéficier d'un condo grâce aux efforts de l'organisme Toit à moi.
Nicola, une des premières locataires à bénificier d'un logement grâce aux efforts de Toit à moi. Photo: Courtoisie - Toit à moi

Jusqu’à 1000 condos achetés et loués à des personnes issues de l’itinérance d’ici 2035: voilà l’objectif que se donne l’organisme Toit à moi, qui souhaite ainsi accélérer le placement en logement de nombreuses personnes dans le besoin.

Toit à moi (TÀM) a lancé mardi une nouvelle phase d’une campagne de financement destinée à ajouter une nouvelle arme dans la lutte contre l’itinérance. Déjà, 300 donateurs se sont manifestés pour financer les 5 premiers logements.

Logements rapides et convenables

L’initiative vise à loger davantage de personnes qui cherchent un chez-soi convenable à faible coût. Plutôt que de construire des unités de logement à 500 000$ chacune dans des édifices avec une vocation spécifique – construits souvent après des années de négociations avec les différents paliers de gouvernement –, des condos déjà offerts sur le marché sont acquis et loués à la clientèle.

TÀM affirme qu’il peut acquérir un condo en quelques semaines pour moins de 300 000$. Déjà, en cinq mois, l’organisme a réussi à acquérir ses cinq premières copropriétés et y loge trois personnes. Les deux autres recevront des locataires d’ici quelques semaines.

Ces personnes sont ensuite suivies par La Maison du Père et Le Chaînon pour assurer un retour en logement réussi.

«Le modèle de Toit à moi répond parfaitement à l’urgence actuelle. Il est réaliste, rapide et profondément humain. Nous sommes fiers de soutenir cette approche novatrice et invitons la population à se mobiliser pour faire partie de la situation», affirme Martin Gauthier, fondateur de Toit à moi.

TÀM est dirigé par Pierre Lareault, ex-directeur du journal L’Itinéraire et ex-commissaire à l’itinérance à la Ville de Montréal. Il souligne l’importance de la qualité du logement dans les efforts de réinsertion en logement.

«Souvent, les gens sortent de la rue mais se retrouvent dans des logements qui sont infestés de punaises de lit. On veut leur donner des logements de qualité», dit-il.

Un salon de condo meublé d'un divan, d'une table et d'un meuble à téléviseur, avec en arrière-plan une vue de la cuisine.
Ce condo acquis par Toit à moi sert à loger des personnes qui sortent de l’itinérance dans un logement convenable à faible prix.

Appel aux donateurs et aux gouvernements

TÀM cherche 2000 «parrains et marraines» prêts à s’engager pour des dons de 25$ à 50$ par mois. Ces dons servent à payer une partie de l’hypothèque et des frais de logement comme l’électricité.

Mardi matin seulement, l’organisme affirme avoir reçu une cinquantaine d’engagements totalisant 20 000$.

M. Gauthier appelle aussi les différents paliers de gouvernement à contribuer à l’initiative. Autant pour l’acquisition de l’immeuble que pour financer les organismes qui offrent des services de soutien aux personnes logées.

«M. Carney, M. Legault, Mme Martinez Ferrada, intégrez Toit à moi à vos programmes de lutte à l’itinérance. Notre modèle fonctionne.»

Benoit Langevin, responsable du développement social et de la cohabitation au comité exécutif de Montréal, était d’ailleurs présent à l’annonce de TÀM. Il rappelle que la lutte à l’itinérance est la toute première priorité de l’administration de Soraya Martinez Ferrada.

«Il faut que notre administration soit une porte d’entrée et non un obstacle», dit-il.

Une crise qui prend de l’ampleur

Les différents intervenants présents mardi ont souligné l’importance d’agir rapidement pour sortir des personnes vulnérables de la rue.

«Oui, il faut construire davantage de logements. Mais ces personnes-là ont besoin d’aide immédiatement», souligne Sonia Côté, présidente-directrice générale du Chaînon.

Entre 2018 et 2022, l’itinérance a bondi de 44% pour se situer à environ 10 000 personnes. Les résultats du plus récent dénombrement de la population itinérante, conclut en avril dernier, n’ont pas encore été dévoilés. Tous s’attendent à une augmentation importante.

Le tout premier dénombrement, tenu en 2015, chiffrait l’itinérance «visible» à un peu plus de 3000 individus.

Pression à la baisse sur les loyers

Le projet de TÀM accélère la réinsertion en logement mais, contrairement à un projet de construction, n’ajoute pas de nouvelles unités au marché.

Selon l’organisme, les efforts du TÀM s’ajoutent à ceux destinés à ajouter des unités au marché. M. Gauthier estime aussi que l’initiative créera une pression à la baisse sur les prix des loyers.

«Certains de ses condos seraient achetés et reloués à 2000$ et plus, alors que nous on les loue à un prix beaucoup plus raisonnable. Ça crée une pression à la baisse», dit-il.

Toit à moi en chiffres :

  • 2000 donateurs recherchés
  • 5 condos déjà acquis
  • 75 condos achetés à Montréal d’ici 2028
  • 150 condos achetés à Montréal et dans les couronnes d’ici 2030
  • 150 logements additionnels acquis chaque année après 2030
  • 1000 logements au total acquis d’ici 2035

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