Canadien est-il laid?
Une des qualités du journaliste (sic) sportif est sa capacité intrinsèque de généraliser ses opinions à partir d’épiphénomènes et d’en faire de longues entrées de blogues, des articles de journaux encore plus longs, voire des conversations interminables à la radio.
Dans ces pages, ayant mieux à faire, nous ne nous prêterons pas à ce type d’exercice fastidieux et serons bref et prudent : si la tendance se maintient, Canadien connaîtra une saison de marde.
Cela étant dit, s’il est permis de croire que Canadien ne soit pas bon en ce début de saison, le fan peut toujours se rabattre sur la beauté de Canadien. C’est d’ailleurs le bon vieux Dostoïevski (Fiodor Mikhaïlovitch de son prénom) qui a écrit que «la beauté sauvera le monde». Si tel est le cas, peut-être qu’elle sauvera la saison de Canadien.
Il fut une époque d’ailleurs où le partisan pouvait dire, en regardant Canadien déployer ses ailes sur la glace, que ses joueurs étaient beaux à regarder jouer. Cette beauté avait quelque chose de l’ordre de la transcendance, bref, de quelque chose qui nous dépasse. À ce sujet, Emmanuel Kant disait d’ailleurs qu’on ne sait pas expliquer la beauté, mais on sait qu’elle est et chacun possède les capacités de la reconnaître. «Est beau ce qui plaît universellement sans concept», avait-il écrit, un peu snob.
Or, aujourd’hui, Canadien n’a plus rien à voir avec quelque chose qui nous dépasse. D’ailleurs, si l’équipe organisait une séance de patinage libre avec ses partisans, il y a fort à parier que nous serions presque tous capables de dépasser les joueurs et de patiner plus vite qu’eux (en tout cas, que Streit et Benn).
En fait, l’édition actuelle de Canadien renvoie davantage à l’idée de la laideur, en ce sens qu’elle procure de l’indifférence lorsqu’on la regarde jouer. Un peu comme lorsqu’on passe devant l’échangeur Turcot gris ou une épicerie Maxi jaune fluo.
Canadien serait-il devenu laid? La question mérite d’être posée et, contrairement à celles préparées par Martin McGuire qui comportent toujours la réponse à l’interrogation qu’elles soulèvent, ici, le mystère demeure entier. Mais on sent que nous sommes sur une piste, bref, que cela est possible.
Mais alors, comment réinjecter de la beauté dans Canadien? Les plus mottés proposeront d’engager les pom-pom girls du Lightning de Tampa Bay. Les plus intellectuels se tourneront vers l’embauche de l’architecte Pierre Thibault, auteur de l’ouvrage Et si la beauté rendait heureux. Si tel était le cas, M. Thibault pourrait commencer son contrat en dessinant les plans d’un nouveau Centre Bell, selon son concept de maison-nature.
Message à Marc Bergevin: si ça t’intéresse, tu peux contacter l’équipe de Pierre Thibault en visitant son site internet. Ça fait plaisir!