Montréal se prépare, mais la NBA n’est pas prête
MONTRÉAL — Le projet d’attirer une équipe de la NBA à Montréal a fait un pas de plus avec l’arrivée d’un investisseur local prêt à régler 10 pour cent de la note. Le seul problème, c’est que la NBA n’envisage pas de procéder à une expansion de sitôt.
C’est ce qu’ont annoncé mercredi après-midi le sénateur Michael Fortier, instigateur du projet, Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et l’ex-vice-président du Canadien de Montréal Kevin Gilmore.
Fortier estime à «1,5 à 2 milliards $ US» le coût d’une franchise. Stéphan Crétier, président fondateur et chef de la direction de GardaWorld, est maintenant rattaché au projet. Il est prêt à payer de 150 à 200 millions $ du projet, mais n’était toutefois présent à cette conférence de presse.
Le groupe ne serait pas surpris qu’un seul autre investisseur soit nécessaire pour régler la facture totale. Cet investisseur pourrait être canadien, américain, ou «d’ailleurs dans le monde». Mais aucune garantie que cet éventuel investisseur souhaiterait garder Crétier au sein de son groupe.
Le hic, c’est que le commissaire de la NBA, Adam Silver, a dit en plus d’une occasion à Fortier et son groupe que sa ligue n’était pas à la veille de procéder à une expansion, pas plus qu’il n’y a d’équipe en difficulté dans l’un des 30 marchés actuels de la NBA.
«Ça a été une très bonne rencontre, a dit Fortier de son tête-à-tête avec Silver. Il a été très courtois, mais très ferme.»
Qu’à cela ne tienne: les trois hommes précisent que leurs travaux ont pour but d’être prêt à toute éventualité et qu’une fois que la ligue exprimera le désir d’agrandir ses cadres, il serait alors trop tard pour commencer le travail.
Mais Fortier ajoute du même souffle qu’il sait que Montréal ne serait pas le «plan A» de la NBA, mais qu’il est prêt à jouer les seconds violons pour l’instant.
«On réalise très bien qu’on est un plan B, mais ça ne nous importune pas du tout, a expliqué Fortier. Et ça ne nous importune pas du tout. Je préfère être ‘l’underdog’. Mais on rentre dans ce portrait sachant très bien que Montréal, pas seulement auprès des acteurs de la NBA, mais de plusieurs personnes aux États-Unis, peu importe le milieu, plusieurs ont une vision de Montréal qui figée dans le temps. Mais c’est le travail de Michel (Leblanc) d’actualiser l’image de Montréal, une ville dynamique, avec un taux de chômage excessivement bas, des entreprises qui créent des emplois épanouissants, bien payés pour la population. Ce message, il n’est pas connu partout en Amérique.
«La première étape, c’est de réunir des investisseurs, a souligné Gilmore. Dans l’éventualité où il y aurait une expansion, ce sera à ce groupe de convaincre la ligue que Montréal est un marché très attrayant. Je pense que l’analyse objective qu’on a faite, ça surprend beaucoup de gens. Je pense que ça va faire partie de notre travail pour nous assurer que la ville de Montréal est sur le radar de la ligue.
«Aujourd’hui, c’est le début, a averti Leblanc. Il ne faudrait pas rapporter que c’est une question de mois, voire même de quelques années. On commence notre démarche, mais on sera prêt. C’est ça le message.
Le groupe a aussi eu des discussions préliminaires avec le Groupe CH pour la location éventuelle du Centre Bell, où cette équipe souhaiterait disputer ces matchs. Si Geoff Molson a démontré de l’intérêt, il n’a rien promis puisqu’il n’y a personne avec qui négocier pour l’instant. Des groupes de médias auraient aussi été approchés — autant canadiens, nord-américains, qu’internationaux —, mais Fortier n’a pas voulu les nommer pour l’instant.
Pas en compétition avec le retour du baseball
Par ailleurs, le groupe affirme que ce projet n’est pas en compétition, pas plus qu’il ne se veuille un croc-en-jambe au projet de retour d’un club du Baseball majeur, piloté par Stephen Bronfman et auquel le nom de Crétier a été associé. Pour Fortier, Leblanc et Gilmore, l’un n’empêche pas l’autre et la situation économique de Montréal permettrait actuellement l’ajout de deux franchises professionnelles à Montréal.
«Le travail qu’on a fait témoigne de ce que Montréal est devenu, a fait observer Leblanc. Elle est maintenant une métropole en Amérique du Nord. L’année dernière, Montréal est la ville nord-américaine qui a connu le taux de croissance le plus élevé. À ce moment-ci, le reste de l’Amérique du Nord, mais nous aussi, devons se rendre compte que Montréal est devenue une ville normale, au sens d’une métropole forte, qui, ailleurs en Amérique du Nord, aurait plusieurs franchises de sports professionnels.
«La question du basketball, dans ce cas-ci, est une question qui s’ajoute avec l’impression que dans le milieu, il y aurait une réceptivité, une capacité de soutenir qui serait présente, pour les deux projets.
«C’est une question figée dans le temps, a enchaîné Fortier. Montréal est passée à autre chose. Montréal est une ville qui a créé énormément de richesse, qui peut non seulement se permettre et les Expos, et la NBA, mais qui selon moi, peut se permettre autre chose. Arrêtons de voir Montréal comme une ville ou un endroit où on ne peut que réussir à un certain niveau. (…) Je ne veux pas que ce soit un ou l’autre. Je veux avoir les deux équipes.»
Depuis maintenant 12 mois, ce groupe s’est affairé à dresser un portrait de Montréal, un «indice d’attractivité du marché (IAM)» afin de présenter sa candidature à la NBA. Selon cette étude, Montréal le marché no 1 de la côte Est nord-américaine sans formation de la NBA. Qui plus est, parmi les 49 villes comptant au moins une équipe de la NBA, MLB, NFL ou LNH, Montréal vient au 16e rang de la population.
Évidemment, avec un seul club, Montréal vient au premier rang du ratio population-équipe de ces 49 villes. Même en ajoutant une franchise, Montréal demeurerait parmi le top-10, tandis que si elle comptait trois clubs, elle serait 22e.