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Canadien et le présent du processus

journalistes Canadien

Dans le processus d’écriture d’une chronique sur Canadien, il arrive que la page blanche demeure pendant plusieurs minutes le résultat principal. Je me sens alors comme Victor Mete l’an dernier.

Quand ça arrive, je feele finfinot et je me dis que ce serait assez «concept» de proposer au journal Métro de publier une page blanche, coiffée seulement d’un titre; mais bon, je suis convaincu qu’ils ne voudraient pas me payer pour ça. Ils sont un peu chiches.

Il arrive aussi, dans le processus d’écriture, que des internautes m’interpellent afin de me suggérer un angle de chronique. C’est ce qui s’est produit cette semaine. Lundi, alors que je buvais un café 3e vague dans un espresso-bar légèrement snob – mes préférés –, l’alerte d’une notification Facebook me concernant sur la page de TVA Sports a attiré mon attention. J’ai cru que Renaud Lavoie m’avait enfin tagué pour l’une de mes analyses brillantes de Canadien dans les pages du journal Métro. Mais non. C’était plutôt l’internaute Patrick Desbiens qui, réagissant à une nouvelle portant sur une déclaration de Carey Price, venait de me taguer.

La déclaration de Price était la suivante: «Nous avons déjà vécu ce genre de passage à vide. Il faut apprendre à s’en sortir et ne pas faire de choses qui empireraient la situation. Il faut faire confiance au processus et travailler intelligemment.»

La notification Facebook me concernant était un commentaire de l’internaute en question, publié au-dessus de la nouvelle. Le voici.

Patrk Dbiens: Faire confiance au processus, c’est très postmoderne comme mentalité. On les entend dire ça souvent dernièrement, nos Canadiens. Une petite chronique dans le Métro là-dessus Jean-Philippe Pleau? Je vois déjà le titre: Canadien et le présent du processus.

Première chose: je vais rendre à Desbiens ce qui revient à Desbiens. Oui, je lui ai piqué son titre. Il ne recevra pas une cenne, mais son nom sera dans le journal. À l’ère de la postmodernité, le processus de visibilité est le nouveau salaire.

Deuxième chose: je tiens à lui rappeler ici publiquement qu’on ne dit pas «nos Canadiens». Mais Canadien. Avec pas d’article, ni d’adjectif possessif. Canadien est une entité transcendantale, comme Jésus. Dit-on le Jésus? Notre Jésus? Non. Idem pour Canadien.

Troisième chose: l’excuse du processus. Desbiens a raison. Bon, Canadien s’est légèrement sorti de sa mauvaise passe depuis, mais n’empêche, la postmodernité a émietté le rapport au temps pour ne le réduire qu’au présent. Ainsi, ce qui est désormais important pour Canadien, ce n’est pas son passé glorieux, ni son futur de marde. C’est le processus; bref, le moment présent.

En gros, ce que Price affirmait lundi, c’est que, lorsque Canadien n’est pas en train de jouer, il ne peut pas perdre; il peut alors se concentrer sur le processus de se pratiquer à gagner. Mais surtout, Price voulait dire que ça servirait à rien de penser au fait que le prochain match sera une autre défaite, alors que c’est rempli de fans à Brossard venus voir Canadien patiner en rond. C’est déjà une petite victoire du moment présent, ça, non?

Idem pour moi avec ce texte. Qu’est-ce que ça m’aurait donné de dépenser du jus de cerveau pour analyser intelligemment Canadien quand je pouvais simplement voler l’idée de l’internaute et pondre un texte facile?

Moi, je mets en pratique ce que Claude Julien répète à ses joueurs: je garde ça simple. Je fais confiance au processus. Pis j’encaisse le chèque.

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