Tequila, Heineken, pas l’temps d’niaiser
T’as vu ça? Si t’as pas vu, tu ne fais pas partie de la collectivité cool branchée de Facebook-Twitter. Cette vidéo a fait le tour des réseaux plus vite qu’un enfant hyperactif dans le rayon des jouets chez Sears.
C’est un extrait de vidéo promo d’un bar cool de Montréal. Une jeune fille demande à des clients du bar en pleine soirée festive s’ils tripent, s’ils ont du fun. La vidéo commence avec la demoiselle qui demande au gars : «Comment trouves-tu notre événement Candy?» Sa réponse, alcool en main : «Tequila, Heineken, pas l’temps de niaiser.» Le ton est lancé.
C’est magique! Un feu roulant de bijoux. Peu après, il fait un move de serpent debout qui fait du surplace. Il appelle ça «des grouillades». Des grouillades! On dirait le nom d’une piscine à vagues pour enfants dans un parc aquatique. «Venez les enfants, on va aux grouillades!» Il termine son entrevue en beauté avec un gratuit et pas du tout hors contexte : «Filme mes pieds! Mes Clarks!»
48 heures. C’est ce que ça a pris pour que ce gars-là devienne une star locale du web. En 48 heures, j’ai vu passer nombre d’images «photoshopées» de parodies diverses de lui, un t-shirt avec un dessin de son visage et de sa catch phrase, et au moins trois chansons de style reggae RnB avec des extraits sonores de lui. Boom. C’est tout, voilà mon grand.
Tout le monde va te regarder. Tout le monde va les remarquer, tes Clarks, dans les bars.
Comme pour le fameux «mon père est riche en tabarnak», pendant un mois ou deux, il va être une star des bars. Il va se faire payer des shooters de tequila, donner des Heineken. Des filles vont vouloir se faire prendre en photo avec lui, le gros trip… le gros ego trip.
La popularité, comme toutes les drogues, donne un bon buzz. Mais la popularité soudaine, vide de «contenu» récupérable à long terme, je parle d’un talent x qui entretient cette popularité, c’est la pire. Elle te donne un buzz intense, rapide, puis après, plus rien. Pire, elle se retourne contre toi. Tu passes de «Cool!! Checke au bar, c’est le gars qui a pas l’temps de niaiser!!» à «Haha, checke là, c’est le gars qui avait pas l’temps de niaiser.» Ta popularité se retourne contre toi, comme ta brosse qui te fait passer de gars cool confiant à «tit-coune» qui vomit dans l’coin.
L’internet n’a pas fini de faire des victimes. Des junkies de fame éphémère vont errer dans la ville, souffrant d’un manque, et pire, de l’impossibilité d’avoir un autre fix. Internet est puissant, très puissant. Je dirais même que l’internet n’a
pas l’temps de niaiser.
La vidéo:
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=sqsnL5dJ_kI]
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.