Recul du français: Ah, ces sacrés allophones!

Photo: Getty Images/Creatas RF

Il aura suffi que Statistique Canada publie une étude linguistique pour que certains commencent à parler de recul du français à Montréal et de péril de la nation!

Pourtant, cette étude affirme que les immigrés, eux, sont de plus en plus nombreux à parler le français à la maison, mais «who cares»? Quand on n’est pas un Québécois dit «de souche», on n’a pas à cœur la défense du français paraît-il!

Avant de grimper dans les rideaux et de déchirer nos chemises sur la place publique, faisons une halte afin de calmer le débat. Sinon, l’erreur fatale serait de mettre sur le dos des seuls immigrants le fardeau de ce recul.

Les chiffres, on peut leur faire dire ce qu’on veut. Par exemple, dans mon cas, je suis considéré par les statistiques comme un allophone qui parle ma langue maternelle à la maison. Ce qui équivaudrait à dire, dans une logique tordue, que je ne participe pas au rayonnement du français en Amérique du Nord! C’est archifaux.

J’ai fait un exercice simple. J’ai recensé 50 ménages qui représentent quelque 200 amis immigrants que je fréquente depuis des années. Ils sont des connaissances avec qui j’entretiens des relations amicales. Autrement dit, un groupe de proches qui s’échangent des visites familiales, des fêtes, des anniversaires, des sorties et qui, dans le besoin et les urgences de la vie, comptent les uns sur les autres. Une vraie famille recomposée!

Les membres de cette cohorte proviennent du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, du Proche-Orient, d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Asie. Selon les critères de Statistique Canada, cette cohorte est représentative de ce qu’on appelle les allophones. Tous, en privé, à la maison, parlent une langue maternelle autre que le français ou l’anglais.

Pourtant, entre amis, la langue qui nous unit est le français, une langue que nous chérissons et que nous défendons bec et ongles. Lors des rencontres festives, comme lors de déménagements, de travaux domestiques ou autres activités qui nécessitent le soutien des proches, on socialise en français et on sacre en québécois.

Et en parlant de sacre, en 2009, j’étais en visite sur mon autre planète. J’étais accompagné de deux compatriotes qui ont vécu au Québec avant de retourner définitivement vivre dans leur pays d’origine, car Montréal était devenu un gouffre professionnel pour eux. En tout cas, nous étions en train de suivre une partie de soccer local à la télé. L’équipe nationale n’arrivait pas à «scorer» contre une équipe médiocre. Quand un de nos attaquants a raté une occasion en or, les trois, on a lâché un «tabarnak» bien senti. Alors, j’ai fait remarquer à mes compagnons de table que si par hasard un Québécois était de passage dans ce café miteux perché à 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer, en plein territoire berbère de l’Afrique du Nord, et qu’il avait entendu un sacre de la Belle Province, il aurait viré fou!

Alors, avant de parler de péril du français, surtout à Montréal, il faut d’abord savoir ce que l’on veut. Est-ce l’interdiction des langues maternelles autre que le français et l’anglais? Est-ce l’augmentation du nombre de Québécois «de souche» dont le français est la langue maternelle? Est-ce la réduction de l’usage de l’anglais comme langue de travail surtout dans les commerces? That is the question!

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