Dialogue de sourds
Le conflit entre les étudiants et le gouvernement est dans une impasse. Chacun fait la sourde oreille et personne ne semble vouloir bouger.
D’un côté, les étudiants, les plus audibles, s’entêtent à réclamer la gratuité et ne montrent aucune ouverture à voir les frais de scolarité augmenter. De l’autre, le gouvernement maintient sa position en prétextant que les étudiants ont eu la chance de s’exprimer, mais ont décidé de quitter la table en décembre 2012.
Pourtant, rien n’est tout noir ou tout blanc. La gratuité scolaire n’est en rien garante d’une plus grande fréquentation scolaire et encore moins d’une qualité de l’éducation ou d’une plus grande équité. En France, on peut faire un baccalauréat pour 177 €, et pourtant, selon une étude, le système, qui n’offre que bien peu de bourses, demeure fort inégalitaire. Sans compter que la fréquentation universitaire se jouerait, bien avant le paiement des droits de scolarité, au niveau préscolaire.
Est-il possible d’envisager un nouveau pacte, dans lequel s’exprimeraient un partage des responsabilités équitable et une réelle solidarité intergénérationnelle? Serait-il possible de voir une brèche? La gestion des universités est loin d’être parfaite. S’il est souhaitable de voir plus de professeurs permanents et plus de recherche, on pourrait resserrer encore plus les règles dans la gestion des universités.
La bonification du programme de prêts et bourses pourrait aussi être abordée, car s’il est vrai que le gouvernement Charest a pensé aux moins favorisés, il n’a rien proposé pour la classe moyenne. C’est inquiétant de penser qu’une famille ayant un revenu familial de 60 000 $ et dont l’aîné entre à l’université ne recevra aucun soutien.
De plus en plus de voix s’élèvent pour qu’une médiation puisse s’amorcer. Partout, on souhaite voir l’amorce d’un dialogue. Diane Bellemare, chercheuse au CIRANO, le recteur de l’Université du Québec à Rimouski et même Claude Castonguay, ancien ténor libéral, souhaitent que l’on puisse trouver un terrain d’entente. La présentation du budget Bachand aurait pu ouvrir une brèche et permettre la discussion entre les étudiants et le gouvernement. À l’inverse, il semble que l’exercice ait radicalisé les positions.
Pauline Marois cherche aussi l’équilibre et constate à quel point il peut être précaire. Perçue au départ comme une tenante du gel, elle nuance maintenant sa position et refuse de dire à quoi ressemblerait une hausse après le grand sommet péquiste. Rien pour rassurer les étudiants, qui croyaient compter sur l’appui du PQ.
La fermeture des ponts n’est pas non plus une manière d’obtenir une ouverture. Le mouvement étudiant doit aussi ouvrir et accepter de discuter de l’«effort» qu’il doit faire pour «assurer la qualité des diplômes universitaires»; là-dessus Line Beauchamp a un point.
Pour briser la dynamique du dialogue de sourds, tous devront faire des compromis.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.