Plaidoyer pour des «emplois bleus» dans les services professionnels

Photo: Aleksandr Davydov/123rf

L’aide de plus d’un demi-million de dollars accordée la semaine dernière à l’américaine Slalom pour son nouveau bureau de Montréal a fait des vagues dans l’industrie québécoise des services professionnels, qui a rapidement réagi par communiqué. On a déploré cet investissement de fonds publics, le qualifiant d’«occasion manquée de soutenir une ou plusieurs entreprises québécoises dans le développement des compétences de leurs employés, afin de favoriser l’essor et l’expansion de celles-ci.»

En entrevue à Métro, le porte-parole du nouveau Regroupement des firmes de services professionnels indépendantes (RFSPI), Olivier Laquinte, dit que son organisation souhaite attirer l’attention des gouvernements et des décideurs sur l’achat local des services professionnels. M. Laquinte, qui ne veut pas parler de protectionnisme, évoque plutôt l’importance de soutenir l’économie locale.

«On propose d’avoir une réflexion commune sur la place de l’économie du savoir, pour que notre industrie soit vue comme étant aussi importante que le [secteur] manufacturier ou le [commerce de] détail ou que d’autres industries», explique M. Laquinte.

Le RFSPI déplore que le gouvernement se targue de soutenir une nouvelle fois une entreprise étrangère «qui […] accentuera la compétition pour le talent québécois sans toutefois créer une richesse durable pour la province», poursuit le communiqué.

Un appel logé au cabinet du ministre Jean Boulet pour obtenir un commentaire à ce sujet, lundi, est resté sans réponse.

Le gouvernement du Québec a fait la promotion de l’achat local de biens de consommation courante avec son Panier bleu et il devrait faire de même avec l’achat de services professionnels, affirme M. Laquinte, d’où la naissance du concept d’emplois bleus, en référence au fait que ce soit des emplois locaux, créés par des entreprises locales grâce à des contrats locaux.

«À terme, on aimerait développer chez les gens une fierté de travailler pour des entrepreneurs locaux», assure le porte-parole du RFSPI, aussi président de Talsom.

Or, l’aide à Slalom, «qui vise à renforcer la position de Montréal dans les technologies de l’information et des communications (TIC) en plus de contribuer au développement d’une expertise de pointe dans la métropole», créera une vive concurrence dans des secteurs où la main-d’œuvre se fait déjà rare depuis de nombreuses années.

«Plutôt que de subventionner des entreprises étrangères dont l’effet ne sera que d’accroître la guerre des talents, le gouvernement devrait tout d’abord définir un programme d’aide directe aux entreprises nécessitant une transformation et [les] inciter à avoir recours au talent local.» -Regroupement des firmes de services professionnels indépendantes

Depuis maintenant plus de 10 ans, le Québec vit en effet une situation de plein-emploi dans le secteur des services professionnels, notamment dans les technologies.

«Loin de favoriser la création d’emplois, l’annonce de Québec favorisera le déplacement des emplois d’une firme vers une autre et accentuera la pression chez les entreprises locales», déplore le Regroupement, qui représente plus de 250 sociétés de services professionnels indépendantes de propriété majoritairement québécoises. Ces sociétés emploient 10 personnes au moins et ont leur siège social au Québec.

Elles sont actives dans plusieurs secteurs de l’économie (comptabilité, relations publiques et publicité, communication, gestion, opérations, recrutement et RH, technologies, droit et stratégies).

Une demande en trois temps

Le Regroupement demande que les organisations, tant les entreprises privées que les gouvernements, fassent appel au nouveau portail transactionnel du Regroupement pour leurs projets de développement, que ce soit en TIC ou dans d’autres domaines liés aux affaires. Elles y décrivent leurs projets et les 250 membres du Regroupement proposeront leur soumission.

Aussi, le RFSPI demande à ce que l’État mette en place une aide directe pour soutenir la «nécessaire transformation des entreprises», soit le fameux virage technologique dont on parle tant depuis des années.

«Au Québec, assure M. Laquinte, on dispose de toute l’expertise qu’il faut pour accompagner les entreprises.» En faisant appel à des partenaires québécois, pour des entreprises québécoises, on mettrait en place un cercle vertueux de l’industrie des services professionnels.

Enfin, on souhaite développer, ou du moins réfléchir collectivement, sur une approche stratégique pour le développement de l’économie du savoir et des services professionnels.

Pour plus d’infos, voir: www.firmesindependantes.com

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