COVID-19: les aînés interpellés par les propos de Donald Trump

Un employé du bureau du superviseur des élections de Broward effectue des tests sur l'équipement utilisé pour le comptage des bulletins de vote Photo: Lynne Sladky/AP Photo

ST.PETERSBURG, Fla. — Les commentaires du président Donald Trump lors d’un événement de campagne en Ohio cette semaine ont retenti sur le front de mer étincelant en Floride, où des personnes âgées tentaient de comprendre ses propos sur la pandémie de coronavirus.

Alors qu’il plaidait pour la réouverture des écoles, Donald Trump a déclaré que la COVID-19 n’affectait gravement «pratiquement personne» de moins de 18 ans et a fait valoir que la pandémie avait un impact important presque juste sur les personnes âgées.

«Maintenant, nous savons que cela affecte les personnes âgées souffrant de problèmes cardiaques et d’autres problèmes, a-t-il soutenu. S’ils ont d’autres problèmes, c’est cela qui est vraiment affecté. C’est tout.»

La Floride, où 34 % de la population a plus de 55 ans, est un État clé important pour la réélection de Donald Trump. Le candidat démocrate Joe Biden a fait une percée parmi les électeurs plus âgés là-bas, selon de récents sondages, mais le coronavirus pourrait affecter la course de manière profonde.

Les récents propos de M. Trump ont fait rire amèrement Liz Cillo, une retraitée de 72 ans de St.Petersburg.

«Nous sommes dispensables. Nous sommes vieux. J’ai l’impression qu’il n’a jamais montré d’empathie ou de compassion à notre égard», s’est-elle désolée.

Le vote des aînés «en jeu»

Contrairement aux années passées, ceux qui surveillent les habitudes de vote et les enjeux touchant les aînés croient que de nouvelles tendances se dégagent cette année. Jeff Johnson, directeur de l’AARP en Floride (une association de retraités), souligne que pour les électeurs de plus de 65 ans, la course à la présidence de cette année semble être plus «en jeu» que les années précédentes

«Le mieux que nous puissions dire, c’est que cela semble être dû au coronavirus», a-t-il avancé.

Ce qui est logique, a-t-il ajouté. Des États comme la Floride ont été durement touchés par la pandémie, et aucun autre groupe démographique n’a été plus affecté que les personnes âgées. Environ 93 % des 13 600 décès liés au virus en Floride sont des personnes de 55 ans et plus.

Vendredi, le gouverneur Ron DeSantis, un républicain, a levé toutes les restrictions sur les restaurants et autres entreprises en Floride dans le but de rouvrir l’économie de l’État malgré la propagation du virus.

Sentiment d’abandon

Mme Cillo, qui n’a pas voté pour Donald Trump en 2016 et qui s’abstiendra en novembre, croit que le président a abandonné les aînés. «Nous sommes les plus vulnérables», a-t-elle indiqué.

Elle et son amie Eva Johnson marchent tous les jours le long du centre-ville de St. Petersburg, qui a comme décor des restaurants et des boutiques d’un côté et la baie de Tampa de l’autre. Elles se tiennent à deux mètres l’une de l’autre et portent le masque.

Les deux dames sont inquiètes de contracter le virus et se considèrent chanceuses de ne connaître personne qui a été affecté.

«Je suis les règles, et si tout le monde suivait les règles aussi, nous serions beaucoup mieux», a suggéré Mme Johnson, qui est âgée de 77 ans.

À proximité, Raymond Holmes, âgé de 67 ans, faisait sa promenade quotidienne de huit kilomètres dans le centre-ville. M. Holmes est un partisan de Donald Trump et il a défendu ses propos.

«Trump pouvait sembler insensible, mais il faut comprendre qu’il ne voulait pas que les gens paniquent et qu’il ne pouvait pas nécessairement dire qu’un groupe de personnes a besoin de plus qu’un autre groupe de personnes. Il a dû calmer et gérer toute la population», a-t-il analysé.

Pas seulement les personnes âgées

Les commentaires du président ont résonné dans la famille de Celia Yap-Banago, une infirmière de Kansas City, au Missouri, décédée du coronavirus à l’âge de 69 ans. La dame, qui était près de la retraite, allait célébrer son 40e anniversaire professionnel.

Son fils, Jhulan Banago, a souligné que le bilan du virus s’étendait manifestement au-delà des Américains plus âgés comme sa mère.

«Je ne sais pas si je suis entièrement d’accord avec cela», a-t-il dit à propos des commentaires du président.

«J’ai aussi des amis médecins. Malheureusement, un d’entre eux a reçu un diagnostic positif. Et j’ai aussi beaucoup d’amis infirmiers et ils en voient les effets. Je pense que cela affecte plus que les personnes âgées.»

Jay Mangold, un propriétaire d’entreprises à la retraite de 69 ans à St. Petersburg, croit que les gens devaient assumer un «degré de responsabilité personnelle» en ce qui concerne le virus.

«Il est injuste de s’attendre à ce que tout le monde mette sa vie en suspens», a-t-il soutenu, ajoutant qu’il prenait des précautions en raison de son âge, dont porter le masque à l’intérieur et éviter les foules. Il essaie de faire de l’exercice quotidiennement pour renforcer son système immunitaire.

Il s’interroge également sur la couverture médiatique incessante sur le virus, et sur la possibilité que tout cela disparaisse si Joe Biden l’emporte.

«C’est tout ce dont les gens parlent, a-t-il affirmé. C’est comme gaver une oie pour du foie gras.»

Sentiments partagés des aînés

Michael Carl, qui a 55 ans, ne croit pas que le président a bien géré la pandémie, en particulier en ce qui concerne les Noirs plus âgés. Il a cité la poursuite de l’administration Trump pour annuler la loi sur les soins abordables, comme preuve. Et selon lui, rouvrir les écoles pourrait mettre à risque les aînés.

«Il pourrait faire un plus gros effort», a-t-il remarqué.

«Si les personnes âgées décèdent, il n’y a pas de sécurité sociale à payer», a-t-il ajouté en soupirant.

Ann Wrigley, une femme de 78 ans qui promenait son chien, a déclaré qu’elle ne savait pas si le gouvernement aurait pu faire mieux en ce qui concerne les personnes âgées.

«Je pense que cela dépend de nous. Nous sommes tous des individus et nous devons faire ce que nous pensons être juste», a mentionné Mme Wrigley, une républicaine inscrite en Ohio avant son déménagement en Floride il y a 16 ans. Elle dit qu’elle est indécise sur la course présidentielle.

«Je prends ma décision à la fin, quand je rentre pour voter», a-t-elle conclu.

Tamara Lush, The Associated Press

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