À surveiller: combien de temps durera la quarantaine de Donald Trump?
NEW YORK — La campagne présidentielle américaine avance à pleine vapeur. Voici ce qu’il faudra surveiller au cours des prochains jours.
Nombre de jours avant les élections générales: 29
Nombre de jours avant le prochain débat présidentiel: 8
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La trame de fond
Le président Donald Trump a passé le week-end à l’hôpital après avoir été déclaré positif à la COVID-19, un rebondissement qui a aggravé l’imprévisibilité d’une campagne déjà désordonnée à peine un mois avant le scrutin. Aucun président américain tentant de se faire réélire n’a subi un tel ennui de santé si près d’une élection.
L’hospitalisation de M. Trump a recentré la campagne là où le démocrate Joe Biden le souhaite: sur le leadership inégal du président depuis le début de la pandémie. M. Trump a eu du mal à gérer la réponse des États-Unis à la crise sanitaire. Après avoir ignoré les recommandations de ses propres experts en santé pendant plusieurs mois, c’est maintenant lui qui est infecté, de même que plusieurs républicains bien en vue, des membres de sa garde rapprochée et la première dame Melania Trump.
L’annonce de la maladie du président est survenue quelques jours après sa performance discutable au débat qui avait déjà mis les alliés de M. Trump sur la défensive. Bien que la situation semble évoluer en faveur de M. Biden, 29 jours, c’est bien assez de temps pour une autre surprise d’octobre. Ou deux, ou trois.
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Les grands enjeux
Combien de temps durera la quarantaine de Donald Trump?
Il n’y a rien de plus important pour l’équipe de M. Trump que d’avoir un candidat en bonne santé pour qu’il puisse revenir sur la piste électorale. Pour l’instant, personne ne sait quand cela arrivera.
Un scénario optimiste permettrait à M. Trump d’émerger juste avant le prochain débat présidentiel, prévu le 15 octobre. Les Centres américains de prévention et de contrôle des maladies affirment que les personnes infectées peuvent reprendre leurs activités avec d’autres au plus tôt 10 jours après l’apparition des premiers symptômes, pourvu que leur état s’améliore. M. Trump espère pouvoir quitter l’hôpital lundi, ont annoncé ses médecins dimanche, mais son état de santé semble fluctuant.
Des millions d’Américains ont déjà commencé à voter et le jour du scrutin aura lieu dans moins d’un mois. Le directeur de campagne Bill Stepien, qui est également infecté, a décrit M. Trump comme le «meilleur atout» de la campagne républicaine ce week-end. Les républicains veulent qu’il revienne sur le terrain dès que possible.
Que fait l’équipe de M. Trump actuellement?
Au cours du week-end, le camp républicain a annoncé son intention de déployer le vice-président Mike Pence et des membres de la famille Trump dans les principaux États pivots après le débat de mercredi entre les candidats à la vice-présidence pour donner un nouvel élan à la campagne. Cependant, on ne sait pas en quoi le plan baptisé «Opération MAGA» différera de la stratégie de la campagne avant l’annonce de l’infection de M. Trump. Les meilleurs substituts du président sont déjà actifs sur le terrain depuis des mois.
Il est peut-être trop tard pour modifier le message de la campagne, mais après avoir tenté de minimiser la pandémie pendant des mois, les républicains n’ont plus d’autre choix que de prendre au sérieux la maladie et son nombre croissant de victimes aux États-Unis.
Le débat entre les candidats à la vice-présidence devient-il soudainement plus important?
M. Pence et sa rivale démocrate Kamala Harris participeront mercredi soir dans l’Utah à leur seul débat de la campagne. L’état de santé de M. Trump donne une nouvelle importance à cet événement habituellement moins médiatisé.
Les candidats à la vice-présidence sont généralement assez prudents lorsqu’ils sont sous les projecteurs, conscients que leur responsabilité principale est de ne pas nuire à leur colistier. Le fardeau de les amener à répondre à des questions difficiles incombera à la modératrice Susan Page, chef du bureau à Washington du quotidien «USA Today».
M. Pence pourrait être particulièrement vulnérable compte tenu de son rôle de chef du groupe de travail sur le coronavirus de la Maison-Blanche. Selon la plupart des critères de mesure, les États-Unis ont fait bien pire que les autres pays développés dans le contrôle de la pandémie.
Joe Biden peut-il maintenir le cap de sa campagne malgré les récents rebondissements?
C’est un moment délicat pour les démocrates.
Des républicains se sont offusqués des commentaires sur les réseaux sociaux de certains démocrates qui ont souhaité du mal au président dès l’annonce de son diagnostic. Ces commentaires ont fini par se dissiper, ce qui est bon pour toutes les personnes impliquées.
M. Biden doit s’assurer qu’il est la voix dominante de son parti pendant la crise de santé que vit M. Trump. Le démocrate véhicule un message d’unité optimiste depuis le tout début de sa campagne, un message qu’il continue de transmettre dans la situation actuelle. Il a été vivement félicité pour avoir retiré ses publicités attaquant le président après l’hospitalisation de M. Trump, et ses collaborateurs ont largement maintenu ce ton positif dimanche.
L’attention du pays se concentre sur l’incapacité de M. Trump à gérer une crise de santé publique qui inclut maintenant la sienne. Son équipe de campagne veut désespérément changer d’orientation. Et un ressentiment déplacé ou une mesquinerie des démocrates à un moment comme celui-ci les aiderait à y parvenir.
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Le mot de la fin
Nous voyons en temps réel les effets de la relation ambiguë de M. Trump avec les faits. Dans ce véritable moment de crise nationale, beaucoup d’Américains ne savent pas quoi croire en ce qui concerne la santé de leur président.
L’équipe médicale et les conseillers de M. Trump ont offert des informations contradictoires et ont refusé de répondre aux questions clés sur sa santé tout au long du week-end. Même avant l’annonce de sa maladie, sept Américains sur dix ne croyaient pas ce que M. Trump disait à propos de la COVID-19, selon un récent sondage ABC News/Ipsos.
Dans les périodes de crise comme celle que vivent actuellement les États-Unis, un pays doit pouvoir faire confiance à ses dirigeants. Et en ce moment, ce n’est pas le cas.
Steve Peoples, The Associated Press