Miss ronde arabe 2013
Le 27 février dernier, pour la première fois dans le monde arabe, la chaîne libanaise LBC a organisé «Miss ronde arabe 2013»!
À partir du milieu des années 1990, LBC, à l’instar de plusieurs télés privées arabes, a imposé une nouvelle culture médiatique. Avec le lancement de son talk-show «Rouge en gros caractères» (ahmar belkhat alareed), le 19 mars 2008, elle a fait reculer plusieurs préjugés en traitant des sujets tabous, à une heure de grande écoute. Comme on peut le lire sur le site web de l’émission, au Liban et dans plusieurs pays arabes, souvent, les jeudis matins, le centre des discussions aux bureaux, dans les cafés et en famille, tourne autour de l’épisode de la veille de ce talk-show populaire.
Certes, «Miss ronde arabe 2013» est un vrai concours de beauté. Il a mis en compétition dix candidates : six du Liban et quatre autres représentantes de la Tunisie, de l’Égypte, de la Jordanie et du Maroc. D’intelligentes jolies femmes âgées de 21 à 38 ans. L’une d’elles porte carrément l’hijab!
Pour les départir, les candidates se sont prêtées au jeu des défilés en tenue décontractée, en maillot de bain et en robe de soirée, à l’oral du jury et aux échanges avec l’animateur.
Toutefois, ce concours n’est pas juste une compétition de beauté. C’était aussi l’occasion de parler d’un tabou, celui des femmes arabes, leur quotidien sous le joug d’une société conservatrice qui empoisonne leur vie et les discrimine.
Dans l’un des coins de notre planète que l’Occident considère comme les plus hostiles à la liberté de la femme, voir une émission dédiée à faire tomber le tabou de la femme-objet et de la dictature du paraître, est un signe prometteur!
D’ailleurs, la qualité du jury et ses interventions le prouvent. Les candidates et le public ont eu droit à l’analyse et aux commentaires judicieux d’experts de la trempe, entre autres, de Fatima Parker, correspondante d’Allegro, une association qui fait beaucoup de lobbying contre la discrimination vécue par les personnes corpulentes, et de Joumana Haddad, poète, écrivaine, journaliste et militante pour les droits de la femme. Le jury a aussi offert de bons conseils aux candidates et plaidé pour que la société arabe évolue.
Et ce n’est pas tout. Malek Maktabi, l’animateur du talk-show est lui-même un exemple des changements qui bouleversent le monde arabe. Il y a cinq ans, ce musulman chiite a lié sa destinée à Nayla Tueni, une chrétienne orthodoxe, journaliste, plus jeune élue du Parlement libanais et descendante d’une grande lignée de patrons de la presse écrite au Liban.
Enfin, pour les curieux, la couronne de «Miss ronde arabe 2013» est allée à la Libanaise Elina Naama (110 kg). Quant aux titres de sa 1re et 2e dauphine, ils ont été gagnés respectivement par la Tunisienne Zina Hedhili (111,9 kg) et la Libanaise Donia Kamana (118,3 kg).
Pour les curieux, visitez le site de l’émission Miss ronde arabe 2013