Intervention
Attention, ce qui suit est une histoire vraie sur un fléau qui touche un nombre croissant de familles.
Vous savez sans doute ce qu’on appelle une «intervention» auprès d’un proche qui a des problèmes de consommation. Sa famille et ses amis se réunissent et le surprennent en lui lisant des petits mots expliquant en quoi son problème les affecte au quotidien, pour finalement le supplier de demander de l’aide. Il y a même une émission de télé qui porte ce nom et qui se penche sur l’enfer de ceux qui ont atteint le fond du baril…
Nous avons récemment dû en organiser une pour un proche dont la consommation était totalement hors de contrôle et était en voie de le ruiner financièrement. Voyez-vous, on l’a vu péricliter rapidement. Il y a plusieurs années, il s’était acheté à peu près tous les modèles de iPod. Ensuite, ce fut le premier iPhone. C’est là que sa grande chute dans l’enfer de la technologie a vraiment commencé. C’est littéralement devenu comme du crack pour lui. Depuis, il ne fait que ça, du matin au soir, et il est incapable de s’arrêter.
Chaque fois qu’un nouveau modèle de iPhone sort, il est le premier en ligne pour se le procurer. Même chose pour les iPad. Il en possède trois. Et il en a acheté un autre pour le donner à sa blonde en cadeau à Noël. Il est totalement incapable de se contrôler. Dans un souper, il écoute distraitement, il a toujours la tête ailleurs, le doigt sur son écran tactile. Il se retire aussi plusieurs fois pour aller aux toilettes et il y disparaît de longues minutes. Il revient ensuite en nous expliquant ce qui se passe sur Twitter. Il dort davantage collé sur son téléphone que sur celle qu’il aime. Quand il marche dans la rue, il fixe toujours son écran et manque de heurter d’autres passants, comme de se faire frapper par des cyclistes et des voitures…
Il est sur Twitter, Facebook, Instagram, LinkedIn, Foursquare, Flickr, Pinterest et on en passe. Quand il va au restaurant ou se fait de la bouffe chez lui, son objectif premier est de prendre en photo ce qu’il va manger pour le partager.
Ce n’est pas facile à dire. Mais quand quelqu’un part en voyage pour ensuite partager un grand total de 200 photos, il vient un moment où tu n’as pas le choix : buddy, ta vie n’est pas si intéressante que ça. On s’en ca***** de ce que tu manges pour souper. LÂCHE TON IPHONE! Il te reste quelques amis, arrange-toi donc pour ne pas les perdre.
Il a finalement choisi ses amis… Les 734 qu’il n’a jamais rencontrés, sur Facebook.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.