Fin d’année sur les chapeaux de roues
En cette période de bilans, le portrait politique change à la vitesse grand V. Ce qui semblait vrai la semaine dernière a déjà l’air d’être de la vieille nouvelle. En politique, rien n’est fixe dans le temps. Les héros d’ajourd’hui peuvent rapidement devenir les zéros de demain. La rapidité à laquelle voyage l’information fait que les six mois qui devaient être une éternité sont devenus six semaines, six jours, six heures.
La politique de l’immédiat a souvent préséance. On oublie de se demander quelles seront les répercussions à long terme de tel ou tel enjeu. On entre vite dans la dynamique du débat sans se demander s’il en vaut vraiment la peine. La twittosphère s’enflamme, les commentateurs s’animent – parfois avec raison – pour des éléments fondamentaux, mais aussi pour des éléments qui passeront aussi vite que la nouvelle du jour. Bref, il y a maintenant de la place pour beaucoup de choses qui s’avèrent éphémères.
Si le débat autour de la charte des valeurs constitue un débat fondamental – le mot «valeur» lui-même nous interpelle tous directement dans la définition du modèle identitaire qu’on souhaite –, certains événements tenant plus de la forme que du fond ont fini par prendre une place disproportionnée.
Loin d’unir les Québécois pour la définition d’un mieux-vivre ensemble comme le «souhaitait» Pauline Marois, la charte est devenue un document de discorde. Un des points culminants aura mené Bernard Landry à mettre en veilleuse en direct à la télévision son amitié avec Maria Mourani. La famille souverainiste abordera donc cette période des Fêtes divisée.
Le période d’accalmie qui s’amorce avec le temps des Fêtes sera un moment tout indiqué pour reprendre son souffle. Ce sera un moment pour réfléchir sur ce dont le Québec a besoin. On pourrait se souhaiter, pour 2014, de sortir de la politique de l’immédiat pour s’offrir une politique à long terme. C’est un défi de taille.
Cela demande du courage de voir plus loin que le mandat de quatre ans. La Charte ne fait pas exception; au lieu de la voir comme un document final, on pourrait l’aborder comme un document évolutif qui saura s’adapter dans le temps. Cela laisse de la place à la réflexion et à l’introspection. Or, ce n’est pas simple de voir à long terme. On le voit avec le dossier des régimes de retraite et des pensions. Ce débat risque d’ailleurs d’être un de ceux qui marqueront 2014.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.