La dinde va y goûter
La dinde ne sera pas épargnée au réveillon cette année. Elle aura droit, tout comme le gouvernement Couillard, à toute la grogne des Québécois. Aucune famille ne sera épargnée. La raison est simple : s’il n’y a pas de professeurs, d’infirmières, de pharmaciens, de médecins ou de fonctionnaires autour de votre table, il y a sûrement une petite famille avec des enfants en CPE ou à l’école, ou encore des contribuables municipaux.
Chaque année, on se demande quel sujet marquera les discussions autour de la dinde à Noël. Politiquement, cela peut sembler trivial, et pourtant, c’est essentiel puisque cela teinte le climat politique pour un bon bout de temps. Ces discussions permettent de cristalliser l’opinion publique pour les mois à venir. À un point tel que l’an dernier, le gouvernement de Pauline Marois poussait la logique jusqu’à envoyer un guide de discussion pour outiller les supporteurs de la charte.
L’idée aurait pu inspirer l’équipe de Philippe Couillard, car les tenants de l’austérité auront grand besoin de tous les outils possibles pour faire valoir leur point de vue durant les festivités des Fêtes en famille. Comment expliquer que la modulation des frais de garde ne représente pas un «choc tarifaire»? Ou encore pourquoi l’abolition des CLD favorise-t-elle le développement économique au Québec? Ou pourquoi l’augmentation des taxes municipales n’est-elle en rien liée aux choix gouvernementaux? Plus globalement, pourquoi la magie libérale n’a-t-elle pas opéré en matière de création d’emplois et de création de richesse? Tout un contrat!
Il faudra aussi donner quelques arguments pour expliquer les chiffres de l’année, 0-0-1-1-1, qui représentent les offres du gouvernement à sa fonction publique. Ils seront discutés dans un contexte où le pouvoir d’achat des Québécois a diminué en 2013, une première en près de 20 ans. Les explications du porte-parole de l’Institut de la statistique animeront particulièrement le débat : «Il s’est créé moins d’emplois à temps plein en 2013 et les revenus de placement ont aussi reculé; les revenus d’emploi ont progressé, mais de façon anémique, autour de 1 %.»
Autour de la table, la dinde devrait donc en entendre de toutes les couleurs. Certains rappelleront avec raison les engagements libéraux et les promesses brisées. D’autres diront que les libéraux manquent de cohérence en s’attaquant aux régimes de retraite des employés municipaux sans toucher à leurs propres régimes, pourtant plus généreux. On en trouvera certainement pour dire que le retour à l’équilibre budgétaire est essentiel et qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Plusieurs auront malheureusement l’impression d’être le dindon de la farce…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.