Attaque gratuite d’un policier

Mercredi soir. Saint-Denis, coin Ontario. J’suis dans le «hood» pour un show. À l’Abreuvoir. Une soirée d’humour qu’un collègue et ami animait. Bref, pendant la soirée, pendant le show, nous sommes sortis du sous-sol du bar pour aller voir ce qui se passait de bon. C’était la fête.

La fanfare de casseroles passe. C’était la première fois que je regardais une manif passer comme une parade de carnaval. C’était beau. Je cherchais le vendeur de tiges fluo qui allument quand tu casses le gel, puis dont tu peux te faire une couronne ou faire spinner dans les airs, mais y était pas là. Dommage.

Ensuite, plus tard, pas mal plus tard. En haut, sur Sherbrooke, le pied de Charest a écrasé quelque 500 manifestants avec une contravention de 600 dollars. Ça t’enlève le goût de te tenir debout après. Puis un couple d’amis me dit que la veille, ils étaient à une manif pacifique et que lorsque les policiers ont donné la charge derrière eux, ils n’ont donné aucune chance à qui que ce soit de se «disperser». Souricière, matraque, pif paf pouf. Ils étaient encore sous le choc.

Tout était là pour que continue en moi la montée de colère contre le SPVM. Et là, juste là, dans le moment parfait de mon mépris pour ce système corrompu, j’ai été victime d’un policier antiémeute. Il m’a frappé. Dans l’front.

Je marchais sur Ontario, j’essayais de me rendre à ma voiture dans la côte de Berri. La manif prenait Ontario, moi, j’allais à contre-courant, et comme j’allais tourner le coin pour monter Berri, une dizaine de policiers longeaient la clôture que je longeais moi-même pour passer.

Un policier me fait signe d’aller avec la manif. Je réponds calmement : «Mon auto est dans la côte, je veux juste y aller.» Très gentiment, il me dit : «C’est bon, Monsieur, allez-y», puis il fait signe à ses collègues de me laisser passer.

Il était jeune, plus jeune que moi. Il dégageait plus la peur que la rage. J’ai honnêtement eu de la sympathie pour lui. J’ai senti, dans cette interaction de 15 secondes, qu’il ne voulait pas être là, en tout cas, qu’il ne voulait pas être là pour faire chier le monde. Qu’il était même content d’avoir eu un échange courtois avec quelqu’un dans la rue et d’avoir pu être serviable et compréhensif. Bref, mercredi j’ai mangé un coup de courtoisie policière dans l’front. Gratuit.

Ça existe. Charest jubile en ce moment. Il veut qu’on déteste TOUS les policiers. Ça nous rend agressifs et impulsifs, donc malléables. Il veut qu’on se déteste entre nous, salariés moyens, citoyens. Faut pas embarquer dans son jeu. Faut être plus forts, plus intelligents. Puis surtout, faut trouver le vendeur de tiges fluo.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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