La France, les femmes et nous?

French housing minister Emmanuelle Cosse, and wife of lawmaker Denis Baupin arrives for a brief emergency cabinet meeting at the Elysee Palace, in Paris, Tuesday, May 10, 2016. The Paris prosecutor has opened a preliminary investigation into allegations of sexual harassment, sexual assault and malicious calls against a French lawmaker.The office said Tuesday in a written statement that investigators will take evidence from four women who a day earlier publicly denounced 53-year-old Denis Baupin. (AP Photo/Christophe Ena) Photo: AP

L’affaire Baupin est une nouvelle saga de harcèlement et d’agressions sexuelles qui ébranle le plus haut sommet de l’État français et qui fait les choux gras de ses médias.

Ce nouveau scandale sexuel n’éclabousse rien de moins que Denis Baupin. Le présumé agresseur n’est pas n’importe qui. En plus d’être le vice-président de l’Assemblée nationale de la République française, c’est une tête d’affiche d’Europe Écologie Les Verts (EELV), un parti membre de la coalition qui forme le gouvernement Valls, mais aussi le mari de la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse.

Avec la saga Dominique Strass-Kahn (DSK), on a cru que l’establishment politique français avait touché le fond. Que non.

Ainsi, on parle là-bas d’accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles portées par huit femmes contre le député écologiste.

Dans la foulée, les médias français rapportent des détails crapuleux de cette affaire, comme des «courriels salaces», des victimes «coincées dans un ascenseur ou dans un couloir» pour être «menacées de représailles si elles ne cédaient pas» aux avances du présumé agresseur Denis Baupin.

Certes, après ces révélations, une vague d’indignation a secoué le pays et les langues se sont déliées. Toutefois, cette culture du machisme à la française et son omerta semblent se répéter à n’en plus finir.

C’est ce qui a fait dire à Tristane Banon sur les ondes de RTL, la journaliste qui avait porté plainte contre DSK pour viol en 2011, que Denis Baupin «ne risquera pas grand-chose», devant la justice, car «peu de gens en parlent» et «les Français s’en foutent».

Comment se fait-il donc que la journaliste qui avait été la première à dénoncer le silence entourant les agressions sexuelles dans le milieu politique déplore encore aujourd’hui l’impuissance des Françaises à faire reconnaître, devant la justice de leur pays, les agressions sexuelles dont elles sont victimes?

Comment expliquer qu’une telle culture répugnante persiste au pays des Lumières, celui des droits de l’Homme? Pourtant, on est en 2016!

Cela dit, ici, nous n’avons pas de leçon à donner aux Français. Avec les affaires Jian Ghomeshi et Marcel Aubut, nous faisons partie de ces pays de l’Occident qui se disent progressistes, modernes et fervents défenseurs des droits de l’Homme, alors qu’un machisme odieux ronge leurs entrailles et broie leurs femmes.

Jusqu’à quand?

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