L'Ukraine demande des clarifications au Canada
OTTAWA — L’ambassadeur ukrainien au Canada affirme que son pays est de plus en plus inquiet quant à l’avenir de la mission militaire canadienne déployée en Ukraine pour l’aider à faire face à la menace russe.
Le Canada a envoyé 200 soldats en Ukraine pour former les troupes ukrainiennes sur l’adresse au tir, les communications, la survie et l’éthique.
La mission est censée arriver à échéance à la fin du mois de mars.
Mais avec les milliers de soldats américains déployés en Pologne et dans les pays environnants pour renforcer les effectifs de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans la région, l’Ukraine — qui n’est pas membre de l’alliance militaire — voudrait que le gouvernement canadien prolonge son implication dans le pays.
L’ambassadeur ukrainien Andiy Shevchenko affirme que la discussion sur l’avenir de la coopération canado-ukrainienne a pris beaucoup plus de temps que prévu.
Le Canada n’a toujours pas fourni de réponse formelle, a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, n’a offert aucune autre clarification. L’annonce viendra lorsque le cabinet aura pris sa décision, a-t-on indiqué par courriel, vendredi.
Engagements en Lettonie
M. Shevchenko croit que le Canada évalue attentivement ses contributions militaires à la lumière de ses engagements prochains en Lettonie.
Plus la décision sera prise tôt, plus la mission pourra remplir rapidement son rôle de contrepoids à la Russie, a plaidé l’ambassadeur.
«Ce pourrait être aussi un signal très important envers la Russie», a-t-il soutenu.
«Ces gens qui sont au Kremlin et qui planifient leurs activités terribles en Ukraine, le plus tôt ils apprendront que l’Occident et le Canada sont sérieux sur leur coopération future, le mieux ce sera», a-t-il poursuivi.
Dans les prochains mois, le Canada enverra en Lettonie 450 militaires qui formeront des groupes de combat provenant de pays comme l’Espagne, l’Albanie, l’Italie, la Pologne et la Slovénie.
Cette mission fait partie d’un effort plus global de l’OTAN dans lequel l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni dirigeront leurs propres groupes de combat en Lituanie, en Pologne et en Estonie.
L’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, mais l’annexion de la région de la Crimée par la Russie en 2014 a provoqué une crise politique entre l’Occident et la Russie — la pire depuis la fin de la guerre froide.
«Évidemment, nous aimerions avoir des précisions sur cet enjeu aussitôt que possible», a indiqué M. Shevchenko.
Les troupes canadiennes apprennent aussi beaucoup de leurs homologues ukrainiens, notamment sur les tactiques de la Russie dans la cyberguerre, selon l’ambassadeur.
«Nous connaissons les outils que les Russes ont utilisés contre le reste du monde libre concernant la cybersécurité et nous aimerions partager ces connaissances avec le Canada et le monde libre», a-t-il affirmé.