Le PLC rejette la candidature d'Alan DeSousa
OTTAWA — Le Parti libéral du Canada (PLC) refuse que le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, se présente sous sa bannière à l’élection complémentaire du 3 avril prochain, ouvrant la voie à l’élection de Yolande James.
Le parti a balayé du revers de la main la candidature du politicien municipal, qui souhaitait briguer l’investiture dans la circonscription fédérale de Saint-Laurent.
«Le comité du feu vert a effectué une analyse approfondie de votre admissibilité (…) Malheureusement, en se basant sur cette évaluation, le comité du feu vert ne recommande pas votre candidature à l’investiture», est-il écrit dans la lettre annonçant le verdict.
«Votre nom ne sera donc pas sur le bulletin pour l’investiture», peut-on lire dans cette missive datée du 26 février dernier adressée à Alan DeSousa, que La Presse canadienne a pu consulter, mardi.
Le candidat éconduit a confirmé qu’il avait d’ores et déjà porté cette décision en appel.
«J’ai l’intention de faire tout en mon possible pour m’assurer que mon nom est sur le bulletin pour l’assemblée d’investiture», a-t-il tranché en entrevue téléphonique, mardi.
Car il devrait revenir aux citoyens de Saint-Laurent de choisir «qui ils veulent comme candidat libéral et qui doit les représenter à Ottawa», a plaidé le maire DeSousa.
«Le premier ministre a promis un processus ouvert et transparent, et je veux que cette promesse soit respectée», a-t-il tranché.
Les règles nationales intérimaires de sélection du PLC stipulent que le comité du feu vert tient compte, «au minimum», de la vérification des antécédents, de la situation financière et de toute question ou toute préoccupation relative à l’éthique, entre autres critères.
Alan DeSousa soutient qu’on ne lui a fourni aucune explication pour justifier le rejet de sa candidature.
Au Parti libéral du Canada, on n’a pas voulu commenter la décision du comité du feu vert.
«Pour des raisons de confidentialité, le parti ne peut pas émettre de commentaires sur les détails d’un dossier en particulier», a écrit dans un courriel la porte-parole Marjolaine Provost.
«Les règles nationales détaillent la procédure rigoureuse à laquelle s’attendent les Canadiens de la part d’un parti politique national», a-t-elle ajouté.
La course à l’investiture libérale dans la circonscription de Saint-Laurent compte dans ses rangs l’ex-ministre québécoise de l’Immigration, Yolande James, ainsi que la professeure en fiscalité et ancienne candidate du PLC, Marwah Rizqy, qui ont obtenu le feu vert du parti mercredi dernier.
Le maire DeSousa n’a pas voulu dire si le parti avait voulu favoriser l’une ou l’autre de ces candidatures en écartant la sienne.
«Je laisserai les gens porter un jugement là-dessus», s’est-il contenté d’offrir.
«Mais je suis sûr et certain que je suis un des candidats les plus forts, qui a la meilleure chance de remporter cette nomination. Je suis résidant (de l’arrondissement) depuis 44 ans, je suis élu depuis 31 ans, je suis le maire depuis 16 ans», a-t-il néanmoins ajouté.
La semaine dernière, Yolande James a reconnu avoir été encouragée à se présenter sous la bannière libérale dans la circonscription de Saint-Laurent par des gens au PLC, mais a assuré qu’elle n’avait droit à aucun traitement de faveur dans cette course à l’investiture.
«Oui, je connais beaucoup, beaucoup de monde au Parti libéral, et il y a des gens qui m’ont approchée», a-t-elle expliqué en entrevue avec La Presse canadienne, se décrivant toutefois comme une «candidate à l’investiture comme les autres».
Le maire DeSousa a fait l’objet d’un reportage de TVA il y a deux semaines, peu avant le déclenchement des élections. Un citoyen l’a accusé de manière anonyme d’avoir puisé dans la banque de courriels de l’arrondissement pour solliciter des appuis.
Le principal intéressé a assuré mardi qu’il n’avait pas eu accès aux adresses courriel du cyberbulletin de l’arrondissement et qu’il avait plutôt pigé dans la banque de contacts qu’il a bâtie au fil des ans.
D’origine pakistanaise, Alan DeSousa oeuvre en politique municipale montréalaise depuis 1990. Il est maire de l’arrondissement de Saint-Laurent depuis 2001.
L’élection complémentaire dans Saint-Laurent a été provoquée par le départ de Stéphane Dion, qui a accepté un poste d’ambassadeur du Canada auprès de l’Allemagne et de l’Union européenne après avoir été écarté du cabinet lors d’un remaniement, en janvier dernier.
La circonscription montréalaise est une forteresse libérale; aussi, la personne qui sera désignée porte-couleurs pour le PLC a de bonnes chances de se retrouver à la Chambre des communes au lendemain du 3 avril.
La date de l’assemblée d’investiture libérale n’a pas encore été fixée.
Accusations de favoritisme en Ontario
Le PLC a été accusé de favoritisme dans le processus d’investiture en cours dans une autre circonscription où les électeurs ont été appelés aux urnes, Markham-Thornhill, en Ontario, laissée vacante par le départ de l’ancien ministre de l’Immigration, John McCallum.
Une candidate, Juanita Nathan, affirme que plus de 2000 personnes qu’elle a recrutées ne pourront voter à l’assemblée, car le PLC a fixé rétroactivement la date limite d’inscription au 14 février — la veille du jour où elle a commencé à inscrire des noms dans le système.
Or, l’une de ses concurrentes dans cette course est Mary Ng, une ancienne employée de haut rang du premier ministre Justin Trudeau. Mme Nathan allègue que la procédure semble favoriser sa rivale.
L’équipe de campagne de Mary Ng assure avoir appris les changements quant à la date limite en même temps que tout le monde et affirme que «des centaines» de partisans de Mme Ng seront également dans l’impossibilité de voter.
Trois autres élections fédérales partielles sont prévues le 3 avril prochain: une autre en Ontario (dans Ottawa-Vanier, pour remplacer feu Mauril Bélanger) et deux en Alberta (dans Calgary Heritage et Calgary Midnapore, pour remplacer Stephen Harper et Jason Kenney).