Gaétan Barrette et Claire Samson à la CAQ
MONTRÉAL – Après des mois de spéculations, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le docteur Gaétan Barrette, se lance en politique et sera candidat pour la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault dans la circonscription de Terrebonne.
D’autre part, la présidente-directrice générale de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec, Claire Samson, se présentera pour la CAQ dans la circonscription d’Iberville.
François Legault était visiblement fier d’avoir recruté ces deux candidats, qu’il a présentés mardi l’un comme son futur ministre de la Santé, l’autre comme sa future ministre de la Culture.
«La priorité principale du docteur Barrette ça va être de s’assurer que chaque Québécois ait son médecin de famille», a indiqué le chef caquiste.
«Nous pouvons et nous allons mettre en place les mesures qui vont faire en sorte que oui, vous allez avoir accès à un médecin de famille et non vous n’allez plus attendre», a promis le nouveau candidat de Terrebonne. Mais ça demande un certain courage.»
M. Barrette s’est souvent retrouvé à l’avant-scène de l’actualité en raison de ses fréquentes confrontations avec Québec, que ce soit avec l’actuel ministre de la Santé, Yves Bolduc, ou son prédécesseur Philippe Couillard, une réalité dont M. Legault est bien au fait.
«Dans la vie, il y a ceux qui suivent la parade et il y a ceux qui sont devant la parade», a déclaré le chef caquiste. «Gaétan c’est quelqu’un qui est devant la parade. Parfois quand on est devant, on écrase des orteils et c’est normal quand on veut changer des choses.»
Le ministre Bolduc s’est dit heureux de pouvoir en découdre avec le docteur Barrette en toute franchise. «Maintenant nous sommes dans l’arène politique, il ne pourra plus se cacher, il va falloir qu’il donne des positions assez claires.»
«Cela va nous permettre de mesurer le radicalisme du docteur Barrette», a ajouté M. Bolduc. «On sait qu’il a des positions extrêmement radicales dans certains dossiers».
Le docteur Barrette s’est dit en faveur d’un système public de santé, alors que son nouveau parti promet de mener un projet-pilote de services de santé privés parallèles au réseau public. Le nouveau candidat a cependant tenté de faire entrer tous les morceaux dans sa rhétorique.
«Il n’y a absolument aucune contradiction. Je suis pour un système public mais si le public — et c’est ça un vrai débat public — n’est plus capable, après avoir été efficace, de donner tel ou tel service, quelqu’un doit l’avoir. Je ne veux pas empêcher quelqu’un d’avoir un service pour des raisons idéologiques.»
La réaction est venue dans les minutes suivantes d’Amir Khadir qui se trouvait, avec sa collègue et coporte-parole de Québec solidaire Françoise David, devant les bureaux de la CAQ: «C’est incohérent avec le programme de la Coalition avenir Québec (…) Je veux bien que M. Barrette souhaite la vertu mais encore faut-il que ce soit compatible avec le corporatisme financier et d’affaires de la CAQ, qui veut instaurer un régime privé parallèle.»
Par ailleurs, le docteur Barrette a avancé que le désir du Parti québécois de faire la souveraineté mettait en péril le réseau public de santé: «Il faut en quelque part être irresponsable pour mettre en jeu économiquement la situation du Québec. Quand on la met en jeu, on met en jeu le système de santé», a-t-il laissé tomber.
La chef péquiste Pauline Marois n’a pas tardé à répliquer: «Être un état libre et indépendant, ça nous donnerait tous les moyens pour être capables de faire nos choix, de ne pas se faire imposer ceux d’Ottawa (…) Moi je crois que ça nous donnerait ders ailes plutôt que de nous les couper.»
Culture, langue et éducation
Mme Samson, beaucoup plus discrète et effacée que le volubile et coloré M. Barrette lors de la conférence de presse, a indiqué à La Presse Canadienne que la situation du français à Montréal est inquiétante mais, avant d’aller au front avec des éléments coercitifs, elle estime que les Francophones montréalais eux-mêmes doivent prendre les choses en mains.
«Les Montréalais doivent s’habituer à demander d’être servis en français. Ce n’est pas normal de ne pas être servi dans sa langue dans sa propre ville. Aider un touriste, c’est une chose, mais dans un commerce, il faut pouvoir être servi dans sa langue chez soi».
Elle n’a pas caché, toutefois, avoir des réserves importantes sur l’imposition de la Loi 101 au niveau collégial, ce qui fermerait les portes des collèges anglophones aux francophones et aux allophones.
«Je suis en faveur du bilinguisme individuel. Apprendre l’anglais dans le monde d’aujourd’hui, c’est très important. C’est une question de choix. Je ne crois pas que ce soit nécessaire d’imposer la Loi 101 à ce niveau», a-t-elle indiqué.
Mme Samson est bien connue des artisans de la télévision québécoise. Elle a occupé le poste de directrice générale des communications et directrice générale de la programmation à Radio-Canada, celui de vice-présidente exécutive et chef des opérations à TQS, et celui de vice-présidente des communications à TVA