Coupe du monde: Analyse des groupes E, F, G et H
Les 32 listes de 23 divulguées, les premières sélections déjà arrivées en Russie, il ne reste aujourd’hui plus qu’une toute petite semaine avant le coup d’envoi de la 21e Coupe du monde de la FIFA! Voici sans plus tarder la suite de mon état des forces, avec les groupes E, F, G et H.
Groupe E
Brésil
Le fiasco de 2014 est aujourd’hui loin derrière pour le Brésil. Un retour aux sources qui s’est matérialisé avec l’embauche de Tite, en septembre 2016, soit un peu plus de deux ans après l’étrange décision de la CBF de ramener le très monotone Dunga à la barre de la Seleçao après la démission du très monotone Felipe Scolari. En 20 matchs sous les ordres de l’ex-Corinthians, la Canarinha affiche un reluisant dossier de 16 victoires, 1 défaite et 3 matchs nuls – avec 44 buts marqués et seulement 5 encaissés – et a survolé les éliminatoires de la CONMEBOL pour devenir la toute première équipe à se qualifier pour la Russie. Ayant retrouvé l’essence de jeu qui est propre au Brésil, cette nouvelle génération extrêmement talentueuse, menée par un Neymar de plus en plus mûr, a tout pour ravir les grands honneurs le 15 juillet prochain.
Suisse
Sur papier, la Nati devrait normalement terminer derrière le Brésil dans ce groupe mais, pour que la théorie se concrétise, le principal défi du sélectionneur Vladimir Petkovic sera d’aligner les individualités au service du collectif, surtout du milieu vers le haut. Avec Granit Xhaka comme poumon offensif et la créativité de Xherdan Shaqiri, la Suisse possède un excellent début d’argument offensivement parlant. Cependant, l’absence d’un attaquant (un pur 9) de qualité pourrait lui causer beaucoup de difficultés dans un groupe où la deuxième place sera chaudement disputée.
Costa Rica
Los Ticos avaient causé la surprise au Brésil, en se faufilant aux jusqu’aux quarts de finale, où ils se sont inclinés aux tirs au but devant les Pays-Bas. Pour parvenir à une cinquième qualification en Coupe du monde, le sélectionneur Óscar Ramírez a reconduit le 5-4-1 qu’avait instauré, avec le succès qu’on connaît, son prédécesseur Jorge Luis Pinto. La grande star de cette équipe est son gardien, et héros national, Keylor Navas, mais les succès du petit pays centraméricain dépendent grandement de l’apport de Celso Borges au milieu et de Bryan Ruiz devant: leur tenue pourrait bien faire la différence entre un passage aux huitièmes et un retour prématuré au pays de la Pura Vida.
Serbie
Après une absence de huit ans, les Aigles serbes reviennent par la grande porte, ayant survolé leur groupe éliminatoire avec un Aleksandar Mitrovic au sommet de son art. Malgré cette qualification sans appel, les querelles idéologiques entre le président de la fédération et le sélectionneur, Slavoljub Muslin, ont mené au limogeage de ce dernier à la fin octobre. Reste à voir si son successeur, Mladen Krstajic, saura maintenir le niveau affiché par la Serbie lors des éliminatoires européennes, où elle n’a subi qu’un seule défaite en 10 matchs.
Groupe F
Allemagne
Invaincus durant toute l’année 2017, les champions en titre ont visiblement oublié la déception de leur élimination en demi-finale de l’Euro aux mains de la France et arrivent en Russie fin prêts à défendre leur couronne. Si Joachim Löw est toujours en poste, le renouveau au sein de l’effectif est quant à lui notable, avec la montée en puissance de jeunes comme Leon Goretzka, Julian Brandt et Timo Werner. Jogi s’est même payé le luxe d’exclure Leroy Sané (10 buts, 15 passes avec Manchester City la saison dernière) de sa liste des 23. Bien que l’Allemagne tout entière puisse s’en mordre les doigts, cette décision nous montre, à tort ou à raison, l’étendue de la qualité de cette Mannschaft qui, aussi renouvelée soit-elle, est encore et toujours candidate aux grands honneurs.
Mexique
L’histoire se répète pour El Tri avec une qualification CONCACAF plutôt aisée. Reste maintenant à voir si elle se poursuivra avec une septième sortie en huitièmes de finale. Oui, vous avez bien lu, depuis le mondial de 1994, aux États-Unis, le Mexique s’est vu éliminé en ronde des 16 six fois de suite. Une triste régularité qui pèse lourd, autant chez les joueurs que du côté des partisans. Ceci étant dit, le noyau de cette sélection (Chicharito Hernández, Andrés Guardado, Héctor Herrera, Memo Ochoa et j’en passe) est arrivé à maturité, fort d’une solide expérience européenne qui plus est, et représente un très bel espoir de briser ce cycle.
Suède
La Suède post-Zlatan est-elle une meilleure équipe au sens propre du terme? Plusieurs tendent à le croire, et la discipline tactique affichée par la troupe de Janne Andersson semble leur donner raison. C’est justement cet esprit de corps qui pourrait permettre aux Suédois de disputer chaudement la deuxième place du Groupe F au Mexique.
Corée du Sud
Entrés par la porte de service après un parcours éliminatoire très ardu, les Reds semblent condamnés à répéter le parcours de 2014, avec une sortie dès la phase de groupes à la clé. Avec une attaque famélique et une défense qui est loin de convaincre, il est extrêmement difficile d’imaginer la Corée du Sud ailleurs qu’au dernier rang de ce groupe.
Groupe G
Belgique
L’heure de vérité pour une sélection qui promet de bien belles choses depuis déjà un bon moment, mais qui semble toujours plier quand ça compte réellement. Largement favorite dans le Groupe G après un parcours éliminatoire étincelant et affichant un des effectifs les plus talentueux du tournoi, cette génération dorée tentera d’atteindre le carré d’as d’un tournoi majeur pour la toute première fois: une barrière psychologique importante. Comme l’a sagement mentionné le sélectionneur Roberto Martinez dans le dernier bouquin de Grant Wahl, Football 2.0: How the World’s Best Play the Modern Game, il faut que les Diables Rouges apprennent à être une équipe gagnante. Est-ce que ce sera en Russie qu’ils passeront enfin le test?
Angleterre
Sortie du Brésil en phase de groupes et exclue du dernier Euro en huitièmes – vaincue par la petite Islande –, la nation mère de la Beautiful Game ne semble pas être en mesure de trouver son identité, malgré des moyens pharaoniques et un bassin de talent à faire pâlir d’envie bon nombre de nations présentes à la Coupe du monde. En Russie, une mouture jeune et prometteuse des Three Lions tentera de se faire un nom mais, même si elle bénéficiera d’un groupe plus que prenable, il serait extrêmement étonnant de la voir passer les quarts de finale.
Tunisie
Retour à la plus haute compétition pour les Aigles de Carthage, après une absence de 12 ans. Entrés en Russie par la grande porte, invaincus en parcours éliminatoire, ils tenteront de passer la phase de groupes pour la première fois en six présences mondialistes. Une tâche qui s’avèrera cependant difficile, dans un groupe très corsé.
Panama
Avec cinq joueurs qui évoluent en MLS, le Panama a causé la surprise en phase éliminatoire de la CONCACAF, privant les États-Unis de leur ticket pour la Russie. Une toute première participation à la Coupe du monde pour Los Canaleros, qui comptent bien profiter de chaque rencontre pour poursuivre leur progression à l’échelle internationale.
Groupe H
Colombie
Deuxième participation consécutive pour Los Cafeteros, après un beau parcours jusqu’aux quarts de finale au Brésil. Malgré des éliminatoires compliquées, l’équipe de l’Argentin José Pekerman possède le talent et la structure nécessaires pour répéter, voire améliorer sa performance de 2014. Si elle parvient à rester compacte défensivement et efficace en contre-attaque, la Colombie peut rivaliser avec les grosses pointures de cette Coupe du monde. C’est là, son principal défi.
Pologne
Première participation en huit ans pour la Pologne, qui débarque en Russie avec sensiblement la même équipe que celle qui s’est inclinée aux tirs au but face au Portugal, en quarts de finale du dernier Euro. Avec ses 16 buts lors des éliminatoires – un record –, Robert Lewandowski arrive gonflé à bloc pour ce qui pourrait bien être son dernier Mondial. Bien équilibrée entre défense solide et attaque efficace, la troupe d’Adam Nawalka livrera une chaude lutte à la Colombie pour la première place du Groupe H.
Sénégal
De retour à la Coupe du monde après une absence de 16 ans, les Lions de la Téranga tenteront de répéter leur exploit de 2002, alors qu’à leur toute première participation, ils avaient battu la France, championne en titre, puis s’étaient qualifiés pour les huitièmes de finale. Le capitaine de l’époque, Aliou Cissé, aujourd’hui devenu entraîneur du Sénégal, devra compter sur son as Sadio Mané au sommet de sa forme pour espérer causer la surprise dans un groupe très compliqué.
Japon
Le sélectionneur bosniaque Vahid Halilhodzic a soulevé les passions au Japon en écartant du groupe les stars incontestées des Samouraï Bleus, Keisuke Honda et Shinji Kagawa, qui ne cadraient pas dans les prémisses philosophiques de son projet. Un projet qui préconise la contre-attaque plutôt que la possession. Sans ces référents historiques, le Japon peut néanmoins compter sur un noyau solide, constitué de joueurs ayant une bonne expérience européenne. Il n’en demeure pas moins que dans un groupe aussi difficile, les choix de l’entraîneur peuvent s’avérer d’autant plus discutables. À suivre!