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Un vent d'Ottawa souffle sur la campagne

Justin Tang / La Presse Canadienne Photo: Justin Tang / La Presse Canadienne

Pendant que le chef de la CAQ François Legault n’en finit plus de patauger dans la vase de l’immigration pour tenter de conquérir l’électorat nationaliste, son adversaire péquiste Jean-François Lisée s’est rendu dans l’antre de la Bête pour y pourfendre les politiques fédérales.

La caravane du Parti québécois a franchi l’Outaouais pour se rendre devant le Parlement canadien et défendre… la souveraineté.

Pour obtenir au Québec sa part du gâteau fédéral, M. Lisée compte ressortir une stratégie connue: il va brandir la menace de l’indépendance, la seule chose dont le gouvernement fédéral a peur, selon lui.

«On est dans un rapport de force et le seul argument qui reste aux Québécois, c’est d’avoir un parti indépendantiste au pouvoir, tout le reste a échoué», a répondu le chef lorsqu’il s’est fait demander si la peur était son arme principale de négociation avec Ottawa.

Et c’est pour cela que les grandes avancées du Québec dans le Canada ont été faites par des chefs péquistes. «Pas par amour. Par crainte», a-t-il dit.

«Est-ce que l’on aura des gains? Oui. Est-ce que l’on aura tout? Non», a convenu le chef dont l’option idéale demeure la souveraineté.

Le talon d’Achille

M. Lisée a aussi profité de son séjour «canadien» pour attaquer la crédibilité de M. Legault en matière d’immigration. Cet enjeu est en train de devenir un véritable talon d’Achille pour le chef de la CAQ.

Encore dimanche, M. Legault s’est de nouveau empêtré sur ce sable mouvant, quelques instants après avoir reconnu qu’il n’aurait pas gagné samedi au défunt jeu-questionnaire «Génies en herbe».

Quand les journalistes lui ont demandé de comparer le test de valeurs et le test de français qu’il veut imposer aux nouveaux arrivants à la procédure déjà existante au fédéral, il a affirmé que l’examen de connaissance du Canada est donné à l’étape de la demande de la résidence permanente.

«C’est avant, pour avoir la résidence permanente, je vais vérifier pour être certain, là, je vais prendre votre question en délibéré», a-t-il indiqué.

Or l’examen portant sur la connaissance du Canada est fait par les demandeurs de la citoyenneté canadienne, qui sont déjà résidents permanents

Malheureusement, ce sujet risque de lui coller comme un bout de sparadrap au doigt du capitaine Haddock pour au moins 24 heures car il devrait sans doute revenir lundi à l’occasion du débat des chefs dans la langue de Shakespeare.

Ah les belles écoles!

Toutefois M. Legault n’a pas parlé que d’immigration. Il a aussi promis, rien de moins, que «les plus belles écoles du monde au Québec».

L’ennui, c’est que pour y parvenir, il investirait moins d’argent que les libéraux.

La CAQ s’est engagée dimanche à dépenser 1,2 milliard $ par an sur cinq ans pour rénover et agrandir les écoles, mais aussi en construire de nouvelles, si elle est élue le 1er octobre. Or le gouvernement Couillard a déjà annoncé 1,5 milliard $ par an plus tôt cette année, soit 965 millions $ pour la rénovation et 608 millions $ pour l’agrandissement d’écoles. Et en début de campagne, le chef libéral a ajouté dans ses promesses électorales 400 millions $ supplémentaires à cette enveloppe, pour un total de près de 2 milliards $ par an.

Billevesée que cela, rétorque M. Legault.

Car, selon lui, seule la CAQ peut y arriver avec une somme moindre, puisque les libéraux ne sont pas crédibles, après 15 ans de déficit d’investissements dans les infrastructures scolaires.

«Moi, je ne crois pas les promesses du Parti libéral, a-t-il déclaré en matinée dans une conférence de presse à Coteau-du-Lac, dans la circonscription de Soulanges. Tout à coup, ils se réveillent et en mettent plus que le client en demande (…). Ce n’est pas réalisé, ce ne sera pas réalisé, ils ne seront pas prêts à faire ça.»

Le commerce en ligne

Pendant ce temps, le chef libéral Philippe Couillard a profité dimanche du Jour 25 de la campagne électorale pour s’adresser aux détaillants québécois et leur promettre un commerce en ligne plus équitable.

Il s’est engagé à obliger tous les fournisseurs de biens tangibles, peu importe leur provenance, à percevoir la taxe de vente du Québec.

«On va continuer à rétablir l’équité fiscale pour nos détaillants, a-t-il martelé en point de presse. Le gouvernement fédéral doit maintenant et rapidement compléter la modernisation des centres de traitement pour permettre d’identifier les colis et rendre possible la perception des taxes. C’est ce que l’on exigera et ce que l’on obtiendra.»

Oui, mais…

Le Québec devra toutefois se fier à la bonne volonté des entreprises étrangères. Dans l’éventualité où une entreprise «ignorante» ne s’inscrirait pas à Revenu Québec, M. Couillard a expliqué qu’il appartiendra au consommateur d’effectuer certaines démarches.

Corriger une inégalité

De son côté, Québec solidaire s’est déplacé au Saguenay pour y défendre une plus grande équité en matière d’accès à la culture.

Le porte-parole du parti Gabriel Nadeau-Dubois a annoncé que son parti s’engageait à mettre sur pied un Fonds régional en culture dont le mandat serait de distribuer équitablement les fonds publics entre les régions. Ce fonds serait doté d’une enveloppe de 30 millions $ répartis sur 3 ans, avec comme mission de soutenir le rayonnement de la culture et des artistes professionnels en région.

Selon le parti, les villes de Montréal et de Québec reçoivent un budget respectif de 286 $ et 313 $ par personne pour la culture, ce montant n’étant que de 55 $ par personne en moyenne ailleurs au Québec.

Pour Québec solidaire, il est essentiel de rétablir l’équité entre les régions. «Il y a un manque à gagner énorme, et le résultat est que tous les citoyens du Québec ne sont pas égaux en matière d’accès à la culture. Les gens des régions sont très désavantagés, et ce n’est pas acceptable. La culture québécoise, elle est importante partout, pas seulement à Montréal», a fait valoir le porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois en entrevue.

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