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Du calme

Arcadio Marcuzzi

Permettez-moi de mettre quelque chose au clair d’entrée de jeu.

Contrairement à ce qu’on entend et lit un peu partout depuis la visite éclair du commissaire de la MLS, Don Garber, lundi, l’Impact de Montréal n’a pas de problème d’assistance. J’ajouterais même, pour ceux et celles qui auraient écouté vite-vite, regardé du coin de l’œil ou lu en diagonale tout ce qui a été émis à ce sujet, que non, le Bleu-blanc-noir ne va pas paqueter ses petits et déménager l’année prochaine non plus…

Certes, depuis son entrée dans le circuit en 2012, le club peine à remplir son stade et n’est même pas encore passé proche d’atteindre son objectif de 13 000 abonnements de saison, établi cette même année.

Il n’en demeure pas moins que, année après année, le onze montréalais a su maintenir des moyennes d’assistance supérieures à 16 000 spectateurs par match, malgré un marketing déficient, pour ne pas dire inexistant, et un produit sur le terrain plus souvent qu’autrement de qualité médiocre, en dehors des miracles terrestres de saint Nacho. C’est plus que respectable.

On est même loin, très loin, de la lente et triste agonie des Expos, qui peinaient à franchir le cap des 10 000 fans au cours de leurs dernières années dans la métropole. Pourtant, certains observateurs médiatiques n’hésitent pas à établir des parallèles aussi directs que douteux entre ces deux réalités complètement différentes : il ne s’agit pas uniquement de comparer des chiffres; il s’agit surtout de deux produits sportifs on ne peut plus différents, autant dans leurs réalités financières qu’en termes de publics convoités.


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Donc non, l’Impact de Montréal n’est pas en difficulté. Ça pourrait très certainement être mieux, mais lorsqu’on considère les tares institutionnelles de ce club, autant sur le plan administratif que sportif, force est d’admettre que ça pourrait surtout être bien pire! Ce qui en dit finalement long sur la grande force mercantile du sport global par excellence, qui augmente année après année dans cet eldorado qu’est le marché nord-américain.

Il est toujours fascinant de constater à quel point le paysage médiatique sportif montréalais est avide de drama, et à quel point ça «vend» plus que n’importe quelle bonne nouvelle. Le problème, quand il s’agit de l’Impact, c’est que pour beaucoup – trop! –, c’est malheureusement la seule manière d’en parler.

Il est temps d’entrer dans les ligues majeures

On ne peut certainement pas reprocher à Joey Saputo de manquer d’ambition, ni de passion pour son club et sa ville. N’empêche que, et au risque de me répéter, il est grand temps que le propriétaire de l’Impact réalise que la croissance fulgurante de la Major League Soccer est une énorme occasion, et non un gouffre financier.

Aussi, cette chasse à la rentabilité à tout prix qu’il a lancée en 2016 avec son plan quinquennal, qu’on pourrait aussi appeler « plan austérité », est contre-productive à souhait. Bien entendu, un club de foot n’est pas une opération philanthropique, c’est tout à fait normal que ça prenne une bonne dizaine d’années, voire davantage, à un nouveau joueur comme l’Impact – le club dont on parle ici est, à toutes fins pratiques, né en 2012, malgré ses 26 ans d’histoire – avant d’atteindre un certain seuil de rentabilité.

Ce n’est pas en coupant un peu partout que ça va arriver, surtout pas à Montréal.

L’Impact doit se donner les moyens de ses ambitions en investissant là où il aurait dû le faire d’entrée de jeu : dans un stade moderne afin de maximiser ses flux de revenus et de bonifier l’expérience client ainsi que l’implication du Québec Inc. – le plan de réfection du Stade Saputo visé par le propriétaire le permettrait – et dans un branding et un marketing qui interpellent les 18-40 «urbains» fans de soccer international. Enfin, et surtout, il faudrait entrer une bonne fois pour toutes dans l’économie des transferts internationaux en recrutant de jeunes talents à fort potentiel de revente – qui sont des sources de revenus qu’on ne retrouve dans aucun autre sport nord-américain.

En ce sens, l’embauche de Kevin Gilmore est porteuse d’espoir. Comme le nouveau président l’a si bien dit, le marché montréalais en est un des ligues majeures – c’est à l’Impact maintenant d’être à la hauteur.

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