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COVID-19: un employé infecté dans un centre de détention pour migrants de Laval

Une salle d'examen
Photo: TC Media - Denis Germain

Un agent de sécurité du Centre de surveillance de l’immigration de Laval (CSIL) a été testé positif à la COVID-19. Plusieurs détenus de l’établissement, qui craignent pour leur propre sécurité, demandent l’aide du gouvernement fédéral.

«Il a été déterminé qu’il n’y a aucun risque pour nos opérations, puisque l’individu n’a pas eu de contact avec nos employés pendant les jours où il était contagieux», explique à Métro la porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), Ashley Lemire, confirmant qu’un résultat positif s’est avéré chez l’un des gardes de sécurité du centre.

Elle assure que tous les travailleurs «qui ont été en contact avec cette personne» ont été placés en isolement préventif.

«Toutes les mesures ont été prises. Il n’y a pas d’inquiétude pour les détenus. Le garde de sécurité n’est pas entré en contact étroit avec eux. Aucun suivi spécifique n’a été demandé pour eux par la santé publique.» -Ashley Lemire, porte-parole de l’ASFC

SSF s’inquiète à Laval

L’organisme Solidarité sans frontières (SSF), lui, n’est pas de cet avis. «Des actions urgentes sont requises, tonne le groupe dans un communiqué. Seule une libération de tous les migrants détenus dans des centres de surveillance de l’immigration, des prisons provinciales et d’autres établissements, avec l’accès à un logement approprié et sécuritaire, peut prévenir un désastre de santé publique.»

Les cas de COVID-19 se multiplient depuis quelques semaines dans les prisons canadiennes et nord-américaines. SSF dénonce l’inaction d’Ottawa dans le contexte. Une vingtaine de personnes sont toujours détenues au CSI de Laval, selon les données de l’organisme, qui déplore que «des douzaines d’autres migrants soient encore détenus dans des prisons provinciales» au Canada.

Aucun dialogue n’aurait d’ailleurs été entamé avec Ottawa en date du 7 avril, si ce n’est que des mesures sanitaires supplémentaires qui ont été imposées.

«L’ASFC continue d’ignorer la sécurité des détenus et l’urgence de la situation. Et ce, en utilisant plutôt des audiences de révision des motifs de détention à un rythme légèrement accéléré. Mais parfaitement inadéquat.» – les membres de Solidarité sans frontières

Une mobilisation, une grève de la faim

Plusieurs prisonniers du CSI de Laval dénoncent depuis deux semaines le manque de dialogue avec les autorités fédérales. Ils disent faire l’objet d’un «haut risque de contamination» dans la foulée de la crise du coronavirus.

Dans une pétition à la mi-mars, les détenus ont réclamé leur libération pour mieux se protéger face à la pandémie.

«Nous vivons dans un espace restreint où tous les jours nous voyons l’arrivée de nouvelles personnes. Elles viennent d’un peu partout et n’ont passé ni de visite médicale, ni de dépistage», y lit-on.

Sans nouvelles du ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, les prisonniers de Laval ont même entamé une grève de la faim de huit jours, le 25 mars dernier.

Appelés à réagir à ce moment, les services frontaliers ont soutenu qu’ils surveillaient la situation de près. Les autorités ont toutefois ajouté qu’elles «ne peuvent contraindre un individu à s’alimenter, ni ordonner l’alimentation d’un détenu qui avait la capacité de comprendre les conséquences de son jeûne au moment où il a pris sa décision».

Réduire la population carcérale?

Dans les dernières semaines, plusieurs organismes ont sommé Ottawa de réduire la population carcérale dans les prisons.

«Les agents correctionnels peuvent facilement devenir des vecteurs de transmission. Les services de santé en prison ne sont pas outillés», affirme la porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL), Lucie Lemonde.

Idem pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que Human Rights Watch, qui s’inquiètent de la multiplication des cas de COVID-19 dans les prisons en Amérique du Nord. Ils estiment que la libération des prisonniers, avec accès à un logement sécuritaire, éviterait un «désastre de santé publique».

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