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Coronavirus: les maisons de chambres «oubliées» par la Santé publique

Bruno Ferrari est DG d'un organisme propriétaire de maisons de chambre dans Ville-Marie et Hochelaga-Maisonneuve.
Bruno Ferrari est DG d'un organisme propriétaire de maisons de chambre dans Ville-Marie et Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les maisons de chambres, un «angle mort» de la Santé publique? Des organismes chargés d’exploiter ces logements à bas prix s’inquiètent du manque de directives des autorités sanitaires.

Dans un des édifices de l’organisme Vilavi, de Montréal, un locataire a récemment contracté la COVID-19.

«Une maison de chambres, ça contient des petites unités. On partage les toilettes et les salles de bain», constate le directeur général de cet organisme sans but lucratif (OSBL), Bruno Ferrari.

Devant l’arrivée d’un premier cas dans ses unités du centre-ville, Vilavi a été obligé d’acheter une toilette à pompe, installée directement dans le logement de la personne infectée. Pas le choix non plus d’isoler le personne, laisse tomber M. Ferrari.

Directrice d’un autre organisme, Isabelle Leduc craint pour les populations vulnérables habitant souvent ces maisons.

«On accueille souvent des personnes avec des problèmes d’itinérance chronique, des personnes avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie… Dans toutes nos maisons, les locataires partagent des espaces communs. Ça rend le défi encore plus important dans le contexte», observe celle qui coordonne les activités de l’OSBL Chambreclerc.

Des consignes efficaces?

Depuis le début de la pandémie, Vilavi a pris l’initiative de désinfecter ses locaux, dont ceux qui ont pignon sur rue dans Hochelaga-Maisonneuve. Les consignes de la Direction régionale de la santé publique s’appliquent toutefois difficilement à la «réalité des maisons de chambres», selon M. Ferrari.

«La personne infectée chez nous, on a tout de suite compris qu’elle aurait dû être évacuée. On a fait la demande et on a n’a jamais réussi à l’obtenir», lance-t-il.

Isabelle Leduc voit les choses du même œil.

«Quand on a des gens qui partagent un espace commun, ça devient difficile de leur dire qu’ils ne peuvent pas se visiter entre eux», indique-t-elle.

«La directive, c’est qu’une personne qui a un logement doit s’isoler dans son logement. Les personnes en situation d’itinérance peuvent être redirigées vers l’hôpital Royal-Victoria. Mais une personne infectée en maison de chambre, il n’y a rien de prévu.» – Bruno Ferrari, directeur général de l’organisme Vilavi

M. Ferrari souligne qu’il a averti la Santé publique de cet «angle mort».

«Nos interlocuteurs l’ont reconnu du bout des lèvres», indique-t-il.

«Dernier rempart»

À l’organisme L’Anonyme, on craint que les maisons de chambres, «dernier rempart avant l’itinérance», n’aient pas la capacité d’accueillir une nouvelle clientèle cet été.

«Il y a toute cet incertitude, constate sa directrice générale, Sylvie Boivin. Il faut continuer à pousser pour que les maisons de chambres existent.»

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