Alexandre Taillefer à BIXI: une nomination qui crée des remous
La nomination de l’homme d’affaires Alexandre Taillefer comme président de BIXI Montréal est loin de faire l’unanimité alors que certains de ses échecs passés refont surface sur la toile.
Depuis que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en a fait l’annonce mercredi matin, l’arrivée de M. Taillefer à la tête du conseil d’administration de l’organisme qui gère le système de vélos en libre-service de la métropole a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.
«Faillite assurée», a lâché une internaute. «Ça sent la crevaison», a raillé un autre.
Être un employé de Bixi, je commencerais à me chercher un nouvel emploi tout de suite. Les dernières années d'Alexandre Taillefer avec des entreprises n'ont pas été de grosses victoires.#bixi
— David Beaulieu (@david_beaulieu) June 10, 2020
Échecs passés
Plusieurs internautes ont rappelé les déboires qu’ont connus certains des projets de l’associé principal du fonds XPND Capital dans les dernières années. M. Taillefer est notamment derrière l’aventure de Téo Taxi, qui a fait faillite l’an dernier. Pour faire avancer ce projet de taxis électriques, l’homme d’affaires avait pourtant récolté des dizaines de millions de dollars de la part de différentes institutions publiques, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Plus récemment, le mythique magazine Voir, fondé en 1986, a annoncé la fin de ses activités. En 2015, l’entreprise Mishmash Média, d’Alexandre Taillefer, en avait fait l’acquisition. Alors que le magazine peinait déjà à se tenir à flot depuis quelques années, la crise du coronavirus a signé son arrêt de mort la semaine dernière.
«Les contribuables ont déjà perdu des dizaines de millions de dollars dans les aventures de Taillefer. Le fait qu’il prenne la tête de BIXI n’augure rien de bon pour les Montréalais», laisse tomber à Métro le directeur pour le Québec de la Fédération canadienne des contribuables, Renaud Brossard.
La présidente de Vélo Québec, Suzanne Lareau, préfère toutefois donner la chance au coureur.
«M. Taillefer est un homme d’affaires et quand on se lance en affaires, il y a des choses qui fonctionnent bien et d’autres non […] Il a connu des succès aussi», souligne celle qui siège sur le conseil d’administration de BIXI depuis 2014.
Mme Lareau espère notamment que l’homme d’affaires saura trouver de nouveaux commanditaires pour aider l’organisme à conserver une saine situation financière malgré les répercussions de la crise du coronavirus.
Considérant que le tiers des revenus de BIXI proviennent des taxes payées par les contribuables montréalais, je suis certain qu'il se sentira comme chez-lui. #polmtlhttps://t.co/W0j9eZxys8
— Renaud Brossard (@renaudbrossard) June 10, 2020
Projets d’expansion
Mercredi, M. Taillefer a indiqué vouloir accélérer l’électrification de la flotte de vélos de l’organisme. Il a aussi affirmé vouloir étendre davantage le service dans le Grand Montréal, après le succès connu à Laval et à Longueuil.
«En temps que contribuable, de voir Alexandre Taillefer proposer de nouveaux projets pharaoniques avec l’argent public, ça me fait hérisser le poil», laisse tomber M. Brossard.
Le virage électrique de BIXI coûte d’ailleurs déjà très cher. En mai dernier, le conseil municipal a adopté un contrat de 17 M$ pour l’achat de 2150 vélos électriques pour l’organisme, qui accueillera 1000 d’entre eux dès cet été. À l’heure actuelle, BIXI compte 160 vélos à assistance électrique.
«Quand le déplacement moyen est de trois kilomètres, il faut se poser la question si on a besoin de beaucoup de vélos électriques», soulève d’ailleurs Mme Lareau, qui assure que cette question fera l’objet de discussions à BIXI, notamment pour des raisons financières.
Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, rappelle d’ailleurs que les décisions qui seront prises concernant l’avenir de BIXI ne reviendront pas à un seul individu.
«Alexandre Taillefer va proposer sa vision de BIXI et ce sera à la Ville et aux autres personnes impliquées à en juger de la valeur.»-Michel Leblanc, président de la CCMM
Pas de commentaires
Contacté par Métro, Alexandre Taillefer n’a pas voulu commenter les critiques à son égard.
«Je vais me familiariser avec BIXI dans les prochaines semaines et pourrai revenir sur ça. Pour l’instant je ne ferai pas d’autres commentaires», a-t-il indiqué par écrit.
Le cabinet de Mme Plante, pour sa part, n’entend pas faire marche arrière sur cette nomination.
«Nous lui faisons confiance pour poursuivre la croissance de notre fleuron montréalais», a indiqué son attachée de presse, Geneviève Jutras.
En devenant président de BIXI, Alexandre Taillefer vient remplacer Marie Elaine Farley, qui occupait ce poste depuis 2014.