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Organismes communautaires: la pandémie exacerbe l’épuisement professionnel

Les travailleurs communautaires rapportent une surcharge de travail physique et mentale. Photo: 123RF

L’épuisement professionnel chez les travailleurs communautaires est un enjeu bien connu des intervenantes des organismes communautaires de Mercier-Est qui estiment que la pandémie a exacerbé ce mal.

Une récente étude menée par l’UQAM révèle qu’un travailleur communautaire québécois sur cinq affirmaient vivre de l’épuisement professionnel avant la pandémie.

Ce chiffre n’étonne pas la directrice générale du Chez-Nous de Mercier-Est, Melda Saeedi. «C’est quelque chose de courant dans le milieu communautaire et qui a été accentué avec la pandémie», affirme-t-elle.

Depuis le mois de mars, le centre communautaire destiné aux personnes de plus de 55 ans du quartier n’a pas fermé une journée.

De plus, l’organisme a développé de nouveaux services, comme une offre de dépannage alimentaire. «Nos employés ont dû faire des choses qui ne faisaient pas avant ou qui ne relevaient pas d’eux», soutient Mme Saeedi.

Surcharge

Les travailleurs communautaires qui connaissent déjà une surcharge de travail «mentale et physique» dans leur milieu ont dû redoubler d’efforts dans les derniers mois, explique la directrice générale.

«Ils se mettent de l’avant pour aider les autres et souvent ils s’oublient là-dedans aussi, dit-elle. Ils réceptionnent toutes les angoisses vécues par les membres.»

Cette surcharge émotionnelle, la coordonnatrice du Centre Info-Femmes Anik Paradis la connait très bien.

Selon elle, cela est lié au sentiment d’impuissance que peuvent ressentir les employés, et qui s’est aggravé avec l’arrivée de la pandémie et du confinement.

«La détresse des gens est encore plus grande, donc notre sentiment d’impuissance grandit aussi, estime Mme Paradis. C’est comme si on avait une poche de lourdeur sur les épaules, mais on ne peut juste jamais la déposer.»

Petites équipes

Anik Paradis sait que le sentiment de culpabilité est souvent présent dans le milieu communautaire où les équipes sont réduites.

Par exemple, au Centre Info-Femme, il n’y a que deux travailleuses permanentes. «C’est très différent que de s’absenter d’une grosse boite avec 200 employés», dit-elle.

La coordinatrice pense que le fait que le travail est accompli par de petites équipes est directement lié au manque de financement de base à la mission des organismes communautaires. «Nous demandons une augmentation de ce financement depuis des années mais les gouvernements qui se succèdent n’ont toujours pas répondu positivement à nos demandes répétées», dénonce Mme Paradis.

«Sachant que les organismes communautaires font un travail de prévention, de soutien et d’accompagnement directement dans la communauté, ce n’est pas une « dépense » mais plutôt un investissement d’augmenter leur financement.» -Anik Paradis, coordonnatrice d’Info-Femmes

Solutions?

Bien conscientes de ces enjeux, Melda Saeedi et Anik Paradis disent travailler avec les employés en les référant vers des ressources de soutien ou en les incitant à prendre des vacances.

«Leur stress n’est pas toujours évoqué, donc on essaie de trouver des moments pour discuter avec eux sur ces enjeux là et les faire ressortir dans les rencontres d’équipes», émet Mme Saeedi.

Cependant, Anik Paradis estime que le télétravail isole davantage les travailleurs. «Il faut faire un exercice particulier pour s’assurer que tout le monde va bien, même si on ne se voit pas à tous les jours», ajoute-t-elle.

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