L’aide alimentaire reprend officiellement du service dans les écoles de Montréal
Menacées de perdre leur mesure d’aide alimentaire en pleine pandémie, quinze écoles du Centre de service scolaire de Montréal (CSSDM) ont obtenu le feu vert vendredi pour redémarrer le programme.
Les parents d’élèves de ces établissements ont reçu vendredi une lettre du CSSDM leur confirmant la nouvelle. Cette missive, que Métro a pu consulter, assure «la continuité des repas chauds à 1$» pour 2020-21.
Le gouvernement provincial avait déjà confirmé la reprise de l’aide alimentaire, mais n’avait toujours pas envoyé les subventions nécessaires au CSSDM.
C’est «dès le 5 octobre» que reprendra la distribution des repas chauds, confirme le centre de service. La rentrée à Montréal s’est faite dans la dernière semaine d’août.
Fin août, nous rapportions que certaines écoles perdraient cette année leur mesure d’aide alimentaire en raison de la modification de leur «indice de défavorisation». Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale avaient vivement dénoncé que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, ne change pas son fusil d’épaule le temps de la crise sanitaire.
Or, le ministre caquiste avait confirmé quelques jours plus tard qu’il reconduirait la mesure à toutes les écoles du réseau. Son attaché de presse, Francis Bouchard, indique aujourd’hui que «ce changement ne porte pas uniquement sur l’année en cours».
Dans sa lettre aux parents, le DG du CSSDM, Robert Gendron, laisse place à l’interprétation.
«En ce qui concerne les années à venir, nous poursuivrons le travail avec le ministère afin d’assurer la pérennité et l’accessibilité des services. Soyez assurés que nous continuerons de suivre ce dossier avec attention», peut-on lire.
Les écoles du CSSDM qui reprennent la mesure sont les suivantes: Marie-Rivier et annexe, Ludger-Duvernay, Saint-Benoît, Saint-Zotique, Marguerite-Bourgeoys, Charles-Lemoyne, Saint-Nom-de-Jésus, Maisonneuve, Saint-Anselme, Notre-Dame-de-l’Assomption, Saint-Grégoire-le-Grand, Georges-Vanier, Marguerite-De- Lajemmerais, Marie-Anne et La Dauversière.
Un système complexe
Dans la province, les centres de services scolaires reçoivent des fonds pour financer leurs programmes d’aide du midi. Auparavant, seules les écoles possédant un indice précis de défavorisation – fixé annuellement – avaient accès aux sommes provinciales.
Certaines écoles de quartiers gentrifiés pouvaient du jour au lendemain perdre le financement nécessaire au maintien de la mesure alimentaire.
L’an dernier, sous une pluie de critiques, Québec avait indiqué qu’il réévaluerait le système utilisé. Certaines écoles qui s’apprêtaient à perdre leur accès à l’aide avaient bénéficié d’un sursis pour 2019-20. En attendant, Québec s’engageait à revoir son système d’évaluation.
Enfin, disent les oppositions
À Québec, les groupes d’oppositions se disent soulagés du redémarrage, trois semaines après la rentrée. La porte-parole du Parti libéral (PLQ) en matière d’éducation, Marwah Rizqy, commençait à taper du pied cette semaine.
«Fin août, j’entendais le ministre Roberge confirmer que tout était réglé. Et hier, on reçoit le courriel de ce père qui dit que ce ne l’est pas sur le terrain», commente l’élue de Saint-Laurent.
Elle s’engage à faire un suivi serré dans les prochains mois pour améliorer le système l’aide alimentaire.
Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, se réjouit d’ailleurs de voir l’aide alimentaire réapparaître dans les quinze écoles mentionnées. Plusieurs d’entre elles ont pignon sur rue dans la circonscription de l’élu de Québec solidaire.
Mais M. Leduc commençait cette semaine «à perdre patience», convient-il. «C’était très, très vague. Ce n’est pas sans surprise qu’on ne savait toujours rien», dénonce-t-il.
«Même si l’argent arrivait demain matin dans les écoles, ça ne veut pas dire que la semaine prochaine, il va y avoir un repas chaud devant les élèves.» – Alexandre Leduc, député de Québec solidaire
La critique péquiste en éducation, Véronique Hivon, dénonce un «cafouillage» du ministère et de son principal porte-parole, M. Roberge.
«Les orientations du gouvernement doivent s’inscrire dans la durée. L’aide alimentaire, c’est une mesure très répandue dans l’OCDE et vue comme un facteur d’égalité des chances. Donc, je suis assez déçue de voir toujours la valse-hésitation du gouvernement», avance la députée de Joliette.